La campagne qui invente le futur
La France rurale subit la caricature, le cliché et du sentiment de relégation. Dans la réalité, cette France oubliée des politiques, invente un futur de la vie et du travail désirable.
Bienvenue dans cette nouvelle Newsletter de Zevillage. Je suis Xavier de Mazenod. Je vous envoie chaque jeudi, dans votre boîte mail, des idées et des trouvailles pour comprendre ce que nous réserve le futur du travail et pour vous aider à travailler mieux et vivre mieux.
Ploucs, pedzouillles, bouseux, péquenauds, pécores, culs-terreux… : c’est incroyable le nombre de surnoms péjoratifs donnés aux paysans et, par extension, aux habitants qui “sortent de leur campagne” ! On pourrait même écrire “de leur cambrousse”. Un symbole, urbano-centré, de la France vue depuis l’intérieur du périphérique parisien.
Je ne vous refais pas le constat de la France oubliée, de la compassion parisienne condescendante, du regard misérabiliste sur la France rurale. Vous le connaissez certainement.
Il y a du vrai dans les difficultés rencontrées par les ruraux : emploi plus rare que dans les métropoles, mobilités difficiles, services publics qui s’éloignent, désert médical… Mais la “France des régions” souffre d’abord de l’image, fausse, véhiculée. Ou de pas d’image du tout : l’invisibilisation révélée par l’étude Paroles de campagne: réalités et imaginaires de la ruralité française (PDF) publiée par Destin commun en partenariat avec Bouge ton Coq, InSite et Rura.
La méthodologie de l’enquête est originale et évite les biais qui sous-représentent habituellement la campagne dans les études : elle s’appuie sur une enquête d’opinion géo-référencée et des groupes de discussion. Les ruraux représentent 33 % de la population française, mais sont sous-représentés dans les enquêtes d’opinion (20 % des répondants), en raison de définitions floues de la ruralité et d’une difficulté à se nommer et à se faire entendre.
Mal connue des urbains, la France rurale subit les idées toutes faites : non, elle n’est pas essentiellement peuplée de paysans (5,7% de la population active à la campagne) ni de chasseurs (seulement 4% pratiquent la chasse). Les répondants à l’enquête estiment à 83 % que “les médias et les politiques imposent souvent une vision caricaturale de la ruralité depuis la ville”.
Comme 36% des répondants à l’enquête, je me marre : il paraît que les ruraux ne sont pas très attaché à l’hygiène quotidienne ! La quasi totalité pense que c’est faux mais ça agace.
Des caricatures qui ont la vie dure, tout comme le supposé antagonisme ville-campagne. En réalité, les ruraux et les urbains ont les mêmes aspirations, consomment de la même manière (à 87% au supermarché et pas dans les circuits courts…), sont aussi présents sur les réseaux sociaux, partagent les mêmes difficultés d’accès aux services essentiels. En plus grave pour les ruraux à cause de la distance qui cause également des problèmes de mobilité.
L’accumulation de ces difficultés de vie en milieu rural nourrit un sentiment de relégation chez les personnes interrogées. Il se structure autour de trois pôles : politique (81 % estiment que les partis politiques privilégient les villes), culturel (81% pensent que les urbains ne comprennent pas leur mode de vie), et économique (76% jugent que les campagnes donnent plus à l’État qu’elles ne reçoivent).
L’étude est claire sur ce sujet : la réalité de la vie rurale c’est l’inventivité, la débrouille et l’entraide qui rendent la vie plus facile. Et, à certains égards, plus facile qu’en ville. À 79 %, les ruraux ont choisi leur mode de vie, contre 72 % pour les urbains. Les ruraux sont unis par la recherche de tranquillité et l’attachement à la nature.
Il y a trois ans, je vous parlais ici de la campagne qui rit, la campagne qui se prend en main. Dans la dernière édition de sa newsletter,
cite des exemples positifs de revitalisation du monde rural et propose des idées pour faciliter l’entrepreneuriat en milieu rural.La vie à la campagne n’est plus vue comme un héritage du passé révèle l’étude de Destin commun. Elle est même un modèle pour l’avenir du pays : relocalisation, autonomie alimentaire et énergétique, résilience, coopération locale. Et 81 % des Français pensent qu’il faudrait davantage s’inspirer des zones rurales pour résoudre beaucoup de problèmes nationaux.
😱 Giga-factories et batterie “souveraines”
C’est chouette ces giga-factories grâce auxquelles nous allons devenir autonomes en batteries de voiture. Ah non finalement, ce patriotisme d’apparat cache une dépendance bien réelle à, la Chine. Zut, encore raté !
🤣 Tu dis quoi ?
Game changer, lead, ASAP : le vocabulaire du bureau ne veut parfois rien dire. Derrière le vernis managérial, un lexique creux, reflet d’un monde du travail qui s’épuise à vouloir tout dire… sans plus rien exprimer.
👏 Sept mille employés et zéro manager
Non, ce n’est pas le retour de l’entreprise libérée. Cette entreprise japonaise, qui produit des machines pour découper les semi-conducteurs, a mis en place une organisation sans manager. Un système qui repose sur… une monnaie virtuelle. Et cela bouleverse tout.
✊ Vive la liberté
C’est chouette la vie de freelance : plus de patron (hormis les clients), la liberté de vivre où je veux, et en pyjama si je veux. Mais il y a des petits hics, comme les paiements à 45 jours fin de mois ou la prospection de clients.
🍷 À la vôtre
À Hunspach, en Alsace, le bistrot est LE lieu de rencontre du village. Il est géré par la même famille depuis 1835 et vient d'être labellisé "bistrot de pays",. Nicolas, le jeune patron, a abandonné son bureau et ses feuilles Excel pour reprendre, à la septième génération, le bistrot familial.
👮 Tremblement de terre
Vertical, cloisonné, peu reconnaissant : le management à la française détonne en face des pratiques, courantes en Europe, de management participatif et responsabilisant. Peut-on vraiment changer notre management ?
😩 Ça va encore être la faute du télétravail !
Le travail hybride a tué le mythe du manager dont la simple présence suffit à inspirer. Bienvenue dans l’ère du leadership hybride, où il ne suffit plus d’être là : il faut vraiment manager.
Merci à vous, lectrices et lecteurs, qui m’envoyez des informations. Je vous en prie, continuez 👏
Vite dit
J’adore prendre un bouillon, et vous ? 🌀 Arrête, tu me déconcentres 🌀 Le vélotaf rural a de l’avenir 🌀 La vente à emporter est devenue une culture.
Ce n’est pas facile de quitter un emploi bien payé pour basculer dans l’indépendance précaire et incertaine. Mais, quand on aime, on ne compte pas.
Cela fait drôlement plaisir un clic sur le 🩷 ci-dessous. Cela me montre que vous êtes là, attentifs, et cela me donne du cœur à l’ouvrage.
Vous pouvez aussi me retrouver sur Linkedin. J’y vais, parfois.