Les soluces (1/4) : la stratégie du roseau
Le monde du travail est bouleversé et illisible. Que faire ? Nous allons essayer d'y répondre en quatre épisodes : la flexibilité, puis le lieu, et l'organisation, et enfin, le collectif.
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Je suis Xavier de Mazenod. Je vous envoie chaque jeudi, dans votre boîte mail, des idées et des trouvailles pour comprendre ce que nous réserve le futur du travail et vous aider à travailler mieux et vivre mieux.
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“Si vous pensez que l’aventure est dangereuse, essayez la routine… elle est mortelle” écrivait Paulo Coelho. Je sais, on dirait une maxime trouvée dans l’un de ces billets new-age et bien-être qui pullulent sur Linkedin, et, pour ma part, reçue sur carte de vœux. Cette citation résume parfaitement le sujet de la première partie de ce feuilleton en quatre parties dont voici l’épisode cette semaine : Que faire face aux changements qui bousculent le monde du travail et rendent l’avenir illisible ?
Auparavant, c’était, semble-t-il, facile de prévoir l’avenir. Il ressemblait au présent. Mais, depuis la Covid, les crises s’amoncellent comme les cumulo-nimbus dans un ciel d’orage.
Qui avait anticipé la Covid ? Personne sauf quelques épidémiologistes qui essayaient de nous prévenir des risques depuis l’apparition de H1N1 en 2005. La mobilisation avait abouti, en 2009, à une obligation pour chaque entreprise de monter un Plan de prévention. Prévention vite oubliée. À noter que ce plan prévoyait, dans un petit coin, le recours au télétravail. Mais quand la Covid fut venue, tout le monde, ou presque, fut pris au dépourvu avec le télétravail.
Les nouveaux variants de la Covid ne sont plus très virulents. Mais si une autre pandémie surgissait, nous ferions quoi ?
Comme un malheur n’arrive jamais seul, l’invasion russe en Ukraine a remis en lumière les risques de guerre sur notre continent. Sans compter les guerres plus ou moins larvées en Arménie, en Israël, en mer Rouge, en Afrique, et les prurits impérialistes divers et variés. Comme ceux de la Chine avec Taïwan. De quoi bouleverser une économie mondialisée.
Parlons-en de Taïwan justement. On sait que l’île est le principal producteur mondial de puces électroniques, un quasi-monopole. Des puces que l’on retrouve absolument partout dans notre vie : voitures, satellites, réfrigérateurs, téléphones, missiles, ordinateurs, machines à laver, drones et data centers.
On sait moins que Taïwan est située sur une faille sismique et qu’elle enregistre 15 000 secousses par an ! Que se passera-t-il si un tremblement de terre plus important paralyse la production de puces ?
Last but not the least, n’oublions pas le dérèglement climatique. Difficile de ne pas observer ses effets tempétueux, violents, glaçants et assez imprévisibles. Et que dire du fonctionnement de nos économies qui repose sur l’exploitation de matières premières limitées. Quand prendra-t-on en compte cette finitude ?
Le Rapport sur les risques mondiaux 2024 du World Economic Forum explore certains des risques les plus graves auxquels nous pourrions être confrontés au cours de la prochaine décennie. Bien anxiogène tout cela. Surtout si on est conscient que nous avons peu de prise sur ces événements :
Vous avez saisi l’idée : nous sommes face à un monde instable, un monde VUCA (volatil, incertain, complexe, ambigu), selon l’acronyme célèbre créé par l’armée américaine dans les années 80. Ou, plus précisément, un monde BANI pour fragile (Brittle), Anxieux, Non Linéaire et Incompréhensible, acronyme proposé par le futuriste américain Jamais Cascio.
Et moi ? Je fais comment ?
Ce contexte de polycrise vulgarisé par Edgar Morin n’est pas nouveau : les crises se sont toujours chevauchées dans l’Histoire. Nous sommes tous dans la chaudron : salarié, freelance, cadre ou dirigeant d’entreprise, chômeur ou retraité.
Combien d’entreprises en sont encore à essayer de gérer le travail hybride quatre ans après la pandémie de Covid ? Le problème n’est pas de négocier le nombre de jours de télétravail, ni d’ergoter sur la semaine de 4 jours. Ni même de se prendre la tête pour faire revenir les salariés au bureau. Quand on pense que certains en sont encore à se demander si les salariés peuvent télétravailler en cas d’intempérie !
Certes, tout le monde n’avance pas à la même vitesse dans la réflexion sur le futur du travail. Chacun fait ce qu’il peut, il est inutile de culpabiliser les plus lents ni les plus sourds aux évolutions. On ne peut pas demander à un micro-entrepreneur ou à une multinationale de comprendre son environnement et de s’adapter aux changements à la même vitesse.
L’enjeu est de tout prendre en compte en même temps : adaptation, souplesse, agilité, résilience.
Pour revenir à la question : Que faire ? Ne soyez plus chêne, adoptez la stratégie du roseau.
Concilier la nécessité de rentabilité de l’entreprise avec la demande d’épanouissement dans le travail ; le besoin collectif de l’entreprise avec les attentes individuelles tout en restant assez souple pour affronter les crises qui menacent : voilà l’enjeu.
Dans les trois prochaines newsletters, je déclinerai cette réflexion selon les trois thèmes qui me paraissent les plus importants :
le lieu où l’on travaille
la manière dont on organise le travail
comment faire vivre le collectif dans le travail.
🟥 La semaine prochaine, 2e épisode du feuilleton : Le lieu, l’espace et l’endroit de travail sont flexibles
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🫤 IA Power
Microsoft a publié son rapport annuel 2023 sur l'avenir du travail. On n’y parle plus de travail à distance, mais d'IA. Va-t-on subir l’intelligence artificielle ou la mettre à notre service ? Microsoft a choisi.
😳 Monde d’avant
New York a mieux réussi à ramener ses employés au bureau que d’autres grandes villes américaines, notamment San Francisco. On ne se moque pas.
🤔 La France du SMIC
Un débat intéressant sur Arte, réalisé avant qu’il soit mis à la mode par le Premier ministre : la part des salariés du privé payés au SMIC n’a jamais été aussi forte ; et concernerait plus de trois millions de personnes en 2023.
🚜 Crise des agriculteurs
C’est court est bien résumé : les responsables de la crise des agriculteurs ne sont ni l’UE, ni les gouvernements français, ni les supermarchés, (note de l’éditeur : un peu si, quand même) : c’est nous tous les consommateurs.
🛖 La cabane au fond du jardin
Dostoïevski écrivait qu’on pouvait juger une civilisation à la qualité de ses prisons. Pour d’autres c’est à la qualité de ses toilettes. Vous pouvez aussi vous pencher sur l’histoire de ces commodités. Au bureau, ça va, c’est bien équipé ?
🎉 Pas question le vendredi
Télétravailler le vendredi ? Hors de question, c’est le jour le plus sympa pour aller au bureau. C’est à moitié vide, “on déconne” et on se fait des déjeuners improvisés. Trop bien.
👮 Tu ne fliqueras point tes salariés
La CNIL a sanctionné Amazon France logistique d’une amende de 32 M€ pour avoir mis en place un système extrêmement intrusif de surveillance de l’activité et des performances des salariés.
Préjugés sur les jeunes au travail
Le think tank Terra Nova et l’Apec ont mené conjointement une étude auprès de 5000 actifs dont 3000 jeunes de moins de 30 ans. Loin des stéréotypes, il ressort de cette enquête que les jeunes actifs sont engagés et motivés par leur évolution professionnelle. Tout autant investis dans leur travail que leurs aînés, ils formulent les mêmes attentes envers le travail que les plus âgés : la rémunération, l’intérêt des missions, et l’équilibre de vie.
Voir aussi ces 12 idées reçues sur le rapport des jeunes au travail et à l’entreprise.
Vite dit
Votre life wear au travail 🌀 Un chatbot IA qui jure et critique son entreprise 🌀 Exercices et étirements pour soulager le mal de dos 🌀 Demain, on recyclera la ville 🌀 Tu as une Peugeot, ChatGPT te fera bientôt la conversation sur la route.
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