Futur du travail : et les cols bleus ?
Les travailleurs manuels ont aussi un futur du travail, on l'oublie souvent. Mais il n'est pas du tout celui des cadres et des "métiers du savoir". Le futur du travail, c'est pour tous les métiers.
Bienvenue dans cette nouvelle Newsletter de Zevillage. Je suis Xavier de Mazenod. Je vous envoie chaque jeudi, dans votre boîte mail, des idées et des trouvailles pour comprendre ce que nous réserve le futur du travail et pour vous aider à travailler mieux et vivre mieux.

La plupart du temps, ce qu’on lit sur le futur du travail s’intéresse aux cols blancs. Cette population exprime des demandes liées à l’évolution de la société : plus de souplesse dans l’organisation du travail, plus d’autonomie et de liberté, plus de travail hybride.
Les travailleurs manuels, les ouvriers industriels, les artisans ou les agriculteurs ne sont pas, ou peu, concernés par ces évolutions qui font le quotidien des cadres et des “travailleurs du savoir”. On ne considère donc pas, pour eux, de futur dans le travail.
Ce qui ne veut pas dire que leurs métiers ne connaissent pas d’évolutions. Le nombre d’ouvriers et d’agriculteurs a fortement baissé depuis les années 80. Le nombre des premiers est passé de 29,9 % en 1982 à 18,9 % en 2022, et celui des seconds, est passé de 7,5 % des personnes en emploi en 1982, à moins de 2 % aujourd’hui.
Ce sont surtout les effectifs des ouvriers les moins qualifiés qui ont fortement diminué. Les ouvriers plus qualifiés voient leurs métiers valorisés par la pénurie de main-d’œuvre.
On assiste également à une certaine hype des métiers manuels. Des métiers qui contribuent à donner du sens au travail, comme le souligne Matthew Crawford dans son Éloge du carburateur.
L’attractivité des métiers manuels augmente et leur reconnaissance sociale également. Dans un sondage d’OpinionWay de 2023, à la question “Vous arrive-t-il d’être attiré par une reconversion professionnelle vers un métier manuel ou d’artisanat ?”, les participants répondent “souvent ou parfois”, à 37%.
C’est une hype disais-je. :“C’est décidé, demain je démissionne pour devenir boulanger ou maraîcher en permaculture”. Quitte à idéaliser ces reconversions.
Si les cadres rencontrent des problèmes de qualité de vie au travail, les ouvriers sont confrontés, eux, à d’autres types de difficultés.
Les conditions de travail difficiles (travail en extérieur, pénibilité, horaires décalés) rendent certains métiers peu attractifs, en particulier pour les jeunes générations.
L’accélération des changements technologiques entraîne des évolutions rapides dans les définitions de poste. Avec des adaptations parfois difficiles (industrie 4.0, rénovation énergétique, agriculture durable), surtout pour les ouvrier peu qualifiés. La plupart des métiers ne vont pas disparaître, c’estr leur nature qui va changer.
Une certaine forme d’élite se met en place avec des ouvriers très qualifiés, recherchés, et mieux payés, par les employeurs.
À ces phénomènes d’attractivité et aux exigence à s’adapter en permanence aux évolutions technologiques, vient s’ajouter une recherche de flexibilité de l’emploi, avec un important recours à l’intérim dans certains secteurs, comme le BTP.
Le paradoxe c’est que, dans le même temps, les employeurs peinent à recruter des ouvriers qualifiés. Ce qui freine le développement de leurs entreprises.
Un exemple : les 4 000 entreprises de la BITD (Base Industrielle et Technologique de Défense) se sont mises en ordre de bataille pour répondre au doublement des commandes publiques de la nouvelle loi de programmation militaire (2024-2030). La cadence de production d’avions Rafale ou de canons Cesar a triplé, la production de poudre est relocalisée en France, les entreprises investissent pour moderniser leur outil de production. Mais elles peinent à recruter.
On dirait bien que le problème principal du futur du travail des ouvriers ne soit pas le télétravail. Et si c’était la formation ?
😱 La Chine s’est éveillée
Non, la Chine de 2025 n’est plus la même que celle de 2016. Elle est devenue un pays très innovant et moderne, en avance sur les États-Unis dans plusieurs domaines, et sur l’Europe dans le secteur automobile. Ce serait une faute grave de la sous-estimer.
😨 Colloque singulier
Relations sexuelles et amoureuses en entreprises : ce que #MeToo a changé. La principale conclusion de ce travail de recherche est qu’après #MeToo, de nombreux hommes craignent de subir un déclassement professionnel.
🐦⬛ Et bonjour Monsieur du Corbeau
Entre stratégie de pouvoir et quête de reconnaissance, la flatterie brouille les cartes et pèse sur les relations.
🚗 Décidément, votez pour le télétravail
La mobilité imposée par le travail modèle nos rythmes de vie, structure nos agendas et influe directement sur notre bien-être. Pourtant, ses effets sur la santé, et plus encore sur la santé mentale, sont sous-estimés. Spoiler : la trottinette et l’autopartage sont les modes de transport les plus anxiogènes. Le vélo n’est pas bien placé non plus.
😴 Je suis las, las, las
La fatigue serait-lle une épidémie ? : fatigue climatique, fatigue démocratique, zoom fatigue, ou même la SAAS fatigue. Heureusement Noémie a des pistes de réflexion.
👏 Comment prendre les bonnes décisions
Pas facile, parfois, de prendre des décisions. Vous pouvez vous essayer la sagesse antique pronée dans ce podcast. Il faut un peu s’accrocher mais c’est passionnant.
☠️ RIP
Le nomadisme numérique serait mort à cause des plans de retour au bureau. La preuve : les recherches d’emploi à l’international sont nettement moins nombreuses.
Merci à vous, lectrices et lecteurs, qui m’envoyez des informations. Je vous en prie, continuez 👏
Vite dit
Ces farceurs humains qui se font passer pour des création d’IA 🌀 Le journalisme fast-food c’est mort 🌀 Résumez vos podcasts et vidéos avec l’IA 🌀 L’offensive des politiques de retour au bureau.
Chen Rui, alias trumpbyryan sur les réseaux sociaux, est l’imitateur chinois de Donald Trump. Cet artiste fait vivre, de manière impressionnante, son modèle américain dans les attitudes, la voix et les tics. Il aurait appris l’anglais seul pour parfaire ses imitations.
Cela fait drôlement plaisir un clic sur le 🩷 ci-dessous. Cela me montre que vous êtes là, attentifs, et cela me donne du cœur à l’ouvrage.
Vous pouvez aussi me retrouver sur Linkedin. J’y vais, parfois.
Merci Xavier pour cet éclairage décalé du vendredi et ce sourire avec l'excellent Karim Duval. Plusieurs liens semblent manquer dans cet épisode, notamment ce colloque singulier... et intrigant !
Dans une grande entreprise, entre le travail des RH et l'action syndicale, les conditions de travail sont bien encadrées, y compris en respectant les impératifs de production.
Dans de plus petites structures c'est moins simple...