Le Future Of Work, rien que du bullshit ?
L'expression Future Of Work peut exprimer un souci prospectif du monde du travail. Mais elle illustre aussi un gros n'importe quoi, fait de légèretés, de modes, d'intérêts cachés.
Bienvenue dans cette nouvelle Newsletter de Zevillage. Je suis Xavier de Mazenod. Je vous envoie chaque jeudi, dans votre boîte mail, des idées et des trouvailles pour comprendre ce que nous réserve le futur du travail et pour vous aider à travailler mieux et vivre mieux.
Si vous faites partie de ceux à qui on a transmis la newsletter de Zevillage, abonnez-vous, c’est par ici, et c’est gratuit.
Édito plus court
Retour vers le Future Of Work
Je vais vous faire une confidence : je n’ai jamais aimé l’expression Future Of Work. D’abord parce qu’elle sous-entend que le futur est tout tracé, inéluctable. Ensuite, parce qu’il restreint souvent le champ d’observation du travail à des thèmes lié à l’emploi ou au management.
Le sujet du travail, pour moi comme pour beaucoup, est imbriqué dans tous les aspects de notre vie : l’habitat, l’environnement, l’aménagement du territoire, les nouveaux espaces, les modes de transport, la santé…
Pourquoi alors utiliser cette expression Future Of Work ? Par soumission aux règles du référencement et du classement thématique des hashtags. Mais, plus ça va, moins ça me va : je me sens à l’étroit.
Chaque semaine je vous fais part de mes découvertes, de lectures ou de vidéos. J’essaye de comprendre, d’interpréter les signes d’évolution (ou pas) du monde du travail. Une modeste prospective, en totale indépendance, qui tente de naviguer entre les modes, le lobbying et le conformisme.
C’est peu dire que cet article Le « Future of Work », entre prospective et mirage recommandé par mon ami Yann Gourvennec, m’a conforté dans cette position.
Son auteur, Loïc Le Morlec, y relève les affirmations péremptoires, les légèretés méthodologiques, les comportements moutonniers, à propos de l’évolution du travail. Deux exemples parmi ceux qu’il cite : une étude de l’OCDE sur la durée de vie des compétences… qui n’a jamais existé. Ou le buzz autour de l’explosion du nombre de freelances… infirmée par la réalité des chiffres de l’Insee.
Le Future Of Work est aussi un formidable canal de communication et de lobbying. Le futur est inéluctable : achetez mon produit, ma formation, votre entreprise sera sauvée !
Loïc Le Morlec voit dans les prédictions et affirmations impératives un effet encore plus pervers : “Les prédictions extrêmes ont pour conséquence de laisser de côté les problèmes actuels et, plus généralement, la complexité du monde du travail. Pourquoi s'inquiéter de ces enjeux alors même qu'ils devraient être rapidement balayés par la vague de rupture annoncée et l’apparition rapide d'un nouveau monde ?”
Comment retrouver ses petits dans la masse d’informations sur les changements du monde du travail ? Quelques principes méthodologiques vous aideront : vérifiez les sources de l’information. Est-ce la reprise de reprise d’un article non vérifié ou émane-t-il d’une source fiable ? L’étude citée porte-t-elle sur un échantillon de milliers de personnes ou sur un panel de 50 personnes sondées par téléphone ?
Ce travail de filtre, je le fais pour vous chaque semaine. La curiosité me meut. Je révoque en doute les allégations trouvées, je pense contre moi-même et, quand je me trompe, je le dis.
On se fiche de l’étiquette de Future Of Work, vous savez maintenant ce que je mets derrière.
2e info à ne pas rater
Un rouleau compresseur, pas une révolution
Le rapport "People at Work 2024" d'ADP Research Institute est, comme les précédents, à prendre au sérieux. Cette étude, menée auprès de plus de 32 000 salariés dans 17 pays, révèle les tendances qui façonnent l'avenir de l'emploi.
Pas de révolution mais une confirmation des attentes repérées les années précédentes.
La flexibilité est devenue un critère essentiel pour les salariés, avec 63% des travailleurs prêts à envisager un changement d'emploi pour obtenir plus de souplesse dans leurs horaires ou leur lieu de travail. La recherche d’un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle se confirme.
L'étude met également en lumière l'importance croissante du bien-être au travail. Les salariés accordent une attention particulière à leur santé mentale et à leur épanouissement professionnel.
L'intelligence artificielle (IA) émerge comme un facteur de transformation. Si 40% des travailleurs voient l'IA comme une opportunité d'améliorer leur productivité, 28% craignent qu'elle ne menace leur emploi. Cette ambivalence souligne la nécessité pour les entreprises d'accompagner leurs employés dans cette transition technologique. La formation continue et le développement des compétences apparaissent donc comme des enjeux essentiels. Les salariés expriment un fort besoin de se former pour rester compétitifs.
Enfin, le rapport souligne l'importance grandissante des valeurs d'entreprise. Les salariés sont de plus en plus attentifs à l'alignement entre leurs propres valeurs et celles de leur employeur, notamment en matière de responsabilité sociale et environnementale.
La conclusion du rapport n’est pas surprenante : les entreprises qui sauront s'adapter à ces nouvelles attentes seront les mieux placées pour attirer et retenir les talents dans les années à venir.
☹️ Je suis déçu
Malgré les efforts faits dans le processus de recrutement, il semble que les entreprises déçoivent beaucoup, surtout la Génération Z. Comment inverser la tendance de cette mauvaise “expérience candidats” ?
✌🏻 Essayer, c’est l’adopter
La semaine de quatre jours est encore rare en Suisse. Reportage chez 23bis, une société lausannoise qui profite de ce dispositif depuis deux ans.
⚡️ Façon puzzle
L’intelligence artificielle ne met pas fin au travail, elle le pulvérise ! Il ne disparaîtra pas, mais connaîtra des transformations profondes.
😎 Avis d’expert
C’est Jean-Marc Jancovici qui le dit : toutes les modalités de mise en œuvre du télétravail n’ont pas la même “vertu environnementale”.
🪖 Taillage de short
Julia de Funès se faire allumer grave par Jean-Noël et par Gregory pour la “légèreté intellectuelle”, “la méthode” et la “communication” de son dernier livre, La vertu dangereuse.
😾 Dégraissage ?
Et si l’obligation de revenir au bureau était une manière de pousser les salariés vers la sortie ? C’est ce que pensent plusieurs experts alors qu’une grève a éclaté chez Ubisoft après l’annonce du retour au bureau.
🤔 Vrai ou faux ?
À quoi ressembleront ces métiers du futur qui n’existent pas encore ? Bien des professionnels aiment à répéter que « 85 % des emplois de 2030 sont encore à créer ». Vrai ou faux ?
Vite dit
Sur l’autoroute, un Français sur quatre jette ses déchets par la fenêtre 🌀 Comment dompter les algorithmes ? 🌀 Les cyclistes ne respectent pas le code de la route, vraiment ? 🌀 Nouvel avis de décès du CV 🌀 L’Allemagne, gloire industrielle du passé.
Le petit cadeau de départ de cette semaine n’a rien à voir avec le Future Of Work. C’est juste que l’imitation et le numéro d’acteur de Philippe Duquesne valaient le détour.
Cela fait drôlement plaisir un clic sur le 🩷 ci-dessous. Cela me montre que vous êtes là, attentifs.
Vous pouvez aussi faire connaître la newsletter de Zevillage à vos amis, ou à ceux que vous aimeriez avoir comme ami. Par exemple en la faisant connaître à vos proches sur WhatsApp : c’est tout simple, il suffit de cliquer.
Vous pouvez aussi me retrouver sur Linkedin.
Merci Cécile pour ce commentaire.
Je partage votre avis sur le FOW.
À propos des signaux faibles, il faut bien voir, comme le dit Philippe Silberzahn, qu'ils ne permettent pas de prédire l'avenir. Ce n'est qu'après coup qu'on peut reconnaître qu'un signal faible était le bon. Pas avant l'événement :
https://philippesilberzahn.com/2017/09/25/ne-comptez-pas-trop-sur-les-signaux-faibles-pour-anticiper-avenir/
Je suis également d'accord avec l'invisibilisation de toute une partie de la population dans le sujet du FOW. Soit parce qu'ils sont non salariés, soit parce qu'ils sont " travailleurs essentiels " dont le métier n'est pas glamour dans Linkedin.
Bonjour Xavier,
Merci pour cette salutaire prise de distance par rapport à tous les contenus produits à la va-vite à grand renfort de buzz words et de pseudo-tendances issues de soi-disantes études... L'article cité est intéressant. Pour ma part, j'utilise volontiers l'expression "future of work" non pas pour prédire une révolution inéluctable, mais pour simplement dire mon intérêt envers le sujet de l'évolution du travail. Lequel n'évolue pas de la même façon ni à la même vitesse pour tout le monde. Les tendances ne sont souvent que des moyennes qui ne veulent pas dire grand-chose, sauf si elles sont des signaux faibles qui deviennent de moins en moins faibles - se méfier cependant des signaux faibles amplifiés par les réseaux sociaux et les consultants.
Je vais ce week-end de 3 jours en province, retrouver parmi les membres de ma famille une opticienne, un représentant de commerce, un pédiatre, une institutrice, un photographe... Bref, que des gens dont ne parlent jamais les posts de LinkedIn et qui d'ailleurs ne sont pas sur LinkedIn. Pour autant, ils sont aussi concernés par le future of work, on parle reconversion, motivation, équilibre... sans les buzz words. Une déconnection salutaire !