Je ne peux pas travailler, j'ai poney
Au yeux de beaucoup de managers, les salariés ne veulent plus travailler. La preuve : ils veulent télétravailler ou ils se désengagent. Et s'ils aimaient toujours le travail ? Mais plus celui d'avant.
Bienvenue dans cette nouvelle Newsletter de Zevillage. C’est la dernière de l’année, je fais ensuite une petite pause épistolaire de fin d’année et nous nous retrouvons début janvier. D’ici-là, je vous souhaite un joyeux Noël et de beaux réveillons. 🎅🍾🥂🎉
Je suis Xavier de Mazenod. Je vous envoie chaque jeudi, dans votre boîte mail, des idées et des trouvailles pour comprendre ce que nous réserve le futur du travail et vous aider à travailler mieux et vivre mieux.
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Le semaine dernière, je m’étais placé du point de vue des salariés victimes du manque de confiance de leurs employeurs. Cette semaine, je veux me mettre du côté des entreprises qui ont vraiment beaucoup de mal avec les changements sociologiques du travail.
“Cette nouvelle étape de déstructuration des lieux et temps de travail constitue une révolution pour les managers” nous expliquait ici, au début de l’année, le sociologue Alain d’Iribarne.
Ce n’est plus un secret que la Covid a servi de révélateur de nos conditions de travail. Les confinements et le télétravail forcé d’une part importante de la population active, la prise de distance avec autrui, le chômage technique partiel, nous ont poussé à réfléchir à notre travail. Et nous ont donné de nouvelles habitudes.
Cahin-caha, tout le monde s’est remis au boulot et le travail hybride est passé dans les mœurs, faute d’être passé dans les coeurs. Je ne vous rejoue pas tout le film des trois dernières années, mais vous connaissez le pitch : Grande démission, recherche de sens, emplois vacants, démotivation, recherche d’un équilibre entre travail et vie privée…
De quoi donner l’impression aux entreprises que plus personne ne veut travailler !
Travailler oui, mais plus comme avant
Prenez le sujet de l’année : la semaine quatre jours. Pour certains employeurs, pas question : elle rappelle trop sent bon les 35h, la loi Aubry, le chaos bureaucratique pour la gestion des RH. À la limite, ils pourraient être favorables à “une semaine EN quatre jours”. Même temps de travail concentré en quatre jours, ce qui permettrait des économies d’énergie au bureau.
La demande pour la semaine de quatre jours prouve que les Français ne veulent plus travailler ? En réalité, non. Les entreprises qui ont testé cette nouvelle organisation de travail ont constaté une augmentation… de la productivité. Travailler moins, mais mieux. La demande de réduction des jours travaillés ne cache pas une envie de moins travailler. Elle dévoile une recherche d’autonomie et de défense d’un temps réservé à la vie privée. “Je ne veux plus perdre ma vie à la gagner” disaient déjà les soixante-huitards… et aujourd’hui leurs enfants.
Inutile de se prendre la tête : la semaine de quatre jours c’est ringard. On parle déjà de la semaine de trois jours. Merci l’IA.
“Les jeunes ne veulent plus travailler” entend-on. En réalité, ils veulent bien travailler, mais plus comme avant.
Une étude de BVA Xsight pour la fondation Jean-Jaurès et la Macif vient de se pencher pour la troisième fois sur le thème “Les jeunes et l’entreprise”. Elles révèlent que leurs priorités au travail ont changé, et non leurs motivations pour travailler.
Leurs principales attentes par rapport au travail : avoir un poste bien payé (43%) et obtenir un poste qui leur permet d’avoir du temps libre pour leur vie personnelle (35%, en hausse de 5 points par rapport à l’année précédente).
Le télétravail est perçu comme un paramètre du “travail idéal” pour 52 % des 18-24 ans (contre 42 % en 2021). Car il permet de mieux organiser vie personnelle et vie professionnelle (2e priorité des jeunes sondés à 35%).
La perception chez les managers n’est pas forcément le même que cellei des salariés. Certains cadres n’en peuvent plus de ces salariés ingérables ! déclarent certains : “Les gens n’ont tout simplement plus envie de travailler”.
Le sociologue du travail Philippe d’Iribarne (frère d’Alain cité en début d’article) résume la situation dans un entretien récent : “En fin de compte, je pense que, pour une grande majorité de Français, le travail demeure une valeur centrale. En dépit du phénomène de déclassement que j’ai décrit, et contre lequel ils se battent, ils restent globalement très attachés à leur travail.”
Et si, tout simplement, les salariés aimaient travailler mais plus n’importe comment. En tout cas pas dans des conditions héritées du monde du travail du XIXe siècle. Vous ne voyez pas ce que je veux dire ? Séverine vous l’explique très en détails.
La solution ultime pour faire revenir les salariés au bureau
Vous l’avez certainement vu ou lu, ici ou ailleurs : les entreprises peinent à faire revenir leurs salariés au bureau. Elles ont tout essayé, la menace ou la danse du ventre : double ration de dessert à la cantine, sourire de la crémière, baby-foot connecté et que sais-je encore.
Pourtant, la solution existe, et elle est très simple comme on peut le voir dans cette vidéo :
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🤠 Les idiots nous protègent de la bêtise
L’idiotie brille de mille feux contre la normalisation de la bêtise. Loin d’être un imbécile, l’idiot est encore moins un abruti ou un débile. Vous suivez ?
😳 L’entreprise est une famille
Sept salariés sur dix pensent que leur santé mentale dépend de leur relation avec leur manager, avant celle avec leur conjoint. Chef, je peux vous appeler papa (ou maman) ?
🩺 Mon médecin est un robot
Finis les déserts médicaux et les mois d’attentes de rendez-vous chez le spécialiste. Ces cabines en libre-service, supervisées par de l’intelligence artificielle, offrent des soins immédiats.
🤔 J.O.
Le ministre délégué aux transports, Clément Beaune, invite à faire “plus de télétravail” pendant les JO 2024 pour ne pas saturer les transports. Vous remarquerez que les Parisiens ne sont pas invités à se rendre au bureau en courant, ce qui aurait été raccord avec le sujet.
😹 Faites gaffe avec l’IA au boulot
Un conseiller municipal brésilien a admis avoir fait rédiger une ordonnance avec ChatGPT. Un texte publié sans aucun contrôle du résultat mais néanmoins… voté. Pourquoi pas, mais, dans ce cas, il faut éviter de sa faire gauler.
🥷 Vous connaissez la future ZAD ?
À côté de La Ferté-Bernard (Sarthe), on construit une base logistique équivalente à dix hypermarchés (126 500 mètres carrés de bâtiments, 500 places de stationnement et 120 rotations quotidiennes de camions) sur 33 ha. Est-ce bien dans l’air du temps ?
👔 Vous êtes viré… en douce
Oubliez le Quiet Quitting. Bienvenue au Quiet Firing : aux États-Unis, les employeurs procèdent désormais à des licenciements discrets de cols blancs dans un contexte de ralentissement du marché du travail.
Les trajets domicile-travail polluent
Selon l’Insee, en France métropolitaine, en 2019, avec 31 % des émissions intérieures totales, les transports constituent le premier contributeur aux émissions nationales de gaz à effet de serre (GES), en tenant compte uniquement des émissions produites en cours de déplacement. Tous modes de transport confondus, les trajets domicile‑travail en France métropolitaine représentent à eux seuls 13 % des émissions de GES des transports, et plus de 25 % des émissions des voitures des particuliers.
🟥 Voir l’étude de l’Insee sur les émissions de CO2 des déplacements domicile-travail.
🟥 Voir aussi cette analyse sur les déplacements domicile travail.
Vite dit
Ces 39 marques qui font travailler les Ouïghours dans des camps 🌀 Chez Amazon, pas de bureau, pas de promo 🌀 Ghostés au bureau ? Réagissez 🌀 Dur, dur d’être artisane dans des métiers d’hommes 🌀 Aimer sa Tesla à dormir dedans.
À l’époque, en 1981, on confondait un peu tout : le travail à domicile, le télétravail, le travail indépendant et l’exploitation des salariés.
Heureusement, aujourd’hui, la sagesse nous impose un sain et joyeux retour au bureau.
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À l’année prochaine.
PS : on le sait maintenant, le Père Noël télétravaille pour se ménager une vie privée.
Merci Ingrid, un joli petit cadeau de Noël.
Merci pour votre trévail et votre regard sans jugement. Je lis attentivements vos newsletters