Les soluces (4/4) : Jetez le baby-foot
Créer et entretenir un collectif de travail soudé et efficace ne dépend pas de gadgets mais repose sur quelques valeurs. Spoiler : elles n'ont rien à voir ni avec le bureau ni avec la machine à café.
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On a vu, la semaine dernière, le troisième épisode du feuilleton pour bien aborder le futur du travail. Il était consacré à la manière de faire évoluer l’organisation du travail. Nous finissons la série cette semaine avec le quatrième épisode consacré au collectif de travail.
Lâcher prise dans l’organisation du travail suppose de la confiance et de l’autonomie pour que les salariés s’organisent eux-mêmes, plus facilement que dans une organisation pyramidale. C’est le principe de subsidiarité tel qu’appliqué chez Michelin par exemple. Mais, qu’en est-il du collectif de travail ?
L’entreprise n’est pas qu’une somme d’individus ; elle est aussi, en théorie, un groupe d’individus travaillant pour un but commun. Le contrat de travail lie chacun de ces individus qui s’engage, contre rémunération, à travailler sous la direction d’un employeur. Mais ce lien contractuel ne crée pas automatiquement une communauté au service d’un projet.
On a donc mis en place des fonctions de cadre, de contremaitre, de chef d’équipe ou de manager pour faire travailler ensemble, et donc plus efficacement, les salariés. La mission de cet encadrement a évolué progressivement de la surveillance au coaching, avec toutes les nuances possibles.
Il appartient donc à l’entreprise de créer les conditions pour que ce collectif de travail donne le meilleur de lui-même. D’autant que, l’expérience le prouve, la performance collective renforce aussi l’épanouissement individuel.
Idéalement, l’employeur s’emploie à mettre en place un cadre de travail stimulant, des conditions de travail favorisant les échanges entre salariés. L’imagination inépuisable des départements de ressources humaines s’attachant à faire le reste pour souder les équipes. Vous connaissez tous les stage de cohésion (heureusement, le saut à l’élastique est passé de mode), les baby-foot, les pots de départ, l’arbre de Noël, la qualité de la cantine (n’oubliez jamais que les mutineries démarrent en général à cause de la qualité de l’ordinaire), les prestations du comité d’entreprise ou la célèbre machine à café.
Or, malgré tous les efforts des dirigeants, l’entreprise n’est pas toujours ce lieu irénique de relations entre collègues.
D’abord à cause de l’organisation interne, nous l’avons vu dans le précédent épisode. Une hiérarchie trop pesante, des silos créant de la rivalité plutôt que de la collaboration, bloquent la communication. Des managers adeptes du micro-management, voire du harcèlement, ou simplement mal formés, mettent une pression inutile sur les collaborateurs ou entretiennent de mauvaises ambiances.
Même sans tomber dans ces situations extrêmes, le collectif de travail est souvent survendu. Ce n’est pas parce qu’on partage un verre et des chips molles avec des voisins de bureau qu’on est leurs amis. Quant à la machine à café, c’est le lieu préféré pour… taper sur la politique de l’entreprise, sur les décisions de son manager ou sur les collègues.
Mais alors, on fait quoi ?
Je ne vais pas donner ici de recettes pour améliorer un collectif d’entreprise, Google vous en donnera, autant que de recettes pour une blanquette de veau. J’aime beaucoup les 5 recettes de teambuilding inspirées du scoutisme ou l’Atelier cuisine au travail.
En revanche, voici quelques pistes pour souder un véritable collectif au service de la mission de l’entreprise.
Contrairement à un dogme à la vie dure, un collectif soudé ne passe pas automatiquement par la présence au bureau. Le bureau n’est aujourd’hui qu’un des lieux de travail possible comme le résume l’acronyme ATAWAD, AnyTime, AnyWhere, AnyDevice. Je ne dis pas que c’est facile à gérer, je dis que c’est un fait imposé par la technologie et banalisé par la Covid.
Un collectif de travail, c’est important et probablement indispensable à la plupart de ceux qui travaillent. La preuve : les freelances qui ont fait le choix de l’entrepreneuriat et de l’indépendance se regroupent en collectifs. La différence c’est que, dans ce cas-là, la démarche collective est choisie.
Le travail au bureau ne créera donc pas automatiquement un collectif autour de la machine à café (et du baby foot), efficace et productif. Au pire, cela formera un groupe d’individus maintenus au même endroit.
La création d’un collectif efficace est la conséquence d’un choix de la direction générale. “Un escalier se balaye en commençant par le haut “ répétait Octave Gélinier, président de la Cegos.
Pour créer un bon collectif de travail, il faut être conscient de ce qui en constitue le cœur, l’essentiel, les principes. Cela constitue la base de la culture de l’entreprise. Les outils et les gadgets viendront ensuite pour la mise en œuvre.
L’entreprise vend des services ou des produits : comment choisit-elle de le faire ? Quelles valeurs souhaite-t-elle promouvoir ? Je ne parle pas des fausses valeurs, de slogans pondus par des consultants et affichés dans les couloirs. Si elle a par exemple conscience que la bienveillance, la considération et le respect entre collègues, que l’attention portée à la qualité du travail ou à la satisfaction des clients sont primordiales, la santé du collectif s’en ressentira.
C’est l’esprit des politiques RSE ou des entreprises à mission. En amont de ces démarches volontaristes, une prise de conscience et des convictions sont indispensables. Ainsi que clarifier la différence entre le “je” et le “nous”.
Un exemple pour finir. Dans l’armée, organisation de travail connue pour son poids hiérarchique, le facteur humain est primordial pour souder le collectif de travail. Un officier qui se soucie de ses hommes (on dirait “collaborateurs” dans une entreprise), de leur bien-être et de leur sécurité, obtiendra plus facilement leur confiance et des résultats. C’est important car chez les militaires on ne joue pas avec des allumettes : l’engagement se paye en vies humaines. En entreprise, parfois aussi.
Je n’ai rien contre les baby foot, quel que soit le cadre : des petits bonhommes, reliés entre eux, qui font barrage aux adversaires ou poussent leur stratégie. Cela dépend de où on le place, et pourquoi.
🟥 Retrouvez les épisodes précédents du feuilleton :
Épisode N° 1 : la stratégie du roseau
Épisode N° 2 : Travailler dans un bureau moche éclairé au néon ?
Épisode N° 3 : L’entreprise en mode yoga
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Tous au bistrot
Vous connaissez peut-être Ray Oldenburg, le sociologue théoricien des tiers-lieux. Il avait coutume de dire que pour lui les modèles de tiers-lieux étaient les bistrots français et italiens.
Les bistrots de pays sont probablement les continuateurs en milieu rural de ces “espaces de socialisation”. À la fois cafés, bars, restaurants et souvent lieux d’animations culturelles, épiceries et multiservices.
La fédération des bistrots de pays vient de publier le premier guide national qui regroupe les 122 adresses de bonnes tables et de comptoirs conviviaux (gratuit, 9€ de frais de port). La fédération lance également un appel à candidature pour labelliser de nouveaux bistrots.
🎓 Le télétravail donne des hémorroïdes
Ce n’est pas une affirmation de patron mais un commentaire de médecin : si vous restez assis du matin au soir sans bouger, vous finirez par avoir des douleurs aux cervicales, dans le dos, ou aux poignets. Et, peut-être aussi, des hémorroïdes.
👍 Same player shoots again
Et si l’échec était enfin acceptable ? Certaines entreprises engagent des politiques d’accompagnement de l’échec, de soutien du “droit à l’erreur” ou créent des associations d’aide à la 2e chance.
😇 Top qualité
Le Home Index permet de noter un produit de A (la meilleure note) à E (la moins bonne) en fonction de ses performances environnementales et sociales.
🤡 Bureaux sympas
Les entreprises qui adoptent des conceptions d'espaces de travail flexibles constatent des améliorations significatives non seulement en matière de productivité mais aussi en termes de dynamisme et d'innovation.
🚗 Faut suivre
Face à une demande mondiale de véhicules électriques moins forte que prévue, l'industrie automobile est contrainte de revoir ses stratégies et prévisions. On reprend notre diesel pour aller au bureau ?
🍨 Vive la France
La Communale à Saint-Ouen est le plus grand food court d'Île-de-France situé dans une ancienne halle d'Alstom de 7500m2. Cette grande halle est dédiée à la restauration et propose également une programmation culturelle et festive.
🏠 Mini tiny house
Elle a tout d’une grande, mais en petit : la première Noisette (c’est son nom) vient de sortir. Un bureau d’appoint, une cabane au fond du jardin, en bois et matériaux recyclés sans permis de construire ni autorisation.
Vite dit
Le Low-tech Lab référence les intiatives low-tech dans le monde 🌀 Bientôt la fin des plateformes numériques ? 🌀 À propos de captation de valeur par la tech : le cas de la presse 🌀 Cela vous parle la workation ? 🌀 Cela va mal aussi pour les algorithmes.
Saviez-vous que Bob Marley avait donné une interview en France à l’occasion de sa venue à Paris pour un concert en 1977. À retrouver dans ce petit documentaire pépite.
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