Les proches aidants : une bombe pour la société
La moitié des 11 millions d'aidants proches sont des salariés. Une situation qui provoque souvent épuisement, absentéisme et chômage. Une menace pour les entreprises... et pour la société.
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Selon l’Association française des aidants, 11 millions de Français sont des “proches aidants”, terme utilisés pour les distinguer des aidants professionnels. Ces non professionnels apportent une aide, permanente ou non, à un proche dépendant. Aide qui peut prendre la forme d’un soutien moral, d’une aide à la vie quotidienne ou d’un soutien financier.
Nous connaissons tous, dans notre famille, chez des amis ou des voisins, ces proches aidants en charge d’un parent ou d’un enfant malade ou handicapé.
Pour nombre de ces aidants, le temps et la charge requis par le soutien s’exercent au détriment de leur profession. Parfois même, ils sont obligés de quitter leur emploi. Il existe depuis 2020 une allocation journalière pour les congés de proches aidants équivalente au SMIC mais limitée à trois mois, trois fois 22 jours. L’administration doit considérer que vous êtes dispensés d’aide les deux jours du week-end. Le congé peut être renouvelé, sans dépasser un an sur l'ensemble de la carrière du salarié.
Mais si vous devez accompagner un proche dans la durée, le problème de vos revenus se pose. Souvent, l’aidant est dans l’impossibilité de suivre un rythme de travail régulier ou de se rendre dans l’entreprise.
En 2011, je participai à des ateliers du projet d’Université des aidants créé par le conseil départemental du Val-de-Marne. L’objectif consistait à identifier des métiers accessibles en télétravail et à accompagner les aidants. Bien-sûr, les éléments comme les risques pour la santé ou l’isolement étaient pris en compte dans la réflexion. Malheureusement, le projet d’Université fut abandonné.
Pourquoi je vous parle des aidants proches aujourd’hui ? Parce que, un an après l’annonce du Plan aidants par le gouvernement, la situation est toujours critique. D’ici 2030, un actif sur quatre sera un proche aidant… Et que, donc, le travail en général et la vie des entreprises ou des administrations sera fortement affecté.
Cette situation induit de la fatigue, une baisse de productivité et un absentéisme accru : 54 % des salariés aidants se disent même en situation d’épuisement physique, émotionnel et mental.
Dans ce grand mouvement de solidarité et d’entraide, les femmes représentent 56% des aidants réguliers. Les travaux de Claudia Goldin, professeur à Harvard, récente prix Nobel d’économie démontrent comment les femmes sont pénalisées par rapport aux hommes : “ Elle a montré que l’essentiel de cette différence de revenus se situe aujourd’hui entre les hommes et les femmes exerçant la même profession, et qu’elle survient en grande partie à la naissance du premier enfant”, selon le comité Nobel. Le fait d’aider représente une pénalité supplémentaire dans la carrière des femmes (et donc aussi dans le montant de leur retraite).
La prise de conscience du phénomène a été tardive. L’État a lancé un plan d’aide en 2022 et certaines entreprises ont mis en place des accompagnements dans le cadre de la RSE.
Tous les aidants n’ont pas besoin de soutien. Mais, en cas de nécessité, l’entreprise dispose d’une palette d’outils : horaires flexibles adaptés, télétravail, absence de travail de nuit, congé de proche aidant, congé de présence parentale ou congé de solidarité familiale. Et les aidants peuvent parfois compter sur des manifestations de générosité de collègues : dons de RTT ou de jours de congés.
Pour les indépendants, la vie est moins simple.
🟥 En savoir plus
Engagement des entreprises pour leurs salariés aidants, par France Stratégie
Le prix Nobel d’économie décerné à Claudia Goldin dans Libération
Association française des aidants qui dispense en particulier des formations
Un leader est-il forcément insupportable ?
Elon Musk, Bill Gates, Jeff Bezos et de nombreux autres leaders sont connus pour être impossibles à vivre. Ces comportements caractériels ne sont-ils pas inhérents aux entrepreneurs porteurs d’une vision ?
Philippe Silberzahn explique dans cet article, illustré par le cas de Steve Jobs, un autre grand insupportable, qu’être impossible est souvent le moyen de faire passer les obstacles à une innovation radicale. Et parfois aussi la cause de l’échec.
Pour Anthony Galuzzo, auteur du Mythe de l’entrepreneur, cela relève d’un grand récit fabriqué qu’il résume avec ironie dans cette phrase : “La légitimité [de Steve Jobs] n’était pas sa technicité, mais sa capacité à inspirer, à guider des hommes qui ne seraient rien sans sa prescience”. Comme si la création de valeur reposait sur un individu singulier.
🤡 Espèces de décroissants
Alors que la France se fixe des objectifs ambitieux pour la transition écologique, la surconsommation alimentée par l'innovation incessante pose une question : peut-on concilier innovation et écologie durable ?
😵💫 Espèces de fanatiques
Un grand nombre de salariés (70%) seraient disposés à subir une diminution de leur rémunération pour profiter du télétravail. Autant serait prêts à quitter leur entreprise pour une autre qui propose une meilleure politique de travail à distance.
😡 Espèces de traitres
Dans ce sondage québécois, 59 % des répondants télétravaillent, à plein temps ou de manière occasionnelle. Et 84 % des personnes qui ont accès au télétravail disent que celui-ci facilite leur conciliation famille-travail.
😱 Ils se phishent de vous
Les mails de phishing qui plongent les entreprises dans le chaos deviennent de plus en plus subtils et sophistiqués. Voilà quatre cas concrets de mails reçus par des salariés.
🤔 Vélotaf de vrais durs
Si vous voulez continuer à utiliser votre vélo pour vous rendre au bureau malgré le froid qui arrive (tardivement), il va falloir vous couvrir et prendre quelques précautions.
👍 Faisons le point
Marginal avant la crise sanitaire, le travail à distance s’est depuis démocratisé. Un débat sur RFI qui embrasse tous les aspects de cette mutation.
😣 Serpent de mer
L’égalité femmes-hommes au travail est un serpent de mer. Et le sujet de l’égalité des salaires progresse comme un escargot. Voilà trois moyens de rétablir la justice.
Free-up Festival, demandez le programme
Je vous en parlais il y a 15 jours : Free-up Festival, le 1er festival pour freelances, se tient les 20 et 21 novembre à Ground Control, à Paris.
Le festival rassemblera des freelances, des collectifs, des solopreneurs et des recruteurs. On pourra y trouver un coworking éphémère, un studio de podcasts, un studio photo (utile pour votre photo de profil), des tas de conférences et d’ateliers thématiques, et deux soirées. Un vrai festival !
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Vite dit
Don’t look up : les satellites vont tomber sur vos têtes ! 🌀 Faut-il aller sur Facebook ? Mais quand vous vous trompez sur Facebook, admettez-le ! 🌀 Bizarre de se poser cette question dans ce contexte 🌀 A Lyon, des entrepreneurs créent un chouette coworking.
Captain Cause, l’entreprise de Frédéric Mazella (créateur de BlaBlaCar) et Georges Basdevant, lance cette semaine le Dift (de don + gift), un dispositif qui vise à rediriger les budgets cadeaux ou marketing des entreprises vers des défis environnementaux et sociétaux.
Pascal Legitimus vous explique :
Cette semaine, avant de nous quitter, je voudrais vous demander un truc. Pouvez-vous partager cette newsletter avec des amis ou des collègues ?
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À la semaine prochaine.