La déterritorialisation du travail
Pour Jean-Laurent Cassely, journaliste et écrivain, le grand changement du travail réside dans sa déterritorialisation : on travaille dans les cafés, les parcs, les chambres d'hôtes, le train...
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L’invité de la semaine
Cette semaine, dans notre rubrique “invité”, je reçois Jean-Laurent Cassely, journaliste et essayiste. Il a récemment co-écrit le fameux essai-enquête La France sous nos yeux avec Jérôme Fourquet. Son regard particulier l’amène à observer les évolutions de la société et des territoires sous des angles originaux : les ronds-points, les kebabs, les neo-ruraux ou les salles d’escalade.
Comme tous les invités de cette série, Jean-Laurent répond à notre question : "Quel est, selon vous, le changement le plus important en cours dans le monde du travail, celui qui a le plus de conséquences ?"
La rencontre des outils numériques, de l’évolution des territoires et des aspirations à un meilleur équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle donne naissance à un nouveau rapport aux lieux dans lesquels on travaille ; ces lieux ne sont pas toujours des lieux de travail : il peut s’agir de cafés, d’une chambre dans un logement, de parcs municipaux équipés d’une connexion wifi ou de modes de transport (le train).
Par ailleurs, même les lieux de travail font tout pour ressembler... à des lieux de détente, dans lesquels le cadre et les interactions avec les autres collaborateurs sont valorisés : c’est ce qu’a popularisé l’industrie du coworking.
Des termes jargonnant comme “ bleisure “ (business + leisure) traduisent aussi cet enchevêtrement des temps et des lieux (on peut travailler ailleurs qu’au bureau mais aussi ailleurs que dans sa ville, par exemple lors d’un séjour à l’étranger). Les digital nomads illustrent cette nouvelle réalité ; comme le coworking en son temps, il s’agit d’une élite alternative des modes de vie qui sera peut-être imitée plus largement par d’autres classes de travailleurs.
De même dans l’hôtellerie, la tendance lifestyle consiste à proposer des lieux hybrides qui correspondent aux attentes des touristes comme aux cadres en déplacement. Les spécialistes du bureau payent les conséquences de ces évolutions : le bureau sans qualité, simple chaîne de montage tertiaire en parc d’affaires dans un quartier monofonctionnel ne fait plus rêver.
Prolongements et manifestations possibles de la tendance : chambre d'hôte avec wifi, village-vacances qui devient espace de séminaire, bureau-hôtel, digital nomads de montagne ou de bord de mer, classement des meilleures destinations pour travailler en vacances.
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Le cri du coeur
On avait vu lors des précédentes journées contre la réforme des retraites ces témoignages de jeunes manifestants affirmant ne plus vouloir “payer pour les retraites des vieux”.
Cette fois-ci c'est encore plus franc. Est-ce la fin annoncée des retraites par répartition ou la fin des retraites tout court ? 😉
🏨 Bonjour, je voudrai réserver un bureau
S’inspirer du secteur hôtelier pourrait permettre de faire du lieu de travail un véritable lieu de destination en proposant une “expérience unique”, reflet de la culture de l’entreprise.
✊ Tout le monde déteste le travail
Notre hiérarchie sociale présente le spectacle singulier d'une minorité, pour qui le travail est gratifiant et doux. Elle ne cesse d’enjoindre que travailler est formidable à un grand nombre qui pense que, à contrario, le travail est humiliant et dur.
🚴♀️ Le vélotaf à la campagne, c’est possible
Pour favoriser l’usage du vélo et sécuriser sa pratique dans les zones rurales, le conseil département de la Somme aménage des “chaucidous” sur plusieurs routes départementales secondaires. Simple, malin et peu cher.
🛠️ Tous entrepreneurs ?
Cet article argumenté insiste sur la distinction entre les entrepreneurs et les autoentrepreneurs qui ne seraient que des auto-employés et pas des entrepreneurs. Motif : cela perturbe les politiques publiques. Mais a-t-on besoin de créer une multinationale pour entreprendre ?
🚑 Le présentéisme, so frenchie
Par présentéisme on entendait cette culture de la présence au bureau. Il semblerait que la définition ait changé : “Phénomène qui consiste à travailler sans que l'état physique ou moral ne le permette ou empêche d'être correctement productif”. Une situation résumée en détail dans cette longue infographie.
👌 L’important c’est de participer
Les entreprises coopératives permettent un engagement important des salariés dans les décisions de l’entreprise. Ces “coop” emploient 1,3 million de salariés, soit 5% de la part de l’emploi en France. Leur chiffre d’affaires cumulé était de 330 milliards d’euros en 2020.
👍 Le télétravail en coworking
Il y a un an, un entrepreneur de Mâcon (Saône-et-Loire) crée le "chèque télétravail", une plateforme qui offre aux salariés la possibilité d’utiliser un espace de travail près de chez eux. Le coût est à la charge de l’entreprise.
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Manhattan survivra-t-il au télétravail ?
Le télétravail risque de coûter très cher au premier centre financier du monde. Le manque à gagner dû à l’absence de nombreux cols blancs en début et en fin de semaine a déjà un impact spectaculaire sur les restaurants, les hôtels, les transports en commun ou l’immobilier de bureau de Manhattan. Et ce n’est pas nouveau, le travail à distance change le visage de la ville.
À Montréal, on s’interroge sur l’urgence de reconvertir les immeubles de bureaux.
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Vite dit
Et voilà le concept de la semaine, le ressenteeism 🌀 Télétravail : Saint-Gobain repense ses bureaux 🌀 Habitat : les logements qui réinventent les relations 🌀 Le storytelling, histoire d'une dérive managériale 🌀 La tyrannie du divertissement 🌀 Après les manifs, quel avenir pour les syndicats ? 🌀 Séisme suisse.
L’union fait la force comme disent nos voisins Belges. Et c’est vrai que la coopération et l’intelligence collective peuvent produire plus et mieux que la somme des individualités.
Et voilà, c’est fini pour cette semaine, vous pouvez retourner travailler dans votre bureau fermé ou regarder la pluie tomber (enfin !). 🌂
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Merci pour ce contrepoint.
Bonjour,
Pour alimenter le débat entrepreneur vs auto-entrepreneur, je signale cet article : https://fr.irefeurope.org/publications/articles/article/non-les-entreprises-ne-sont-pas-pres-de-disparaitre/