Le cercle des cadres disparus (en télétravail)
On apprend cette semaine que les cadres sont extrêmement attachés au télétravail. Ils n'envisagent pas de rejoindre une entreprise qui ne le propose pas. Ce qui n'empêche pas leur lucidité.
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Cette semaine j’avais prévu de vous parler de la langue de bois en entreprise. C’est partie remise, pour la semaine prochaine, car une étude de l’Association pour l’emploi des cadres (Apec) sur le télétravail des cadres est sortie mardi. Et elle dépote.
L’enquête fait apparaître que 69 % des cadres seraient mécontents en cas de réduction du télétravail dans leur entreprise. Un chiffre qui grimpe à près de 82 % en cas de suppression totale. Et la moitié des cadres pratiquant le télétravail n’envisageraient pas de rejoindre une entreprise n’offrant pas cette liberté.
Il faut dire que cette organisation du travail est bien installée en entreprise. Les cadres sont 61% à pratiquer le travail hybride, entre 1 et 4 jours de télétravail par semaine, et même 67% à le pratiquer si l’on compte ceux qui y ont recours au moins un jour par semaine.
Des différences persistent selon la taille d’entreprise, mais la pratique du télétravail gagne du terrain dans les TPE-PME : +8% en un an dans les TPE et +4% dans les PME.
Preuve de maturité, les cadres adaptent désormais leurs activités en fonction du lieu où ils travaillent : les réunions, surtout avec les équipes, majoritairement en présentiel; et gestion administrative, ou travail de fond sur les projets, lors des périodes à distance.
Maturité encore : les personnes interrogées dans l’enquête sont lucides quant aux dangers et donc aptes à définir les points de vigilance concernant le télétravail. Les cadres sont :
48% à reconnaître qu’il ne permet pas une bonne intégration des salariés dans les équipes
46% à juger qu’il gêne l’apprentissage entre collègues
41% à trouver qu’il provoque un appauvrissement des relations avec les collègues
40% à mal vivre le vide dans les bureaux quand ils travaillent sur site
30% à éprouver des difficultés à organiser des réunions.
Les cadres reconnaissent également, à 40%, que la séparation des sphères professionnelle et personnelle est parfois difficile en télétravail. Un ressenti qui monte à 47% chez les moins de 35 ans. Différence compréhensible, comme nous l’avons vu la semaine dernière à propos du travail chez les jeunes : en début de carrière on a besoin de plus de contacts avec les collègues pour s’intégrer, apprendre et progresser.
On se doute bien que si les cadres sont tellement attachés au travail hybride, c’est qu’ils lui trouvent plus d’avantages que d’inconvénients. Des avantages classiques, avancés depuis longtemps par tous les télétravailleurs. Ils jugent essentiel ou important :
la diminution du temps passé dans les transports (88%)
la possibilité de travailler au calme (87%)
la flexibilité dans les horaires de travail (85%)
la possibilité de gérer les imprévus (85%)
l’autonomie dans le travail (78%).
Ils jugent également essentiel ou important :
de tirer partie des temps de pause (56%)
de s’occuper d’avantage des enfants (56%)
d’habiter plus loin de son lieu de travail (53%).
Le travail hybride est parti pour durer si l’on en juge par l’opinion très raisonnable des cadres sondés. De quoi réfléchir avant de faire machine arrière sur le sujet.
🟥 Voir l’étude Télétravail des cadres (PDF) de l’Apec
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Xavier Gorce a été dessinateur au Monde et il exerce aujourd’hui au Point. Cette semaine, ses Indégivrables auraient pu figurer dans l’enquête de l’Apec :
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