Le droit à la déconnexion a-t-il fait pschitt ?
Le droit à la déconnexion devait protéger les salariés du travail continu induit par les outils numériques. Doit-on être disponible, voire présent, tout le temps, partout ?
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Le droit à la déconnexion est entré dans le corpus juridique français en 2016 grâce à la loi El Khomri, dite loi Travail. Il devait permettre aux salariés de ne pas accepter de travailler chez eux. Même si les outils numériques le permettent. Situation vécue particulièrement par les cadres.
Depuis, la Covid est passée par là, et l’envie de ménager du temps personnel après le travail s’est renforcée : le fameux équilibre entre vie professionnelle et vie privée.
Selon une étude d’Indeed, la plateforme leader du recrutement. près de 4 salariés sur 10 avouent rester tard, non pas pour finir un dossier, mais pour donner l’image de l’engagement
Chez les jeunes, c’est encore pire : 62% des 16-24 ans sont des stakhanoviste de la présence, comme si la valeur d’un début de carrière se mesurait à la lumière qui reste allumée le soir. Résultat, la présence physique – ou visible, même en visio – prime sur le résultat réel pour près d’un salarié sur deux (48%).
Dans la vraie vie de bureau, le droit à la déconnexion ne s’est pas imposé. Sur le papier, 74% des recruteurs jurent que c’est devenu une priorité, surtout dans les entreprises de taille moyenne. Mais dans les faits, seuls 42% des salariés voient des mesures concrètes dans leur quotidien. Pire : autant de salariés disent que leur manager ne respecte pas ce droit ; chez les jeunes, la défiance grimpe à 53%. Les inégalités sectorielles sont flagrantes : la santé s’empare du sujet (84% des recruteurs se disent concernés), mais dans le commerce ou le transport, l’intérêt pour la déconnexion est plus modéré (66%).
Entre discours et réalité, le grand écart
On affiche de belles intentions : rappels aux managers, usage de portables pros, flexibilité des horaire, mentions du droit à la déconnexion dans les offres d’emploi… Mais dans l’ombre, 13% des recruteurs attendent tout de même que les salariés restent joignables hors horaires, et 21% d’entre eux préfèrent ne pas répondre à cette question. La zone grise s’installe, la pression silencieuse aussi. Résultat : 16% des salariés lisent leurs mails tard le soir, 27% chez les 25-34 ans, et 24% continuent à consulter leurs messages pros pendant les congés, avec une légère surreprésentation chez les femmes.
La digitalisation, accélérée par la pandémie, a renforcé la tendance à la surcharge : 27% des salariés trouvent que les échanges écrits ont remplacé la parole, même sur des sujets qui ne nécessiterait qu’un simple coup de fil. Chez les jeunes, ce chiffre monte à 33%. Mais cette avalanche de notifications a un prix : 17% des salariés se disent stressés par la masse d’e-mails. Un chiffre qui grimpe à 20% chez les plus de 55 ans.
Neuf ans après la loi Travail, 52% des salariés interrogés ont toujours le sentiment que leur équilibre vie professionnelle/vie personnelle n’est pas considéré. Le droit à la déconnexion n’est plus un gadget RH, mais un critère essentiel pour près d’un tiers des candidats à un nouveau poste.
Des promesses aux actes ?
La quête de sens et d’équilibre ne se satisfait plus de chartes ou de rappels aux managers : elle exige une prise de conscience et une empathie de la aprt de l’encadrement.
🤡 L’entreprise, un théâtre ?
Le task masking consiste à maîtriser l’art de l’illusion au travail. Autrement dit, il s’agit de faire croire que l’on effectue constamment des tâches indispensables.
🫣 Les IA bossent à notre place. Cool ?
Après l’ère de la main d’œuvre analogique (bureaux physiques), celle de la main d’œuvre numérique, celle de la main d’œuvre agentique (travail sans humains) est-elle bientôt arrivée ? Faudra-t-il penser à créer un droit du travail pour les IA ?
🤜 Affrontons l’incompétence
Devoir travailler pour (ou être dirigé par) des incompétents, c’est le cauchemar de nombreux salariés ! Et quand cette incompétence se propage dans toute l’organisation, on bascule dans la kakistocratie.
😞 L’IA rend-elle stupide ?
Il y a beaucoup plus inquiétant que la fonte de la banquise… la fonte des cerveaux. Voir aussi cet article sur L’idiotisation du monde.
🪶 L’entreprise fait la roue
Forcer ses salariés à revenir au bureau fait penser… aux paons qui font la roue. Un dernier sursaut des leaders du vieux monde qui confondent présence et performance.
😎 IA: vous n’avez encore rien vu
Les IA entraînées par des LLM (Large Language Model) et corrigées par des petites mains sous-payées, c’était l’ancien monde, très énergivore en plus. Place à l’intelligence “surhumaine” et à ses algorithmes capables d’accumuler de façon autonome leur propre expérience, sans passer par des données existantes. Google et son DeepMind ont pris de l’avance.
💣 Comment soigner la réunnionite
Les réunions inappropriées, mal organisées, trop longues, sans ordre du jour, mal conduites, sont une véritable plaie. J’en ai souvent parlé. Voilà une méthode pour faire le tri et se passer des réunions inutiles. Soyez impitoyables !
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Vite dit
Pour des villes sans écran 🌀 Des cliniques mobiles pour les chauffeurs de VTC 🌀 La vie est trop courte pour le bullshit 🌀 Mesurer les compétences en leadership… avec l’IA.
Le télétravail rend fou ? Télétravailler toute la semaine provoque des troubles psychosociaux ? C’est ce qu’on disait… en 1980, à une époque ou quasiment personne ne télétravaillait, et surtout pas toute la semaine : “Plus une personne est seule, plus elle risque de devenir névrosée”.
Cela fait drôlement plaisir un clic sur le 🩷 ci-dessous. Cela me montre que vous êtes là, attentifs, et cela me donne du cœur à l’ouvrage.
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Bonjour, la source est citée : c'est une étude Indeed.
Que vous soyez beaucoup sollicité sur le sujet conforte les éléments de l'étude : il reste beaucoup à faire !
C'est bien aimlable Stéphanie, merci ;-)
Bonne journée au soleil.