Trop de bla bla, trop de tracas
Inflation de mots, commentaires et sur-commentaires, messages vides de sens, , messageries, appels. À l'aide ! Heureusement, la poésie, la Légion et la littérature volent à notre secours.
Bienvenue dans cette nouvelle Newsletter de Zevillage. Je suis Xavier de Mazenod. Je vous envoie chaque jeudi, dans votre boîte mail, des idées et des trouvailles pour comprendre ce que nous réserve le futur du travail et pour vous aider à travailler mieux et vivre mieux.
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Dans notre vie au travail, la communication est partout : mangement et collaborateurs, salariés entre eux, intrusions privées, échanges internes et externes…
Communiquer c’est bien, c’est même indispensable pour travailler ensemble. Mais vous ne ressentez pas comme un trop-plein, une saturation ?
Cette agitation perturbe le travail, déconcentre et fait perdre beaucoup de temps. On pourrait aussi ajouter que l’invasion des écrans (et de l’IA) nous diminuent comme le pense Marius Bertolucci. De plus, l’usage des messageries professionnelles peut être l’occasion de créer du stress et favoriser des comportements sexistes !
La surabondance des messages prend la tête, au quotidien, au boulot. On a beau introduire des messageries en ligne pour fluidifier les échanges, publier des chartes de bon usage du mail, ou interdire l’utilisation privée des ordinateurs (ah ah, et les smartphones ?), rien n’arrête le bourdonnement.
Cela bourdonne un peu moins dans les petites entreprises où la chaîne hiérarchique est plus courte : pas de N+2, aucun N+1 à mettre en copie des mails !
Le sujet de l’hypertrophie de la communiation me trotte dans la tête depuis quelque temps et le hasard m’apporte cette semaine le renfort de trois contributeurs.
Le capitaine Nicolas Brault, d’abord, officier de la Légion, dont je vous recommande le compte Linkedin où il parle de management. Ne rigolez pas, l’armée (du moins la nôtre) est loin d’être une caricature d’organisation hiérarchique et… muette. On y pratique un subtil mélange de discipline et d’autonomie sur le terrain. Et on y communique beaucoup.
Dans ce billet, il s’attaque à la pollution des échanges par les messages vocaux. Il plaide donc pour l’usage de l’écrit et pour la sobriété. Le message vocal, c’est la facilité : on en abuse.
Une recommandation qui fait écho aux bonnes pratiques du travail hybride dans lequel l’écrit est privilégié pour compenser le mode asynchrone de la collaboration.
Les recettes de Nicolas Brault pour combattre le mal sont évidemment très “mili” : “Écrivez comme vous combattez. Écrivez avec la précision d’un tireur d’élite : droit au but, en calculant les nuisances du vent sur la trajectoire d’une balle. Écrivez comme vous donnez un ordre d’assaut : tranchant, clair, sans interprétation possible ”. Mais elles sont utiles à tous les combattants de la plume, civils autant que militaires.
Patrick Kerven, dans son style plus poétique, s’attaque lui à la baisse de qualité des échanges, à la “moyennisation” des mots : “Je souffre de cette production, de ces fils débordants de ce qu’on appelle le “slop” ce vaste brouet saumâtre, pimenté à l’outrance facile, et déversé en temps réel par les algorithmes des réseaux sociaux”.
Une communication claire et précise, une précision de tireur d’élite : un antidote naturel à la boursouflure, une ode à la sobriété.
Enfin, Kevin Pujol, dans sa newsletter Le Bateleur, apporte à ce sujet l’angle de l’authenticité. Sans authenticité, le lien émetteur-récepteur est cassé. On loupe sa cible : “ Et ma conviction reste intacte : l’IA ne remplacera pas les écrivains. Elle est, et restera, un outil, puissant certes, mais qui ne peut produire que ce qu’on lui donne et à qui il manquera toujours ce grain et ces aspérités indispensables à la création de liens ”.
C’est vrai de la création de textes par l’IA. Cela peut être vrai aussi pour la production humaine. La cause est la même : “C’est un peu ça, écrit Le Bateleur, la différence entre un texte humain et un texte rédigé par une IA : le poids de l’âme” (21 g).
À titre de conclusion, j’ajouterai le conseil que donnais Michel Serres il y a 33 ans. C’était avant avant les smartphones, avant les réseaux sociaux et avant l’IA. Un secret de jouvence toujours valable, utile pour se concentrer sur la arison d’être de la communication : chaque jour, lire une page d’un texte un peu difficile à comprendre.
2e info à ne pas rater
La nature, actionnaire de votre entreprise ?
Cela fait longtemps que Frantz Gault mène le combat du respect de la nature par les entreprises. Pas un nouveau mode de greenwashing ou un gadget RSE, mais une démarche pour considérer la nature comme une des parties prenantes de l’entreprise. Ce n’est que justice, puisqu’on utilise, largement et gratuitement, ses produits.
Cette démarche intellectuelle est l’aboutissement de cinq ans de réflexion anthropologique sur le travail, de lectures et de voyages que Frantz a menés auprès de peuples premiers en Amérique du Sud. Un travail qui a aboutit à un film et à deux livres (dont le dernier, La Nature au travail), affinant sa réflexion au fil du temps. Il nous avait donné la primeur de sa réflexion dans Zevillage.
Sociologue de formation, un des meilleurs experts français du télétravail, il conseille depuis longtemps les Comex de grandes entreprises sur le thème de la gouvernance.
Cette présentation liminaire pour vous éviter de sourire en lisant le titre de cet article.
Le travail et la tenacité de Frantz ont payé. Le groupe norsys (600 salariés) vient d'attribuer à la nature un siège et un droit de vote au sein de son conseil d’administration. Il crée par ailleurs un Haut Conseil pour la Nature, et transforme son CSE en un Conseil social économique et environnemental.
Il faut préciser que Sylvain Breuzard, PDG de l’entreprise, est sensible au sujet. Il est un ancien dirigeant de Greenpeace France.
Cette décision est une expérimentation à taille réelle dans une grande entreprise. Concrètement, Frantz Gault occupera le siège de la nature au conseil d’administration. Il disposera d’un droit de vote et d’un droit de veto et il sera consulté en amont sur tout projet stratégique susceptible d’avoir un impact environnemental.
Une démarche étonnante, qui peut en effet prêter à sourire. Mais, si nous sommes convaincus que l’entreprise doit se soucier de la nature, de notre environnement, de la biodiversité et des conséquences des bouleversements climatiques, elle va devoir dépasser le stade du greenwashing.
Et quoi de mieux que de symboliser l’existence de la nature dans l’activité de l’entreprise ? La moindre des choses car la moitié du PIB mondial dépend d’elle, la nature.
😤 Tous au bureau (suite)
Le Washington Post impose à ses employés de retourner au bureau cinq jours par semaine. Il n’y a pas de hasard : vous vous souvenez de qui a racheté ce journal ? Non, ce n’est pas Elon Musk. Vous avez oublié ? C’est dans l’article.
👍 C’est décidé, je change de boulot
Jean-Michel Frixon, ancien ouvrier chez Michelin a raconté sa vie dans un livre. Cela lui a ouvert les portes d’une seconde carrière. Aujourd’hui, les grands patrons le payent pour ses conseils.
👏 Bonheur Intérieur Brut
Semaine de travail de 4 jours, salaire mensuel entre 2 et 3000 €, bénéfices partagés, entre 7 et 13 semaines de congés payés : bienvenue dans l’entreprise Louboulbil, une boulangerie "déplafonnée", un peu anarchiste et très solidaire.
🔨 La loi c’est la loi
La cour administrative d’appel vient de donner raison aux agents de Bordeaux Métropole qui pourront percevoir des indemnités pour le télétravail (indemnités repas et forfait annuel de 60€). Dans le privé cela fait vingt ans que cela roule sans problème.
🙏 Les assoces, c’est super
Le 3e Baromètre Tenzing des salaires dans le secteur associatif a été publié il y a quelques semaines. En 2023, les associations ont confirmé leur politique de revalorisation des bas salaires.
👩🦽➡️Double peine
Peur d’être stigmatisés et freinés dans leur carrière, crainte des idées-reçues ou encore culture de la performance inhérente à leur fonction : de nombreux cadres choisissent de dissimuler leur situation de handicap (PDF), en particulier lorsqu’il est invisible.
👀 Peut-on faire confiance à ChatGPT ?
Est-ce que l’on peut faire confiance à ChatGPT pour les “hallucinations” ? Et bien non. Le dossier complet pour éviter les erreurs, par deux experts, Benoît Raphaël et Thomas Mahier.
Vite dit
Le prototype du taxi autonome Cybercab de Tesla arrive en France 🌀 Ça triche, même au championnat du monde de cassage de marrons ! 🌀 Pourquoi Google va masquer certains contenus à 1 % de ses utilisateurs français ?
En 1972, en Angleterre, Mme Cooper télétravaille à domicile pour son entreprise Freelance Programmers. Un élément de la politique de bien-être pour les femmes mise en place par l’entreprise, avec des horaires flexibles et des dispositions pour les femmes enceintes. En 1972 !
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Je ne pensais pas aux messages vocaux, sur WhatsApp par exemple. C'est vais, ils sont pratiques et accessibles en mode asynchrone.
Je pensais plutôt aux interruptions du téléphone : laisser un message provoque d'abod une sonnerie puis une alerte quand le message est déposé ;-)
J'avoue, j'ai un peu buté sur les messages vocaux. Je fais partie de celles qui les utilisent beaucoup et je trouve qu'au contraire, ils sont très positifs. Entre autres, je trouve qu'ils permettent :
1) D'ajouter une notion de temps, de pause. On ne peut pas toujours écouter un message, alors on ATTEND et on l'écoute quand on PEUT et quand on est DISPONIBLE.
2) De déconnecter ne serait-ce que quelques secondes nos yeux des écrans, sur lesquels on est rivés sans arrêt les trois quarts du temps de la journée.
3) D'ajouter de l'humanité aux échanges. Dans de nombreuses conversations directes (contrairement à la littérature immersive), les mots et les smileys ne suffisent clairement pas à résoudre ou éviter certains conflits. Entendre la voix de la personne sur des sujets, même si on l'écoute plus tard, permet de ramener de l'émotion, de la vraie, malgré la distance.
Bien sûr, tout est relatif et tout est une question de mesure. J'ai juste eu l'impression qu'on les diabolisait un peu, alors qu'ils ont aussi du bon. Du très bon, même, à mon sens. :)
Toute belle journée, Xavier. Et à bientôt !