Bienvenue dans cette édition de la newsletter de Zevillage 🙏. Comme chaque jeudi, je partage avec vous une analyse à propos de l’évolution du travail et une sélection de notre veille pour vous donner envie et vous aider à vous engager dans la transformation du travail.
Xavier de Mazenod
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La formation à distance ne marche pas, vraiment ?
Un article de la revue Science publié par Justin Reich et José A. Ruipérez-Valiente (version anglaise en PDF) montre que le soufflé des MOOC est retombé après l’engouement lors de leur irruption dans le monde de l’éducation en 2012. Ces Massive Open Online Courses, des cours en ligne ouverts à tous, devaient révolutionner l’enseignement supérieur.
L’article de Science observe, qu’au bout de quelques années, cette pratique de la formation à distance a connu un succès mitigé. Les MOOCs devaient être accessibles aux étudiants du monde entier. Ils n’ont été, en réalité, suivi que par des étudiants de pays riches. Le taux d’achèvement des cursus serait très faible chez les participants à titre gratuit (de 10 à 15 %) et on noterait un taux d’abandon important chez les étudiants après la 1ère année.
La révolution des MOOCs a probablement été surévaluée. Mais la critique des MOOCs révélée par cette étude publiée par Science semble assez biaisée.
Tout d’abord, les données utilisées pour l’étude ont été fournies par l'université de Harvard et par le Massachusetts Institute of Technology (MIT) via la plateforme edX et ne reposent que sur 15 MOOCs universitaires. Or le phénomène de ces cours à distance dépasse largement le monde universitaire. Les établissements d’enseignement n’ont pas le monopole des MOOCs, de nombreux secteurs d’activité les utilisent. Zevillage, par eemple, à lancé le sien sur le Travail flexible en 2016.
Le taux d’achèvement de ces cursus en ligne est faible. Mais le nombre de ceux qui terminent les MOOCs avec succès est largement à celui des étudiants qui suivent le même cours en présentiel dans les université.
Quel rapport avec le télétravail ?
Le problème du taux d’achèvement faible est largement constaté par les éditeurs de MOOCs. La raison de l’assiduité plus faible résulte de la moindre implication des participants qui suivent la formation à distance, chacun de leur côté.
C’est pour cela que les “MOOC connectivistes” (les C-MOOCs dans le jargon pédagogique), des formations dans lesquelles les interactions sont encouragées entre apprenants, connaissent des taux d’achèvement plus élevé. On n’est plus seul devant son écran.
Comme pour le travail, l’interaction entre apprenants est indispensable pour mieux apprendre et pour s’encourager mutuellement.
Et là se repose le problème de la distance.
Dans la formation, on a inventé le blended learning, l’apprentissage mixte, en partie à distance et en partie avec des moments de regroupements présentiels. On parle aussi d’apprentissage hybride. Hybride, comme pour le travail, l’adjectif à la mode depuis un an.
Dans le travail, cela se traduit par un télétravail alterné avec des temps de présence au bureau.Un travail hybride qui oblige à repenser l’usage du bureau et la manière de gérer ses collaborateurs.
Ce n’est pas l’apprentissage ou le travail distants qui sont le problème. C’est la manière de les gérer.
Des outils pour les femmes et par les femmes
Connaissez-vous l’Atelier paysan ? Une coopérative qui accompagne les agriculteurs dans la conception et la fabrication d’outils pour leur activité en agro-écologie. Souvent des “niches” de l’agriculture trop petites pour intéresser les industriels. Je les avais rencontrés alors qu’ils s’appelaient encore Adabio (article en PDF).
L’Atelier paysan accueille en Bretagne des femmes participants à un projet de conception, formation et réalisation d’outils adaptés à leur morphologie et leurs activités. En effet, les outils du marché sont souvent trop lourds et trop gros à utiliser pour des femmes.
Le coin pratique
La plateforme CoopteunCV facilite le recrutement pour les entreprises (ou la mobilité interne) en favorisant la cooptation de candidats par les salariés. Un système de points permet aux salariés coopteurs de recevoir une prime ou des tickets cadeaux. Petite originalité, la plateforme a aussi développé un outil de covoiturage pour les collaborateurs.
Vite dit
🕺🏻 Que du bonheur
La DRH d'Isoskèle (groupe La Poste) plaide pour l’avènement dans les organisations d’un «responsable du bonheur» capable de remettre “de l’émotion dans l’expérience collaborateur”. Personnellement j’adore les morceaux d’émotion dans mon expérience collaborateur. Mais si vous vous méfiez des Chief Happiness Officers, adoptez plutôt une playlist du bonheur.
👩💻 Je ne suis pas malade, je suis enceinte
Malgré les dispositifs pour réduire les inégalités femmes-hommes, les discriminations du monde du travail envers les femmes enceintes persistent. Une tribune qui positive les choses.
🔗 Connectons-nous
La connectarchie est un principe d’organisation qui émerge spontanément de la production, du repérage, du classement et du traitement des informations de toutes les personnes connectées sur internet. Un moyen de contourner les hiérarchies qui bloquent.
✏️ C’est pas un boulot
Jean-Philippe Calvez n’est pas journaliste mais il couvre la vie de sa commune pour Ouest-France. Correspondant de presse depuis deux décennies, il témoigne des transformations de la presse régionale et de l’info de proximité.
👍 We are millions
Le syndicat Independants.co vient de lancer le mouvement “3 millions d’indépendants” pour consulter les travailleurs indépendants, proposer un plan de relance pour les indépendants, réfléchir et mettre en oeuvre une assurance chômage et des droits sociaux pour les 3 millions d’indépendants. Rejoignez-les.
💋 Management humaniste
A propos de MOOC, l’université de Liège, en Belgique, a lancé un MOOC pour apprendre à “gérer son entreprise autrement”. Avec, comme base, la compréhension des principes d’une philosophie de gestion humaniste fondée sur vos valeurs, sur les valeurs de démocratie dans l’entreprise et la capacité de les mettre en pratique.
Plus jamais ça
” Après avoir démissionné, je me suis promis de ne plus jamais aimer un travail. Pas de la manière dont j'aimais Google. Pas avec la dévotion que les entreprises souhaitent inspirer lorsqu'elles répondent aux besoins les plus fondamentaux de leurs employés, comme la nourriture, les soins de santé et l'appartenance. Aucune société cotée en bourse n'est une famille. J'ai succombé à l'illusion que cela pouvait être le cas. J'ai donc accepté un poste dans une entreprise à laquelle je ne ressentais aucun attachement émotionnel “. Emi Nietfeld, ingénieur logiciel, ancienne salariée de Google.
Avant de partir
C’est fini pour cette semaine. Vous aussi vous cherchez un sens à votre travail ? Vous l’avez trouvé grâce à ce compte Instagram.
Un dernier truc
Un dernier truc pour la route. Si jamais le bureau et ses rites vous manquaient en ces temps de confinement, voilà une petite vidéo nostalgique qui vous fera regretter vos collègues et votre manager.
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Intéressant et provocateur (power to the people!)
Mon expérience personnelle: ce qui est vraiment la mort de l’innovation en formation sur le blended, l’enseignement inversé et tutti quanti c’est surtout que cela demande un travail de folie à l’enseignant et que cela n’est pas rémunéré. Avec des collègues enseignants on a évalué ça à 2 x le travail normal minimum. Sur la classe inversée en auto apprentissage quand je faisais faire des blogs aux élèves en les notant, cela me coûtait au moins 15 jours homme de correction de copies par an. J'ai fini par réduire le nombre de billets de 6 à ... 3 tant j'étais épuisé. Inutile de dire que mon successeur s'est empressé de tout supprimer : le blended, l'enseignement inversé le blog et tout le reste. Bref, tout ce qui demande du travail.
Et même si c’était rémunéré… c'est trop lourd. Bref, une fausse bonne idée.
D'autant plus que l'école elle, n'est pas rémunérée plus pour autant.
Après, pour l’enseignement à distance, c’est une question d’automotivation. Le téléphone sonne, et le boulot appelle. Il n’y a que les moines dans les cellules cisterciennes qui peuvent aller au bout. Monter un cours est très complexe et très lourd, l'enseignant qui crée un cours a besoin de 10 h pour 1 h la première fois. Ce n'est qu'une fois rodé que le cours fini par être rentable.
La technologie n'a rien changé au business model si ce n'est de mettre les prix au plancher.
N'attends donc pas des merveilles d'innovation pour ce prix-là ce sera de l'autowebinaire.
Et même ça, un autowebinaire est facile à faire seul, mais dès qu'on fait un cours à plus d'un intervenant c'est un casse tête. Et la technique est très importante et limitative (fond vert/montages etc.) Bref, tout le monde n'est pas YouTuber et ceux qui le sont ont aussi d'autres choses à faire.