Trabajo si, samba no !
Comment se fait-il que le télétravail et le retour au bureau soient encore des sujets ? Le vrai sujet c'est le travail : amour ou désamour ?
Bienvenue dans cette nouvelle Newsletter de Zevillage. Je suis Xavier de Mazenod. Je vous envoie chaque jeudi, dans votre boîte mail, des idées et des trouvailles pour comprendre ce que nous réserve le futur du travail et pour vous aider à travailler mieux et vivre mieux.

Cinq ans après la Covid, qui a popularisé le télétravail en libérant les aspirations des salariés à l’autonomie, on voit bien que la pilule ne passe toujours pas chez de nombreux dirigeants. Ils ne savent pas gérer le travail hybride, ont peur pour leur immobilier, et pour leurs petites habitudes de fonctionnement.
Les injonctions de retour au bureau, plus ou moins finaudes, et les pressions, plus ou moins sournoises, se multiplient, comme si de nombreuses entreprises étaient imperméables au changement. Le bureau c’est mieux, un point c’est tout.
Bizarre que le travail hybride soit encore un problème. Ceux qui se sont penchés sur le sujet, de bonne foi, pour le régler, y sont arrivés. Un peu de méthode, de l’expérimentation, de la concertation : il est assez simple de trouver une solution qui conjugue autonomie et productivité d’une part, bien-être et rentabilité de l’autre.
Le travail de 9h à 17h au bureau, c’est fini (pas pour tout le monde). Microsoft l’observe d’ailleurs dans une récente étude : de plus en plus d'employés de bureau vivent une “journée de travail infinie”, en ligne. On s’y met à 6h du matin et on reprend après le bureau, parfois jusque tard dans la soirée.
C’était d’ailleurs, déjà, un de leurs slogans il y a quinze ans : le travail c’est “anywhere, any device, anytime” (n’importe où, avec n’importe quel appareil, n’importe quand). La difficulté n’est donc pas le bureau ou la distance. C’est la gestion de l’autonomie et du management à distance.
Oui, c’est vraiment bizarre que le télétravail soit encore un problème. Car les problèmes, les vrais, sont ailleurs, là où les situent Bertrand Martinot et Franck Morel, auteurs d’un essai récent : le Travail est la solution – Réconcilier les Français avec le travail.
Un livre aux thèses complémentaires den l’ouvrage d’Antoine Foucher, Sortir du travail qui ne paye plus dont nous parlions il y a quelques semaines.
Le télétravail est un révélateur, un symptôme de la santé des entreprises. Mais aussi de la vision du pays sur le travail.
Pour ces auteurs, le débat public sur le travail est dominé par des postures caricaturales et un pessimisme ambiant. Le travail y est souvent présenté comme une source de souffrance, d’aliénation, voire d’absurdité, renforcé par les craintes liées à l’automatisation, à l’intelligence artificielle et à la pression environnementale. Martinot et Morel déplorent que la question du travail soit réduite à un problème à résoudre, alors qu’elle demeure un pilier fondamental de la cohésion sociale et de l’identité individuelle.
Or, rappellent-ils, malgré la baisse de la pénibilité, la réduction du temps de travail et l’augmentation de l’espérance de vie en bonne santé, le malaise lié au travail persiste. Malaise qui se traduit par un désengagement croissant, une quête de sens inassouvie et une défiance envers les institutions traditionnelles. Difficile de leur donner tort quand on assiste au spectacle de la réforme des retraites !
Les acteurs politiques et syndicaux (Medef compris, cela va de soi) n’ont pas été à la hauteur. Ils ont opéré de mauvais choix, soulignent Martinot et Morel, depuis plusieurs décennies : sur-taxation du travail, encouragement de la réduction du temps de travail, réticence à l’égard de nouveaux statuts favorisant l’autonomie, dialogue social inadapté aux nouvelles réalités, et réponses managériales souvent inefficaces (genre baby foot ?) à la quête de sens des salariés.
Réestimer le travail est une piste pour préserver le modèle social français et la clé du progrès et de l’émancipation. Libérer le travail sous toutes ses formes juridiques, favoriser l’allongement de sa durée et promouvoir des organisations du travail plus épanouissantes et évolutives sont trois lignes directrices mise en avant par et essai.
Je n’ai pas la place ici pour énumérer toutes les solutions préconisées. L’urgence est là : réconcilier les Français avec le travail.
Un sujet de débat largement plus important - et passionnant - que celui du télétravail et du retour au bureau. Trabajo si, samba no !
P.S. : dans une prochaine édition, je vous parlerai du livre d’Emmanuelle Duez Où sont passés nos rêves d’émancipation par le travail ?
😱 Arrêtez de me harceler. Merci
À l’origine, la théorie du nudge visait à aider les gens à prendre de meilleures décisions sans les priver de liberté. Avec le numérique et l’IA, c’est devenu un dispositif qui met la pression sur les salariés en permanence et alourdit leur charge mentale. Avec de bonnes intentions. Mais, pitié, un peu de silence !
🌲 Travailler au vert
Vous êtes comme moi, vous aimez travailler au vert ? Déménagez à la campagne ou offrez-vous un séjour dans une cabane ou une tiny house du genre de celles-là. Si vous préférez il y a la roulotte dans notre verger (autopromo).
🤡 Méfiez-vous des beaux parleurs
Vous avez probablement déjà subi l’effet Dr Fox, un biais cognitif qui vous fait estimer qu’une personne est crédible et compétente si elle est charismatique, drôle, sûre d’elle. Même si son discours est creux. Repensez-y quand votre N+1 vous expliquera avec talent que vous devez revenir ce week-end au bureau.
💋 Invisibles ?
La question de la santé des femmes au boulot est souvent négligée et l’ignorance des différences sexuées conduit à une hausse des accidents du travail impliquant des femmes.
⛏️ J’en bave presque d’envie
Le travail des maçons au Moyen Âge est bien éloigné des clichés sur l’époque : journées de 7 à 8h, 2 h de pause par jour, semaines de 5 jours et demi (samedi matin payé comme une journée complète), 64 jours fériés dans l’année, plus 5 à 7 jours de pause pour Pâques, Pentecôte et Noël. Ils travaillaient donc 500 heures par an de moins que leurs collègues du XIXe siècle.
😰 Small n’est pas toujours beautiful
Si les liquidations judiciaires s'enchaînent ces derniers mois pour les grandes entreprises, les TPE ne sont pas plus épargnées et doivent souvent se battre pour se relever.
👿 Don Corleone
Une forme de harcèlement moral repose sur l’utilisation des statuts d’autorité ou d’influence pour infliger des dommages psychologiques. L’objectif ? Manipuler émotionnellement en menaçant de détruire la carrière d’autrui, ou de nuire réellement à l’avenir professionnel de la victime.
Vite dit
Vous vous souvenez des zoom towns ? 🌀 Malgré des salaires à 2 M$, Meta n’arrive pas à retenir ses salariés 🌀 Politique fiction. Ou pas. 🌀 Les emmerdes ça vole en escadrille !
Vous connaissez Guihome, humoriste Belge révélé par Instagram ? Il mérite la médaille d’honneur de Zevillage ;-)
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