Travaille et tais-toi !
C'est quoi la démocratie en entreprise ? Une douce utopie ? Le chaos assuré ? Une manière d'être plus efficace, plus productif et de rendre les salariés plus heureux ? À vous de voir.
Bienvenue dans cette nouvelle Newsletter de Zevillage. Je suis Xavier de Mazenod. Je vous envoie chaque jeudi, dans votre boîte mail, des idées et des trouvailles pour comprendre ce que nous réserve le futur du travail et pour vous aider à travailler mieux et vivre mieux.
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Édito plus court
Les salariés ont-ils leur mot à dire ?
Quelle question incongrue : les salariés auraient-ils droit à une forme de démocratie dans l’entreprise ou dans l’administration ? Pourquoi donc les impliquer dans la conduite de l’entreprise alors que la loi leur permet déjà de s’exprimer via des représentants syndicaux ? Et que la loi Pacte leur donne une représentation dans le cadre des “entreprises à mission” ?
Je ne parle même pas ici d’autogestion, de co-gestion ni même d’entreprise libérée. Juste de mieux faire participer les salariés à la vie de l’entreprise et, en premier lieu, à ce qui les concerne directement dans l’organisation de leur travail.
La première raison d’impliquer davantage les salariés dans les décisions est de limiter le “Toxic management” comme l’a appelé le philosophe d’entreprise Thibaut Brière dans un livre. “Les entreprises demeurent des îlots de despotisme éclairé à l’intérieur de sociétés largement démocratisées “ explique-t-il.
Ensuite, continue-t-il, une meilleure démocratie est un paravent contre les pratiques illégales ou contraires à l’intérêt général. Il cite plusieurs exemples d’abus qui auraient ainsi pu être empêchés, comme la triche de Volkswagen à propos des rejets de ses moteurs.
Sans aller jusqu’à ces cas extrêmes, plus de démocratie permet de donner plus d’autonomie aux salariés dans la manière de conduire leur travail.
Il ne s’agit pas ici de relancer la bataille du capital contre le travail. Dans la vision classique, celui qui apporte le capital aurait tous les droits. Et, remettre en question ce fonctionnement conduirait à l’effondrement. Or, nous savons depuis longtemps que ce raisonnement simpliste n’existe plus que rarement. Si les actionnaires sont souverains pour les décisions importantes, une grande marge de manœuvre est laissée aux dirigeants et aux managers pour donner de l’autonomie et faire jouer l’intelligence collective.
Mais c’est loin d’être partout aussi irénique. Le management a souvent tendance à se reposer sur la méfiance et le contrôle plutôt que sur la liberté, l’autonomie et la confiance. Si vous en doutez, observez comment les entreprises se comportent avec le travail hybride. Souvent, c’est la peur qui guide leurs pas.
Il ne s’agit pas de prôner l’anarchie mais d’aider les dirigeants pour transformer le management et les hiérarchies pesantes en démocratie organisationnelles. Et les méthodes existent.
Dernier point : améliorer la démocratie dans l’entreprise est bon pour toute la société. Thomas Coutrot, chercheur associé à l’Ires, observe que les conditions de travail formataient les comportements électoraux. C’est ce qu’il appelle Le bras long du travail. Une vieille idée qui remonte à Adam Smith.
Ainsi, les habitudes d’obéissance ou d’initiative au travail ont des répercussions dans la vie de la cité et dans les urnes. Les outils de base de la liberté, l’autonomie et la responsabilité, peuvent s’acquérir très vite.
2e info à ne pas rater
Bluffant
Merci à Michaël de m’avoir signalé cette vidéo du compositeur Laurent Couson. il nous fait écouter quelques créations musicales à la manière de Mozart, d’une musique de film hollywoodien, de Sting, de Prokofiev ou d’un ensemble de jazz. Et c’est carrément bluffant d’entendre ces compositions créées en 30’ par un logiciel lancé il y a quelque semaines. Avec un savoir-faire qui va certainement s’améliorer dans le temps.
Sur un ton très calme, sans agressivité ni énervement, il pose aussi quelques questions économiques et philosophiques à propos du développement de l’IA dans les métiers de la création. Et il nous détaille les raisons de “préserver tout ce qui fait notre âme humaine” : le réel, la faille, le doute, l'inspiration, l’âme.
Passionnant.
Chose promise, chôm’du !
Richard Werly est journaliste au média suisse Blick. Ce qui lui donne un regard décalé et libre sur la vie française. Dans son dernier éditorial, On ne remettra pas les Français au boulot par la seule contrainte, il commence par s’étonner de la bronca contre le projet de réforme de l’assurance chômage de Gabriel Attal : “Alors stop! Désolé chers voisins, mais la potion sociale que beaucoup présentent comme amère ne l’est pas tant que ça si vous regardez un peu ce qui se passe dans le reste de l'Europe, et si vous prenez en compte la dégradation des finances publiques de la France.”
Ce qui ne l’empêche pas de critiquer les motivations du gouvernement de “valoriser encore plus le travail”. La méthode est mauvaise selon lui et les résultats douteux, sauf, peut-être, pour les finances publiques.
Cette réforme “à la française” est un symptôme, un révélateur, de nos maux profonds, une solution à court terme. “La France sociale a fondamentalement besoin d’un projet. Lequel passe sans doute par un désengagement financier de l'État et une relance des négociations entre patronat et syndicats.”
💋 Des bisous, des bisous, des bisous, j’veux des bisous
Et si la gentillesse, loin des clichés "bisounours", était l’antidote contre le management par la peur, la clé pour créer des organisations plus performantes et épanouissantes ?
😱 N’ayez pas peur. Enfin si, un peu quand même !
Personne ne se pose la question : que vont devenir les recettes de l’impôt sur le revenu et des charges sociale fondées sur le travail humain quand l’IA aura bouleversé l’organisation du travail ? On se serre la ceinture ou on invente de nouveaux impôts ? Lui se pose la question.
💪 Quel leader êtes-vous ?
Amusant ce travail de catégorisation des leaders inspiré de la série The Walking dead. Reste à savoir à quelle famille vous appartenez : le leader bienveillant, le leader tyrannique, le leader paternaliste/maternaliste ou le leader involontaire.
😎 Et toc
Ceux qui créent une entreprise à un âge “avancé” (50 ans et plus) paraissent plus susceptibles d’apporter des innovations radicales sur le marché que leurs homologues plus jeunes, grâce à leurs compétences et à leur expérience.
⛺️ Workation et JO
Même Psychologies magazine s’intéresse aux workation (travail + vacances) dont nous avons souvent parlé. Un concept qui pourrait être bien utile à beaucoup de Français à l’arrivée des JO, expliquent-ils.
🏢 Bureau or not bureau ?
Le bureau du futur sera “plus optimisé, flexible et collaboratif” et de plus en plus distribué. Avec, en plus, une tendance à adopter les codes de l’hôtellerie : “design, qualité des services et des espaces de restauration, posture d’accueil et d’animation”.
✈️ Mondialisation (chinoise) heureuse
Les sites chinois de commerce électronique Temu et Shein expédient chaque jour l’équivalent de 88 Boeing 777 cargo dans le monde entier. Ce volume considérable a fait grimper en flèche les tarifs du fret aérien. Zut alors.
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Vite dit
Les oies continuent de défiler pour célébrer Noël 🌀 Histoire du lait industriel : que reste-t-il de la vache ? 🌀 L'IA ne va pas vous piquer votre job, elle va vous empêcher d'être embauché 🌀 Ne dites plus GAFAM, c’est ring. Dîtes plutôt MAOMAA 🌀 Et voilà, bienvenue dans le monde d’après.
Vous vous reconnaissez ? Il est peut-être temps de changer de boulot alors, non ?
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