Faut-il être au bureau pour créer ?
Merci à Amazon d'avoir reposé la question de la distance en interdisant le télétravail. Le présentéisme source d'efficacité de l'entreprise, d'esprit d'équipe et de créativité ? Faut voir.
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🟥 Dans le sondage de la semaine passée, vous êtes 83% à penser qu’Amazon a eu tort de mettre fin au télétravail. Et quand même 13% à ne pas avoir d’opinion. Seuls 5% ont estimé que l’entreprise de Jeff Bezos avait tort raison.
Édito plus court
Encore les mêmes idées reçues…
Beaucoup de réactions après la décision d’Amazon de mettre fin au télétravail. Avec un retour du débat sur le rôle de la distance dans le travail, et dans la créativité en particulier. Puisque, on s’en souvient, l’explication d’Amazon à son refus de la distance est la nécessité du présentiel dans la créativité.
Dans les commentaires d’un de mes billets sur Linkedin, Patrick Storhaye me signale son texte Distance et créativité. Tout à fait d’actualité.
Ce texte critique les idées reçues sur la créativité, en particulier dans le monde de l'art et du management. Patrick y dénonce les stéréotypes sur les artistes, ainsi que la tendance à vouloir contrôler et modéliser la créativité dans les entreprises.
Il remet en question l'idée que la distance et l'isolement nuiraient à la créativité, citant l'exemple de Google qui prône la présence physique.
L'auteur affirme que la créativité est bien plus complexe et paradoxale. Si le groupe peut la stimuler, il peut aussi la brider par ses normes. La solitude et la contemplation sont présentées comme des conditions propices à l'épanouissement créatif.
Patrick souligne que la créativité n'est pas reproductible à volonté et échappe aux modèles gestionnaires. Elle est protéiforme, naissant tantôt de la contrainte, tantôt de la liberté, de l'urgence comme de l'ennui. Les facteurs qui nourrissent la créativité sont très divers : culture large, expertise pointue, transdisciplinarité, mimétisme. Il conclut en évoquant l'expérience intime de la création, avec ses difficultés et ses joies, qui imposent l'humilité face au processus créatif.
Mathieu Milot, de Dropbox (outil de travail partagé à distance), plaide lui aussi pour la distance dans un éditorial pour Fortune. Pour lui, les dirigeants doivent encourager un environnement “axé sur les résultats” : “Ainsi, les employés se sentiront motivés lorsqu’ils verront que leurs contributions sont valorisées pour leur impact, plutôt que pour le nombre d’heures connectées ou leur présence au bureau. Aucun de ces critères n’est une bonne mesure de l’efficacité”.
En résumé, le contraire de la démarche d’Amazon.
🟥 Lire aussi : L’habitude n°1 des gens les plus créatifs
2e info à ne pas rater
Vous connaissez les travailleurs invisibles ?
La Fondation Travailler Autrement, l'Institut Diot-Siaci et Temps Commun ont publié au printemps dernier une étude (elle m’avait échappé) qui révèle l'existence de 11 millions de "travailleurs invisibles" en France, soit environ un tiers de la population active.
Ces “travailleurs essentiels”, de “première ligne” (éboueurs, infirmières, travailleurs dans l’agro-alimentaire, femmes de ménage, caissiers…) que le pays avait découvert au moment des confinements liés à la Covid, cumulent les difficultés :
des contraintes temporelles : horaires décalés, travail le week-end, pauses limitées
une pénibilité du travail affectant la santé et la vie personnelle
précarité financière avec des salaires 32% inférieurs à la moyenne
des difficultés liées à la parentalité, ces travailleurs étant le plus souvent seuls et isolés socialement
des problèmes de mobilité et coûts de transport élevés
un manque de reconnaissance malgré un sentiment d'utilité.
L'étude pointe l'inadaptation du modèle économique et social français face à ces nouvelles réalités. Elle appelle à une prise de conscience et à des actions urgentes de la part des pouvoirs publics et des entreprises pour éviter une fracture sociale irréversible. Faciliter la vie de ces travailleurs, notamment des familles monoparentales, apparaît comme un enjeu crucial.
On regrettera que cette étude n’aborde pas plus largement des pistes de solutions pour améliorer la situation des ces 11 millions de personnes. Un sujet complexe qui se prête mal à la simplification… et à la démagogie.
🟥 Lire aussi : Qui sont les travailleurs essentiels ?, note de l’Insee
🚴🏿 Risque professionnel
Un facteur en poste depuis 36 ans dans la Sarthe s’arrêtait au bar pendant sa tournée. Il a été suspendu pendant 2 ans.
👋 Grande démission
Des milliers de gendarmes ont rejoint un groupe Facebook privé où ils peuvent exprimer leur mal-être au travail et échanger des conseils pour démissionner.
👊 Et paf !
”Depuis quinze ans, l'agenda français du numérique confond les ambitions indispensables d’une politique industrielle avec le clinquant superficiel de la FrenchTech”. Sévère mais juste.
😱 On s’est gouré
Avec ChatGPT, le but de l’écriture c’est de remplir une page, pas de réaliser le processus de réflexion qui l’accompagne. C’est justement tout l’inverse dont nous avons besoin !
🛠️ Revoilou la valeur travail
D'une grandeur mathématique, le discours sur le travail a peu à peu évolué vers une grandeur morale qui se respecte sans que la pensée des transformations du travail ne progresse d'autant.
🤔 Réforme des retraites
”En 2050, la Chine sera vieille avant d’être riche” prédisait Jean-Christophe Victor. Face au vieillissement accéléré, l’Empire du milieu vient de décider de reculer l’âge de la retraite de 60 à 63 ans. Si même les pays communistes s’y mettent !
👏 New biz
Quelle génération a le plus de chances de réussir en affaires ? And the winner is…
Vite dit
Très utile pour faire croire qu’on réalise un travail important et utile 🌀 Le retour des microbrasseries face aux industriels 🌀 Les métiers de la vente rendent les gens névrosés 🌀
L’époque moderne voulait libérer l’individu. Mais, dit Pierre Rahbi dans cette vidéo, “de la maternelle à l’université, on est enfermé (on appelle cela le « bahut »), puis tout le monde travaille et vit dans des « boîtes » plus ou moins petites ; pour s’amuser, on va en boîte et on y va dans sa « caisse » ; enfin, on rentre dans une boîte à vieux et on retrouve la dernière boîte que je vous laisse deviner ! " (Voir aussi Petites boîtes de Graeme Allwright).
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Merci Marie-Luce, pour le compliment et pour le signalement.
Vous avez raison, j'ai écris l'inverse de ce que je voulais écrire ;-)
C'est corrigé sur la version en ligne.
Ah ah, vous trouvez que 5% c'est beaucoup ? Comme je l'écris souvent, ce qui est indispensable c'est de laisser le choix aux salariés. J'en connais qui ne veulent pas télétravailler et ils ont leurs raisons.
Si on attendait de la créativité de la part d’une écrasante majorité de salariés, ça se saurait.
Non, les managers en attendent du rendement, de la productivité.
Et leurs tableaux Excel leur montrent (on peut tout leur faire dire, ça dépend de la façon dont on note le résultat) que leurs collaborateurs sont plus productifs quand ils les ont à l’œil.
En côtoyant certains, je suis effaré que les managers ne pensent pas à automatiser les tâches via l’IA (entre autres, mais l’automatisation ou des processus plus logiques fonctionnent aussi) pour atteindre un résultat équivalent, sinon meilleur !