Faire sa fête au travail
Le 1er mai, on fête l'action syndicale qui a contribué à améliorer le travail depuis un siècle. Mais cela ne permet pas de sortir du cadre pour réfléchir à la finalité du travail ni à son futur.
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Dimanche, c’était le 1er mai. Le jour du pèlerinage Bastille-Nation pour honorer les grandes conquêtes sociales et syndicales et fêter le travail. Cette année, les rangs des fidèles étaient plus clairsemés, confirmant la tendance à la baisse de participation depuis plusieurs années.
On a connu des 1er mai syndicaux plus glorieux, des défilés unitaires monstres, des ventes de muguet qui suffisaient à financer le parti communiste (c’est eux qui le disaient). C’était le bon temps du travail, entre Trente Glorieuses et État providence.
Oui, mais aujourd’hui, au delà de la nostalgie et de l’habitude, on fête quoi le 1er mai, pour de vrai ?
On célèbre le souvenir des “luttes” syndicales. Un récit qui soudait autrefois les troupes mais qui s’est depuis évanoui, sauf chez quelques historiens spécialisés. On fête donc le travail tout court. Une bonne occasion de se poser la question sur ce travail aujourd’hui. Et par conséquent, aussi, sur le travail demain. Vous suivez toujours ?
Quand, dans la mega-étude Parlons travail, on pose la question “On travaille pour vivre ou on vit pour travailler ?”, 74% des répondants affirment qu’ils travaillent pour vivre (et seulement 6% d’addicts au boulot répondent qu’ils vivent pour travailler).
En plus, près de 75% des répondants se disent “heureux au travail”. On est loin de Zola et du travail des enfants dans les mines.
Mais si l’on creuse un peu le sujet, cet unanimisme disparaît. Des modulations apparaissent à propos du sens du travail, de la qualité de vie au travail, de la pression du travail.
Le travail pour quoi faire ?
Nous nous posons donc la question : quel travail voulons-nous ? Pas encore le fond du problème mais on progresse.
Le philosophe Gaspard Koenig a réalisé en 2020 un voyage à cheval, de Bordeaux à Rome, sur les pas de Montaigne. Il explique, dans le film réalisé lors de son périple, qu’il a redécouvert, pendant son road trip, les vertus de l'artisanat et du travail avant la chaine et le taylorisme. Il cite l’ex-universitaire devenu réparateur de moto, Matthew Crawford, dans son livre Éloge du carburateur, et sa vision du travail exercé avec la main : "En opérant une transformation tangible, on exerce son intelligence d'une manière immédiate, vérifiable. Surtout, on projette sa propre individualité dans le monde". L'anti bullshit jobs de David Graeber en quelque sorte.
Donc, nous voulons aussi un travail qui nous élève, qui nous permette de nous réaliser, c’est entendu. En réalité, pas tout le monde, si l’on en juge par ces jeunes de moins de 30 ans victimes de… burn out cités dans un article de My Happy Job : " Ces jeunes recrues victimes de burn-out ont souvent en commun une valeur réussite très forte, issue de leur parcours personnel ou d’une forme de pression familiale".
Poussons encore un peu plus la réflexion. Nous voulons, avant tout, un travail rémunérateur (travailler pour vivre). Oui, mais pour quoi faire ? .Nous avons largement dépassé le seuil nécessaire à l’obtention de moyens de subsistance. Apparemment donc, nous cherchons toujours plus de confort, plus de consommation.
Et si la fuite en avant du travail, toujours plus pour consommer plus, nous menait dans une impasse ? Les externalités négatives du travail et d’une certaine forme de croissance commencent à se voir comme le nez au milieu de la figure : problème de santé, exploitation sans fin de ressources limitées, infrastructures polluantes pour aller au travail et l’exercer, déplacements subis…
Peut-on alors supprimer le travail subi au profit d'un travail choisi ? Par exemple avec l'octroi d'un revenu de base ? Je vous sens devenir nerveux : le comble de l'assistanat, de la bureaucratie, de l’étatisation ? Peut-être. Mais ce débat oblige à aborder très concrètement la finalité du travail. Plus seulement continuer comme avant tel des hamsters dans leur roue.
Pour en revenir au 1er mai, il fête l’amélioration du travail, il ne remet pas sa finalité en question. Nous y reviendrons, promis.
Creuser le sujet
Parlons travail, une grande enquête (200 000 répondants) lancée par la CFDT en 2016 (synthèse et témoignages classés par thèmes)
Éloge du carburateur : Essai sur le sens et la valeur du travail, une présentation du livre de Matthew Crawford
Le cul sur la selle, film de Gaspard Koenig sur son équipée à cheval sur les traces de Montaigne (version de travail)
Syndicats, la lutte finale : le 1er mail il y a juste un an
Le télétravail, un courant alternatif pour le changement durable, un article d’il y a 12 ans sur le télétravail comme levier pour se libérer de l’hyperconsommation (si, si).
Nouvelles géographies du travail, de l'emploi et des compétences
Conférence par l'Association pour l'accompagnement et le développement des compétences, le 18 mai de 14 à 18h (à Paris et à distance).
Il sera question de nouvelles géographies du travail, de nouveaux lieux de travail, d'attractivité des territoires et de l'impact des changements post-Covid en entreprise.
🏢 Bureaux à saisir
L’impact de l’essor du télétravail sur les espaces de bureaux a été très net : entre 15 et 35 % de surfaces en moins. De quoi accélérer la tendance de la transformation des bureaux et des modes de travail.
🏄 Coliving et surf
La communauté du Hub nomade organise des sessions de coliving à Hossegor, dans les Landes. Au programme : surf, yoga ou skate.
🌱 Ces petits métiers qui disparaissent
Le célèbre youtubeur Nicolas Meyrieux a radicalement changé sa vision de l’agriculture. « Je ne pense pas qu’on puisse vivre de la permaculture » explique-t-il après avoir lui-même tenté l’aventure et observé des amis qui ont échoué.
🏝 Vivre et travailler n’importe où
Airbnb autorise, depuis fin avril, ses employés à vivre et à travailler n'importe où. L’entreprise va aussi aider certaines destinations à attirer les travailleurs à distance.
🚘 Télétravail, you stupid
Avant d'octroyer un prêt immobilier, de plus en plus de banques prennent en compte le critère de l'éloignement entre l’habitation et le lieu de travail du futur acquéreur. Une situation qui s'est accentuée avec la hausse des prix des carburants.
🖐 Au revoir, au revoir, président
Selon la dernière enquête People at Work d’ADP Research, 64% des travailleurs envisageraient de chercher un nouvel emploi s'ils devaient retourner au bureau à temps plein. Contrairement aux hypothèses, les plus jeunes (18-24 ans) sont les plus réticents (71%) à retourner au travail à plein temps.
🚗 Auto addict
On le savait mais une enquête le confirme (au moins pour le centre-Bretagne) : la vie sans voiture est (presque) impossible à la campagne. Pour le travail mais aussi pour toute la vie quotidienne.
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🔷 Bouleversifiant ce drone à selfies, par Snapchat bien-sûr 🔷 Tricycles à énergie solaire : basse énergie pour la fabrication et le fonctionnement 🔷 Foutriquet de burnes de taupe et autres jurons pour clouer le bec de vos collègues de bureau désagréables 🔷 Bientôt des Happy Desire Officers ?
Nous continuons notre revue des métiers secoués par la robotisation. Aujourd’hui, la restauration. Entre assistance au travail humain et remplacement du travail des humains, il y a de la place pour des évolutions positives. Ou pas.
Et voilà, c’est fini pour cette semaine.
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