Du travail sur la planche de surf
Où l'on verra que créer une entreprise profitable, efficace et agréable à vivre pour les salariés et les clients est possible. Patagonia l'a fait.
Bienvenue dans cette nouvelle Newsletter de Zevillage. Je suis Xavier de Mazenod. Je vous envoie chaque jeudi, dans votre boîte mail, des idées et des trouvailles pour comprendre ce que nous réserve le futur du travail et pour vous aider à travailler mieux et vivre mieux.
À la question de la semaine dernière, Pour vous, le télétravail est-il encore un problème ? vous avez répondu Ben non à 83%, Ouhla oui à 11% (besoin d’un coup de main ?) et J’sais pas trop à 6%?

Yvon Chouinard est le fondateur de Patagonia, entreprise de vêtements de sport et de montagne. En 2022, il annonçait qu’il cédait ses parts de l’entreprise, et celles de sa famille, à un fonds chargé de distribuer les bénéfices à des associations de défense de l’environnement. Un montant de 100 M$ par an, quand même !
Il aurait pu “prendre ses bénéfices” en vendant son entreprise ou en l’introduisant en bourse. Mais il a préféré faire autrement.
Cette décision ne relevait pas du coup de tête mais d’un état d’esprit, d’une philosophie même, qui existait déjà en 1973 à la création de Patagonia. Une vision du travail, du management et de la finalité de l’entreprise, qu’il détaille dans un livre moitié autobiographie, moitié manifeste, publié en 2005 : Let my people go surfing ! (Confessions d’un entrepreneur… pas comme les autres en version française). Cet ouvrage était, avant son succès, destiné aux salariés de Patagonia.
Le titre du livre résume bien l’aspect bien-être et qualité de vie du projet. Les horaires flexibles sont une des composantes de ce souci des salariés. Par conviction, mais aussi par pragmatisme : le but est “de garder des employés de valeur qui aiment trop leur liberté et le sport pour se contenter des contraintes d’un environnement de travail plus réglementé”.
La création d’une garderie, dès 1984, est un autre dispositif qui permet de retenir les salariés. Le taux de turn over est très faible, de l’ordre de 4%.
Les mesures et les dispositifs qui expriment la culture maison : management souple, confiance envers les salariés, complémentaire santé généreuse, dialogue authentique, congés payés jusqu’à deux mois pour s’engager dans une ONG, douze semaines de télétravail par an, week-ends de trois jours toutes les deux semaines…
La liste est éloquente.
Cette politique de Patagonia vise à améliorer la vie de ses salariés propres mais aussi des travailleurs de l’ensemble de sa chaîne de production. Son engagement se traduit par des certifications reconnues, comme Fair Trade. Mais aussi par une transparence de ses pratiques, une volonté de pousser l’ensemble du secteur textile vers plus d’éthique et de durabilité. Exemple : elle répare gratuitement les vêtements de ses clients.
Patagonia ne possède pas ses propres usines mais travaille avec des partenaires sélectionnés selon des critères stricts (voir la carte interactive). La transparence propre à l’entreprise s’étend aux erreurs éventuellement commises par les sous-traitants. C’est un choix de ne pas mettre la poussière sous le tapis. Il permet d’identifier les problèmes et de les corriger, comme des cas de non-respects des règles sociales ou environnementales.
Cet aperçu de la philosophie de Patagonia montre que forte rentabilité, engagement social et respect de l’environnement sont parfaitement compatibles. Il suffit de vouloir et de comprendre l’esprit de la démarche pour l’adapter au contexte de chaque entreprise.
Une recette pratique pour dépasser les modes abstraites, les gadgets managériaux et les mesures sociales cosmétiques.
Peut-on encore se réaliser au travail
Où sont passés nos rêves d’émancipation par le travail ? est un essai sur la grande désillusion qui frappe le monde du travail en France.
Ce livre que signe Emmanuelle Duez pourrait être un prolongement de celui d’Yvon Chouinard dont je parle ci-dessus.
L’auteure, entrepreneuse et fondatrice du Boson Project, analyse la lente érosion du sens et de l’engagement au travail.
Les chiffres sont implacables : absentéisme en hausse, démissions records, désengagement massif. Le travail, jadis promesse d’ascension sociale et d’accomplissement, n’est plus qu’une source de frustrations et de désillusions.
Emmanuelle Duez pointe du doigt la “permacrise”, cette succession de chocs économiques, sociaux et technologiques, qui a sapé la confiance et l’envie d’y croire.
Elle dénonce aussi le manque de discours motivants et mobilisateurs, l’incapacité des entreprises à se réinventer, et la disparition des modèles qui donnaient l’envie de s’engager.
Pourtant, l’auteure refuse le fatalisme. Elle appelle à réhabiliter le travail comme espace de réalisation, à repenser l’entreprise comme un lieu d’utilité, de dignité et, même, de fraternité.
😱 Manuel de sabotage
Dix techniques commando (voire douze) pour saboter une réunion, et même votre organisation, si vous êtes doué. Garanti par un expert, capitaine de Légion.
🤔 Mettez-vous à votre compte
La “fenêtre d’employabilité” des salariés est de plus en plus étroite. Avant 35 ans, on est trop jeunes et remplaçables par l’IA. En plus, l’IA efface les jeunes. Après 45 ans, on est senior : lent, dépassé et trop cher. Voici quelques pistes et idées de solutions. Vous en avez d’autres, à part devenir freelance ?
🏘️ Sauver les villages
En zone rurale, les centres-bourgs ont tendance à se vider. Comment y remédier ? Voici les pistes proposées par Simon Teyssou, architecte-urbaniste dans le Cantal, qui œuvre pour redonner vie aux villages délaissés.
🤡 Fake news
D’après cet article, annoncé à la Une, de la célèbre Harvard Business Review, le travail hybride ne fonctionne toujours pas. Témoignages à l’appui !
😳 Le travail me stresse
Trois conseils pour réduire le stress au travail : travailler en deçà d’un certain volume horaire hebdomadaire, avoir un sommeil optimal et limiter la sédentarité. C’est simple, non ?
🏆 Fumée blanche
Bon, c’est raté pour le conclave, celui de Matignon. On passera sur l’archaïsme du jeu des participants (et des politiques) tendus sur leurs postures habituelles. On notera plutôt que les jeunes restent à la porte, ce qui nous prépare une guerre de générations. Pfff.
❤️ I Love IA
Ce rapport examine des usages positifs de l’IA générative dans le monde du travail pour lutter contre l’exclusion, favoriser les parcours, faciliter les transitions et enrichir le contenu du travail.
Vite dit
Tu n’as pas d’idée pour des posts Linkedin ? Pas grave 🌀 Licenciée de l’Assurance maladie à cause d’AirBnB 🌀 Ce monde est fou 🌀 C’est plus long, mais ça marche mieux.
Cela fait drôlement plaisir un clic sur le 🩷 ci-dessous. Cela me montre que vous êtes là, attentifs, et cela me donne du cœur à l’ouvrage.
Vous pouvez aussi me retrouver sur Linkedin. J’y vais, parfois.
Je vous en prie 😉
Oui c'est possible, il suffit de le vouloir. Au moins d'essayer.
Je suis convaincu que les blocages sont d'abord psychologiques et un problème de "modèles mentaux" comme les appelle Philippe Silberzahn.
Il n'y a qu'à voir les pitoyables gesticulations à propos du retour au bureau et l'agitation autour des renouvellements d'accord d'entreprises sur le télétravail.
Bravo et merci de m’avoir donné un peu d’espoir avec l’exemple de Patagonia: c’est possible !