Présence vs distance c'est la question centrale dans la formation d'aujourd'hui comme dans le travail. E-learning ou télétravail exigent d'alterner présence et distance.
Mon expérience personnelle: ce qui est vraiment la mort de l’innovation en formation sur le blended, l’enseignement inversé et tutti quanti c’est surtout que cela demande un travail de folie à l’enseignant et que cela n’est pas rémunéré. Avec des collègues enseignants on a évalué ça à 2 x le travail normal minimum. Sur la classe inversée en auto apprentissage quand je faisais faire des blogs aux élèves en les notant, cela me coûtait au moins 15 jours homme de correction de copies par an. J'ai fini par réduire le nombre de billets de 6 à ... 3 tant j'étais épuisé. Inutile de dire que mon successeur s'est empressé de tout supprimer : le blended, l'enseignement inversé le blog et tout le reste. Bref, tout ce qui demande du travail.
Et même si c’était rémunéré… c'est trop lourd. Bref, une fausse bonne idée.
D'autant plus que l'école elle, n'est pas rémunérée plus pour autant.
Après, pour l’enseignement à distance, c’est une question d’automotivation. Le téléphone sonne, et le boulot appelle. Il n’y a que les moines dans les cellules cisterciennes qui peuvent aller au bout. Monter un cours est très complexe et très lourd, l'enseignant qui crée un cours a besoin de 10 h pour 1 h la première fois. Ce n'est qu'une fois rodé que le cours fini par être rentable.
La technologie n'a rien changé au business model si ce n'est de mettre les prix au plancher.
N'attends donc pas des merveilles d'innovation pour ce prix-là ce sera de l'autowebinaire.
Et même ça, un autowebinaire est facile à faire seul, mais dès qu'on fait un cours à plus d'un intervenant c'est un casse tête. Et la technique est très importante et limitative (fond vert/montages etc.) Bref, tout le monde n'est pas YouTuber et ceux qui le sont ont aussi d'autres choses à faire.
Ce que tu décris, en format classique ou en classe inversée, c'est une configuration "one to many" : un enseignant vers des élèves ou des étudiants.
Or, dans les MOOCs connectivistes, on s'appuie justement sur la communauté des participants pour l'enseignement via des activités ou du soutien partagé.
C'est le principe de l'école mutuelle du XIXe siècle dans laquelle l'enseignant n'était qu'un animateur des élèves qui enseignaient leurs camarades. Avec des classes dans lesquelles les élèves pouvaient donc être plus nombreux.
Ces pédagogies fonctionnent très bien aussi dans des domaines plus favorables à l'innovation comme l'informatique. La pédagogie d'Epita/Epitech puis de l'école 42 reprend cette logique : zéro prof, juste une communauté d'élèves à qui on apprend à apprendre collectivement.
Oui je connais cette théorie zéro prof. Je suis suspect, non pour des raisons de job protection mais car les élèves — j'en ai formé des milliers — sont demandeurs de l'expérience d'un enseignant/intervenant (encore mieux car praticien). Entre eux, s'ils sont naturellement bons et apprennent seuls, tout va bien, sinon ils ont vite tendance à s'entraîner mutuellement en répétant les mêmes erreurs. Sur l'enseignement technique OK, c'est différent sans doute — quoique — mais pour ma matière, et même si je suis largement pour l'auto découvert et le collaboratif, je pense que cela n'est un complément et ne peut remplacer le cours. Mon expérience (20 ans maintenant) m'a fait revoir mes théories. Je pense qu'il y a beaucoup (trop) de ces théories fumeuses.
Après, et c'est une autre chose, le point le plus crucial est que je pense qu'il faut accentuer l'apprentissage en entreprise, et d'autre part inverser le plus possible la formation pour qu'elle arrive après le stage voire même plusieurs années dans le job et non l'inverse. A la manière du "Lehre" allemand. IMHO
Intéressant et provocateur (power to the people!)
Mon expérience personnelle: ce qui est vraiment la mort de l’innovation en formation sur le blended, l’enseignement inversé et tutti quanti c’est surtout que cela demande un travail de folie à l’enseignant et que cela n’est pas rémunéré. Avec des collègues enseignants on a évalué ça à 2 x le travail normal minimum. Sur la classe inversée en auto apprentissage quand je faisais faire des blogs aux élèves en les notant, cela me coûtait au moins 15 jours homme de correction de copies par an. J'ai fini par réduire le nombre de billets de 6 à ... 3 tant j'étais épuisé. Inutile de dire que mon successeur s'est empressé de tout supprimer : le blended, l'enseignement inversé le blog et tout le reste. Bref, tout ce qui demande du travail.
Et même si c’était rémunéré… c'est trop lourd. Bref, une fausse bonne idée.
D'autant plus que l'école elle, n'est pas rémunérée plus pour autant.
Après, pour l’enseignement à distance, c’est une question d’automotivation. Le téléphone sonne, et le boulot appelle. Il n’y a que les moines dans les cellules cisterciennes qui peuvent aller au bout. Monter un cours est très complexe et très lourd, l'enseignant qui crée un cours a besoin de 10 h pour 1 h la première fois. Ce n'est qu'une fois rodé que le cours fini par être rentable.
La technologie n'a rien changé au business model si ce n'est de mettre les prix au plancher.
N'attends donc pas des merveilles d'innovation pour ce prix-là ce sera de l'autowebinaire.
Et même ça, un autowebinaire est facile à faire seul, mais dès qu'on fait un cours à plus d'un intervenant c'est un casse tête. Et la technique est très importante et limitative (fond vert/montages etc.) Bref, tout le monde n'est pas YouTuber et ceux qui le sont ont aussi d'autres choses à faire.
Merci pour ce témoignage détaillé.
Ce que tu décris, en format classique ou en classe inversée, c'est une configuration "one to many" : un enseignant vers des élèves ou des étudiants.
Or, dans les MOOCs connectivistes, on s'appuie justement sur la communauté des participants pour l'enseignement via des activités ou du soutien partagé.
C'est le principe de l'école mutuelle du XIXe siècle dans laquelle l'enseignant n'était qu'un animateur des élèves qui enseignaient leurs camarades. Avec des classes dans lesquelles les élèves pouvaient donc être plus nombreux.
Ces pédagogies fonctionnent très bien aussi dans des domaines plus favorables à l'innovation comme l'informatique. La pédagogie d'Epita/Epitech puis de l'école 42 reprend cette logique : zéro prof, juste une communauté d'élèves à qui on apprend à apprendre collectivement.
Voir : https://bit.ly/3dqNnuY
Oui je connais cette théorie zéro prof. Je suis suspect, non pour des raisons de job protection mais car les élèves — j'en ai formé des milliers — sont demandeurs de l'expérience d'un enseignant/intervenant (encore mieux car praticien). Entre eux, s'ils sont naturellement bons et apprennent seuls, tout va bien, sinon ils ont vite tendance à s'entraîner mutuellement en répétant les mêmes erreurs. Sur l'enseignement technique OK, c'est différent sans doute — quoique — mais pour ma matière, et même si je suis largement pour l'auto découvert et le collaboratif, je pense que cela n'est un complément et ne peut remplacer le cours. Mon expérience (20 ans maintenant) m'a fait revoir mes théories. Je pense qu'il y a beaucoup (trop) de ces théories fumeuses.
Après, et c'est une autre chose, le point le plus crucial est que je pense qu'il faut accentuer l'apprentissage en entreprise, et d'autre part inverser le plus possible la formation pour qu'elle arrive après le stage voire même plusieurs années dans le job et non l'inverse. A la manière du "Lehre" allemand. IMHO