Les soluces (2/4) : travailler dans un bureau moche éclairé au néon ?
Le télétravail n'est pas l'ennemi du bureau. Celui-ci est un élément de l'organisation du travail, mais il n'est plus le seul. Comment lui rendre son attrait dans un dispositif hybride.
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La semaine dernière nous avons vu que l’incertitude et les polycrises nous imposent l’humilité et la souplesse pour affronter l’organisation du travail dans le futur. Et que la préparation de l’avenir repose sur un changement de modèle mental, cher à Philippe Silberzahn, autour de trois thèmes : le lieu de travail, l’organisation du travail et le collectif au travail.
Le sujet du bureau dépasse de loin l’opposition artificielle entre télétravail et travail présentiel. Cela fait longtemps que le problème est moins binaire que cela.
Pourtant, on constate une crispation autour de l’usage des bureaux… qui se vident.
À la fin de 2023, l'Île-de-France connaît un pic historique avec un stock de bureaux immédiats dépassant les 4 millions de m², enregistrant un taux de vacance proche de 8%. À Londres, les analystes de la banques Jefferies estiment le taux d'inoccupation à 7 % dans le West End, à 10 % dans la City et à plus de 20 % dans le quartier d’affaires de Canary Wharf. Geo estimait même que les immeubles de bureaux vides représentaient une bombe à retardement pour l'économie mondiale.
Mais pas partout : le locatif dans le quartier de l’Opéra à Paris est plein à 100%. Les différences entre centre-ville et périphérie sont patentes. Qui a envie de travailler dans un bureau moche éclairé au néon dans une tour de banlieue après avoir pendulé pendant deux heures ?
On le constate : les injonctions de retour au bureau de la aprt de l’entreprise se heurtent à la réalité sociologique : les salariés veulent plus de souplesse dans le choix de leur lieu de travail (voir les chiffres de l’étude Slack / OpinionWay).
Ces attentes nouvelles, les dirigeants d’entreprise semblent avoir du mal à les intégrer.
Selon une enquête récente d'Atlassian, menée auprès des dirigeants du classement Fortune 500, ils sont 91 % à avoir mis en place une politique de retour au bureau. Il semble pourtant que beaucoup d’entre eux savent déjà que ces politiques ne sont pas la solution : seul un des ces dirigeants interrogés sur trois pense qu’elle a eu un effet positif sur la productivité.
Bureau as a service ?
On ne comprend pas trop ces grandes peurs : peur de perte de productivité et de créativité chez les salariés, peur d’une baisse de l’innovation ou encore peur de l’éclatement du collectif de travail ? Est-ce une excuse à l’immobilisme ?
Ces peurs s’ancrent-elles dans la réalité ? Non, de nombreuses études le montrent. Mais surmonter ces peurs est un défi, oui certainement.
L’environnement de travail est aujourd’hui très large, les outils le permettent. Le domicile, le train, le café, des lieux de l’entreprise ou des tiers-lieux, des espaces de coworking ou des bureaux partagés : le centre est partout et la périphérie nulle part.
Le défi est donc de repenser les bureaux comme l’un des éléments de la variété de lieux de travail et non plus comme l’unique espace de travail.
Quelle valeur propre attribuer au bureau dans cette alternance de séquences de travail ? Le bureau est un repère de l’identité et de la culture de l’entreprise. Mais pas besoin de forcément le fréquenter tous les jours.
Le bureau doit être une sorte de hub adapté à toutes les phases du travail : personnel ou en équipe. Il doit aussi être un lieu de formation, de repos et de convivialité, un espace dédié à des échanges informels, un lieu d’accueil des clients ou des parties prenantes de l’entreprise, comme les freelances par exemple. C’est aussi un lieu où les salariés peuvent trouver tous les services - de qualité - utiles à leur travail comme un service informatique pour la réparation et le conseil.
Une dernière chose.
Cette organisation des lieux de travail, dont le bureau est l’un des éléments, n’est pas réservée à des cadres nomades. Elle doit être repensé pour tous, y compris pour les non télétravailleurs ou les télétravailleurs occasionnels. L’une des préoccupations doit être de faciliter la vie de ces salariés grâce à des horaires flexibles et à une diminution des trajets domicile-travail, grâce à la semaine de quatre jours, pourquoi pas, ou au regroupement dans une même journée des tâches télétravaillables.
Ce n’est pas pour autant qu’il faut jeter à la poubelle vos armoires en métal gris, vos tiroirs-classeurs et vos téléphones en bakélite noire : le style vintage industriel est à la mode, y compris au domicile de vos salariés.
La semaine prochaine, 3e épisode du feuilleton : comment repenser l’organisation de travail.
Épisode N° 1 : la stratégie du roseau
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🫤 Je m’ennuie au bureau
C’est un sujet tabou. Les salariés concernés par l’ennui préfèrent finalement réfréner et intérioriser leurs émotions plutôt que de les exprimer. Ce temps de rêverie semble ne pas avoir sa place dans des environnements compétitifs.
😇 Tiers-lieux et société régénérative
Quelle place pour les tiers-lieux dans la bataille en faveur d’une société plus sobre ? Des services publics de réparation ou des catalyseurs d’un changement de culture de la consommation ?
😱 Pas de quoi se vanter !
La France, un des pays au monde où le télétravail est le moins répandu : en moyenne 0,6 jour/semaine, sous le score mondial moyen de 0,9. Le Canada est en tête avec 1,7 jour/semaine.
😎 La semaine de deux jours ?
L’année 2024 n’est pas “une année de patron” avec ses ponts à répétition. Voilà la recette pour partir 44 jours en vacances cette année en posant seulement 15 jours de congés.
👋 Trop de la balle !
L'entreprise Intelcia, dans le Loiret, a mené une étude auprès de ses salariés sur l'impact du télétravail : deux jours de télétravail par semaine permettent d'économiser un peu plus de 1 500 euros à l'année.
🫨 Mon coeur balance
Travail hybride ou full remote ? Trois entreprises témoignent. Spoiler : ces témoignages démontrent que l’organisation du travail est fortement liée à la culture d’entreprise.
🤡 J’te cause pas
Une nouvelle tendance se dessine : la montée en puissance des PDG introvertis. Un succès qui montre qu’il est nécessaire de repenser la définition d’un leadership efficace.
Le travail n’est plus un lieu
Depuis la fin du XXe siècle, le travail connait une mutation majeure : il est de moins en moins un lieu. Ses activités se fragmentent, son organisation devient temporelle, liée à un “management digital “.
Un article de François-Xavier de Vaujany, professeur en sciences des organisations à l'Université Paris Dauphine - PSL, chercheur au laboratoire DRM.
🟥 Lire Quand le travail n'est plus un lieu : organiser des temporalités multiples
Vite dit
La fabrication numérique, c’est l’avenir 🌀 Après la taxe sur les réveillons, la Sacem envisage une taxe sur les musiques d’enterrement ! 🌀 Qui sont les publics des boîtes à livres ? 🌀 L’Afpa transforme ses centres en “villages Afpa”, des sortes de tirs-lieux 🌀 Vous connaissez l’arnaque de la “cheapflation” ? 🌀 Faites gaffe à votre planche à repasser en télétravail !
À quoi ressemblaient les campagnes françaises dans les années 60 ? L’INA publie un diaporama de nos campagnes à l’époque : scènes d’ouvriers agricoles à l’ouvrage, vie à la ferme, paysages ruraux, les clichés ci-dessous rendent comptes de ces mutations profondes de la campagne française dans les années 60.
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