Bienvenue dans cette édition de la newsletter de Zevillage. Comme chaque jeudi, je partage avec vous une analyse à propos de l’évolution du travail et une sélection de notre veille pour vous donner envie et vous aider à vous engager dans la transformation du travail. Et merci à ceux qui m’envoient des petites infos ou des messages de soutien 🙏 .
Xavier de Mazenod
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La bureaucratie, spécialité française
Vous l’avez certainement déjà constaté, nous sommes parmi les champions du monde de la bureaucratie. On vit avec, cela fait partie de notre quotidien. Mais cela engendre beaucoup d’énergie perdue, de gaspillage, d’inefficacité et de ressentiment. Souvenez-vous des revendications des Gilets jaunes (article sous paywall).
La semaine dernière, le Monde publiait un article détaillant la “machine d’Etat” en charge de la lutte contre la Covid-19. Accrochez-vous, voilà la liste de l’empilement des structures 🤦 :
La hiérarchie décisionnaire
le président de la République
le conseil de défense sanitaire
le premier ministre et son gouvernement
le ministre de la santé
la Task force vaccination (mission interministérielle)
les cabinets de conseil privés : McKinsey, Accenture, Citwell et JLL
le ministère de l’intérieur
les préfets
les maires
le Parlement (Assemblée nationale et Sénat)
la commission d’enquête du Sénat
la commission d’enquête de l’Assemblée nationale
la Mission d'évaluation de l’exécutif sur la gestion de la crise liée au Covid-19
Les organismes en charge de la mise en oeuvre des décisions
la direction générale de la Santé
Santé publique France
les 18 ARS (agences régionales de santé)
la DGOS (direction générale de l’offre de soins)
la DGCS (direction générale de la cohésion sociale)
la direction de la sécurité sociale
l'assurance maladie
l'ANSM (agence nationale de sécurité du médicament)
Les instances de conseil
la HAS (Haute Autorité de santé)
le HCSP (Haut Conseil de la santé publique)
le CCNE (Comité consultatif national d’éthique)
le Comité analyse, recherche et expertise (CARE)
l'Académie nationale de médecine
l'Ordre national des médecins
le conseil scientifique Covid-19
le comité scientifique sur les vaccins Covid-19
le conseil d'orientation de la stratégie vaccinale
le conseil citoyen sur la vaccination.
Une bonne affaire pour les médias qui n’ont pas manqué d’experts pour les interviews et tables-rondes. Moins pour le pays qui a donné l’impression d’un grand cafouillage, les uns contredisant sans cesse les autres. Et, surtout, un bon résumé de notre esprit bureaucratique.
On pourrait en rire avec Courteline ou en pleurer avec Kafka. Si cette situation ne pourrissait pas notre vie quotidienne (coucou les 11 000 lois, les 400 000 normes et les règlements absurdes). En cadeau, voilà ci-dessous, l’intégrale du film (1959) adapté de Messieurs les ronds de cuir de Courteline.
Certes, les 6 millions de fonctionnaires et salariés du para-public contribuent à cette situation. Mais si l’organisation de l’administration se prête bien à “l’esprit de bureau”, le secteur privé n’est pas épargné.
La bureaucratie de l’entreprise
La bureaucratie c’est une mentalité et une tentation qui nous guette tous, par culture et par facilité. La paperasse, les contrôles, les évaluations abusives, les KPI (Key Performance Indicator) au service d’un management toxique envahissent l’entreprise. Sous prétexte de rationaliser l’activité, on manage les salariés avec des tableaux Excel !
Sauf que, là aussi, “l’esprit de bureau” tend à gélifier, à geler, à ralentir l’entreprise qui est moins réactive, moins souple, mois adaptable alors que le monde change en permanence.
On a observé ce manque d’adaptabilité avec la pandémie de coronavirus. Combien d’entreprises ont été prises au dépourvu lors du 1er confinement et la mise en place obligatoire du télétravail ? Combien manquent encore de souplesse aujourd’hui ?
On fait quoi ?
Il ne s’agit pas de jeter la pierre à une catégorie de la population qui serait responsable de cette dérive bureaucratique. Nous sommes tous responsables. Les élus qui veulent exister en pondant de nouvelles lois. Le système de gouvernement qui légifère sur l’instant à chaque nouveau problème qui surgit dans l’actualité. Les dirigeants d’entreprises ou d’administrations qui ne se posent pas de questions. L’encadrement qui se réfugie derrière le règlement. Et chacun de nous, enfin, qui accepte ce système parce qu’il nous profite aussi un peu.
Les organisations, publiques ou privées, sont constituées d’humains. Elles réagissent donc comme des humains, nous le savons depuis Michel Crozier et son Centre de sociologie des organisations. Dès qu’une organisation est créée, elle commence par organiser sa survie et son développement. Ce qui explique que l’on n’arrive pas à se débarrasser de comités Théodule qui ne sont pourtant plus utiles.
Dans le secteur privé, la sanction économique de la lourdeur bureaucratique et du manque d’adaptabilité finit toujours par arriver. Dans le secteur public, c’est plus dur et plus long. Mais la complexité engendre même des business comme ce service en ligne pour alléger les lourdeurs administratives liées à l’embauche.
Je me garderai bien de proposer un remède, une solution miracle, un programme politique pour en finir avec la bureaucratie : je n’en ai pas. Mais peut-être pourrions-nous commencer par une prise de conscience collective, par une introspection de nos pratiques ? Par nous demander en quoi nous contribuons à fabriquer, à participer, à profiter et à accepter ce mal bureaucratique ?
👉 Merci pour votre participation à notre petite enquête. Vous pouvez retrouver les résultats dans cet article de Zevillage.
Vous avez peut-êtres de remarques ou idées à ajouter ? Dites-le, c’est maintenant :
Vite dit
👉 Comment attirer les talents ? Plus avec de l’argent
L’argument financier continue à séduire certaines générations d’actifs, ce n’est pas ce qui charme les plus jeunes. Dorénavant, il ne s’agit plus nécessairement d’une question d’argent.
👉 Télétravail, une bonne nouvelle
David Blay, journaliste et auteur, nous explique les grandes lignes des perspectives d’emploi qui se dessinent avec la généralisation du travail à distance à l’échelle mondiale.
👉 Ce que la Covid-19 a changé pour les managers
Cohésion d’équipe, bien-être des salariés, autonomie, confiance : pour les managers, les défis sont nombreux. Et le resteront si le travail à distance s’implante durablement après la crise. Merci à Courrier cadres pour l’interview ;-)
👉 Numérique et PME : ouhla !
Il y a encore du boulot : 85 % des dirigeants de TPE ne seraient pas à l'aise avec le terme de “transformation numérique”, 79 % ne sauraient pas précisément ce qu'est un logiciel de cloud computing et 70 % ne savent pas précisément ce qu'est le référencement d'une page internet.
👉 Je veux habiter dans une tour de la Défense
On a abordé le sujet sur Zevillage il n’y a pas longtemps. Avec la crise sanitaire et le développement du télétravail, des milliers de bureaux ne sont plus occupés et pourraient être transformés en logements. Pas si facile.
👉 Eviter la zoom-fatigue
Vous commencez le télétravail ? Voici quelques astuces pour animer vos réunions comme un pro. C’est Zoom qui le dite.
👉 J’en peux plus
Télétravail, dépistages, chômage partiel... Les DRH ont passé l'année dernière à ajuster l'organisation de leurs entreprises aux impératifs de l'urgence sanitaire. A la crise du Covid, s'ajoutent désormais en 2021 les crises économique, sociale et psychologique.
Avant de partir
C’est fini pour cette semaine. Une petite trouvaille si vous cherchez une maison écolo en matériaux recyclés : des coques de café.
Un dernier truc
Avant de faire vos valises, si vous aimez cette newsletter pensez à nous laisser un like en cliquant sur le petit ❤️ ci-dessous ;-). Et puis je vous laisse avec ce sujet de méditation : sommes-nous vraiment plus intelligents que les animaux ?
La solution à l'administration tentaculaire est la responsabilité individuelle. Dès lors que chacun peut être personnellement mis en cause pour de mauvaises décisions qui ont entrainé des pertes voire des accidents ou des conséquences néfastes, personne ne se précipite dans les comité "décisionnaires".. Chacun se concentre sur sa tache..C'est quand même déjà le cas de nombre de travailleurs, ingénieurs, médecins..etc..et cela devrait concerner tout le monde RH, politiques syndicalistes...