Les nouveaux habits de Patagonia
Patagonia, l'entreprise de vêtements outdoor, vient de publier un rapport d'étape sur sa transformation au service de la planète. Pas de chichis. Pas de greenwashing. Elle reconnaît même ses ratés.
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Cet été, je vous ai parlé de la philosophie de management de Patagonia, l’entreprise qui produit des vêtements de sport et de montagne. On en sait plus aujourd’hui grâce à un rapport qu’elle vient de publier. Ce rapport détaille les progrès réalisés pour mettre en œuvre des solutions à la crise climatique et écologique. Pour Patagonia, ce processus de transformation de l’entrprise n’est pas terminé comme l’indique le titre du rapport, Work In Progress.
En 2022. Yvon Chouinard, le fondateur, au lieu de vendre son entreprise à des financiers, l’avait donnée à... la planète. Littéralement. Via deux structures : le Patagonia Purpose Trust (qui veille aux valeurs), et le Holdfast Collective (qui collecte 98 % des profits pour la conservation des espèces et l’action climatique).
Trois ans plus tard, 180 millions de dollars ont été versés au fonds.
Sauf que (et c’est là que ça devient intéressant pour les managers de proximité), Patagonia reconnaît dans son rapport que chaque produit qu’elle fabrique consomme des ressources non renouvelables. Alors, toute cette communication de l’entreprise n’est que du greenwashing ?
Non. C’est simplement le constat que le travail de transformation est toujours en cours.
Un exemple : les chiffres montrent que les émissions carbone ont augmenté de 2 % l’année dernière. Pourquoi ? Parce que Patagonia a changé ses produit pour des articles plus lourds, plus durables. Elle auraient pu cacher le chiffre. Au lieu de cela, elle le mentionne dans sonrapport d’impact. Dans la présentation du rapport le CEO Ryan Gellert y va franco : “Le progrès n’est pas linéaire. Parfois c’est compliqué et douloureux”.
Trois idées utiles à piquer
1. L’honnêteté radicale. Patagonia dénonce les faux objectifs. La “neutralité carbone” ? Poubelle. Nouveau cap : net zéro en 2040, en réduisant vraiment, non en compensant. Ce n’est pas glamour, mais c’est crédible. Pour une équipe, cela signifie: arrêter les blabla RH ; dire ce qu’on fait vraiment et où cela pêche.
2. La structure actionnariale comme levier de transformation. Si le business model force les dirigeants à faire du court-termisme, aucune “bonne intention” n’y changera rien. Patagonia a donc changé sa mécanique de profit. Cela a pris cinquante ans, mais c’est maintenant gravé dans le marbre. Moralité : la gouvernance et les règles d’engagement ne sont pas là pour le décor.
3. L’importance de raconter les ratés. Patagonia n’a atteint que 6 % de ses objectifs sur les matériaux recyclés secondaires (elle en visait 50 %). Elle le dit. Cela rend le reste crédible.
Patagonia prouve, en action, que transformer l’entreprise de l’intérieur, ce n’est pas de la science fiction. C’est dur, c’est long, c’est paradoxal. Mais c’est faisable.
Quel enseignement un manager peut-il tirer de cette expérience ? C’est d’arrêter d’appliquer bêtement à une entreprise des objectifs qui contredisent sa propre raison d’être. C’est de lancer un défi aux cadres et aux dirigeants : “Et si on changeait les règles du jeu ? “
Patagonia a fait. Imparfaitement. Honnêtement. C’est ça, un modèle.
À lire
Le rapport complet Work In Progress (130 pages)
🌼 Flower power
Le tournesol des handicaps invisibles est un outil simple qui permet de signaler volontairement un handicap ou une affection qui n’est pas immédiatement apparente, et qui peut vous amener à avoir besoin d’aide et de compréhension.
💡 Mais pourquoi s’embêter à travailler ?
Bon, c’est entendu, l’IA va supprimler tous les emplois. Heureusement, la Big Tech américaine possède la solution : les immenses bénéfices créés par l’IA vont permettre de verser un revenu universel à huit milliards d’humains. Pour Elon Musk ce sera sous forme monétaire. Pour Sam Altman (Open IA, ChatGPT), ce serait plutôt sous la forme de tokens (unités de textes générés) gratuits qui permettront à chacun de s’enrichir.
💪 Libres, responsables et bosseurs
Dans une recherche sur le Web, je retombe sur cet article à garder sous le coude. Je ne sais plus si je vous en avais déjà parlé 😧. C’est une recension d’un livre sur “l’organisation responsabilisante” à garder sous l’autre coude. Une véritable méthodo pour dirigeants qui veulent atteindre l’objectif de “développer l’autonomie des opérateurs ou collaborateurs”.
😎 No Future ?
C’est simple mais aussi puissant que la technique des “cinq questions”. Si la prospective vous intéresse, voilà une méthode de questions pour déplacer notre regard sur les futurs possibles. Pas des prédictions, plutôt des angles morts à éclairer.
💂♀️ Un chef c’est fait pour cheffer
Vos angoisses à propos de votre légitimité à manager sont mal venues. Le syndrôme de l’imposteur vous joue des tours et ne serait, en fait, qu’une manifestation d’orgueil ! “Ne vous excusez pas de commander !” Repos, vous pouvez fumer.
😱 Petits boulots pas peinards
Ces “usines à cybercriminalité”, parfois appelés “fermes à fraude” ou “usines à scam (arnaque)”, sont des complexes criminels qui reposent sur un système massif d’exploitation humaine. Ils fonctionnent grâce à des milliers de personnes forcées de devenir des “cyberesclaves”.
🤔 Le reporting tue le travail (et le travailleur)
Le reporting tue la volonté des cadres en les forçant à justifier constamment leurs fondements, transformant des collaborateurs autonomes en exécutants rigides qui pensent moins et obéissent davantage. Heureusement, il existe des solutions, fondées sur une approche philosophique.
Vite dit
La hype dans les restaus fait penser au coworking 🌀 Construit ta tiny house 🌀 Y’a pas que les vidéos de chats mignons dans la vie 🌀 Vous voyez que la visio ça fonctionne.
La manipulation par la sémantique n’est pas nouvelle. Par intérêt, par lâcheté ou par conformisme, le monde de l’entreprise s’y adonne parfois. En voilà un bel exemple.
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