Emploi : nouveaux modes d'emploi
La population active stagne. Elle devrait baisser à partir de 2035. Les maisons de retraite font le plein de boomers et les maternelles se vident. En vue : de gros bouleversements sur le travail.
Bienvenue dans cette nouvelle Newsletter de Zevillage. Je suis Xavier de Mazenod. Je vous envoie chaque jeudi, dans votre boîte mail, des idées et des trouvailles pour comprendre ce que nous réserve le futur du travail et pour vous aider à travailler mieux et vivre mieux.
Cette newsletter est la dernière de l’année. D’ici à nos retrouvailles, je vous souhaite un joyeux Noël et une bonne fin d’année.

Il y a presque un an, je vous parlais du livre d’Antoine Foucher, le Rapport sur l’avenir de l’emploi 2025. Il vient de publier, pour le haut-commissariat à la Stratégie et au Plan, une note sur un sujet connexe : Décrochage démographique : cinq révolutions du marché du travail (PDF).
La France entre dans une époque inédite depuis 1945 explique-t’il. La population active ralentit depuis 2014, stagnera jusqu’en 2035, puis décroîtra. Moins de travailleurs donc. Ce qui devrait provoquer cinq révolutions.
Révolution N° 1 : Les pénuries de main-d’œuvre deviennent la norme
En 2025, environ 50 % des projets de recrutement ont été jugés difficiles, un record. Pendant 40 ans, il y avait toujours quelqu’un à recruter. C’est fini. Plus assez de nouveaux entrants sur le marché du travail.
Ce que l’on peut faire : oublier la stratégie salariale. L’urgence, c’est l’attractivité réelle, la qualité de vie, la reconnaissance. Pas du marketing RH, mais de l’authentique.
Révolution N° 2 : Le chômage de masse, c’est fini
Nous découvrons que l’économie peut conjuguer une faible croissance et un faible chômage en même temps. En 2024, zéro emploi net créé, et pourtant le chômage baisse. Auparavant, c’était impensable.
Révolution N° 3 : Le rapport de force s’inverse
Deux millions de démissions de CDI par an. Cela représente 15 % des salariés qui partent volontairement chaque année. Et 86 % d’entre eux ont retrouvé un emploi six mois plus tard.
Traduction : les gens ne fuient pas le travail, ils fuient leur travail. Le chômage ne terrorise plus. Les salariés savent qu’ils peuvent partir.
Le taux d’emploi ? Au plus haut depuis 50 ans (68,8 %). Qu’en est-il alors du lieu commun sur “les jeunes qui ne veulent pas travailler” ? Du vent. Ils veulent du sens et de la flexibilité.
Ce que l’on peut faire : respecter cette exigence. Les salariés exigeants ne sont pas des fainéants, ce sont des gens qui se disent “je pourrais faire mieux ailleurs”.
Révolution N° 4 : Les retraites vont raccourcir
La durée de cotisation pour avoir droit à la retraite était de 37,5 ans de cotisation en 1993. Elle était de 43 ans en 2024. Elle devrait probablement monter à 46 ans en 2045. Si l’on veut “sauver les retraites”, l’âge de départ devrait passer de 62-63 ans à 70-71 ans. C’est ce que dit la Cour des Comptes ! Petite bombe politique.
Ce que l’on peut faire : les collaborateurs resteront plus longtemps en activité. Veiller à ce que les compétences restent actualisées tout au long de la carrière.
Révolution N° 5 : L’immigration devient un enjeu économique
Autre petite bombe politique : le solde migratoire net (différence entre entrées et sorties de migrants) était de 182 000 personnes par an, en moyenne (2017-2021). Plus de la moitié étant en âge de travailler. En 2024, on a délivré 343 000 titres de séjour (surtout pour des statuts étudiants et des rapprochements familiaux).
En force de travail, l’immigration compense partiellement le déficit de main-d’œuvre lié au vieillissement, mais de façon très mesurée. Pas miraculeuse.
Ce ne sont pas des hypothèses farfelues, ce sont les ordres de grandeur de la réalité.
Ces cinq révolutions ne dessinent plus une période de transition mais un véritable état de rupture. Les stratégies des temps d’abondance ne marchent plus. Les entreprises qui verront le décrochage démographique comme une opportunité sont celles se réinventeront. Les autres galéreront.
À lire
La note d’Antoine Foucher : Décrochage démographique : cinq révolutions du marché du travail
On vous a fait suivre cette newsletter ? Vous la découvrez grâce à un réseau social ? Elle vous plaît ? Abonnez-vous 😀La démographie des villes et des campagnes
La croissance démographique française tient presque essentiellement à un solde migratoire positif (voir plus haut). Cette évolution est particulièrement marquée dans les espaces ruraux.
En revanche, les espaces urbains bénéficient encore d’un solde naturel positif grâce à un nombre de naissances supérieur au nombre de décès. Les flux migratoires internes au territoire national traduisent par ailleurs une mobilité croissante vers les petites villes et les communes rurales périurbaines.
😱 Embarquement immédiat ?
”Il faut les embarquer” ou encore “embarquer les équipes” fait partie de la (moche) langue de bois managériale corporate. “On peut embarquer par séduction, par ruse ou par la force” dit l’auteur de ce billet. Attention : tout embarquement frauduleux appelle tôt ou tard un débarquement brutal.
😵💫 Managers de proximité : seuls face à tout
Au cœur des organisations, les managers s’épuisent. Entre directives contradictoires, manque de moyens et solitude croissante, ils deviennent les fusibles silencieux d’un système qu’ils peinent encore à tenir.
👊 Tarte à gueule à la récré
Si les salariés semblent silencieux, des mouvements souterrains sont à l’œuvre qui pourraient aboutir à une nouvelle forme d’insurrection. Après le quiet quitting – ou démission silencieuse, le phénomène de quiet fighting pointe maintenant.
👿 IA pas de pitié
”J’ai été contraint d’utiliser l’IA jusqu’à mon licenciement.” Des rédacteurs publicitaires révèlent comment l’IA a ravagé leur secteur.
😂 Ça se confirme
Pour la plupart des travailleurs, la flexibilité prime désormais sur la rémunération : 85% d’entre eux accordent plus d’importance aux options de travail à distance qu’au salaire, et près de 70 % sont prêts à accepter une réduction de salaire pour travailler à distance.
🫡 Vu l’arbre en boule ? (humour de biffin)
Le chef d’état-major de l’armée de terre s’attaque au micro-management, version militaire : un commandement centralisé, qui prétendrait fixer les finalités, tout en contrôlant les modalités. Sur le principe, tout le monde est contre. Dans l’armée, comme dans le privé.
😇 Çui qui dit qui y’est
”À chaque jour suffit sa peine”, “Rendre à César ce qui est à César”, “Que chacun balaie devant sa porte”, “À l’impossible nul n’est tenu”, “Aide-toi et le ciel t’aidera”, ces cinq formules irriguent notre quotidien et notre vie au travail. Et éclairent notre façon de concevoir le management.
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Putôt culture managériale intensive ou permaculture managériale ? 🌀 Le ronchon qui n’aime pas les gentils loups 🌀 Comment survivre aux repas de famille 🌀 Le vélotaf est dangereux, surtout aux heures de pointe 🌀 J’aime bien les résistants déterminés et non violents.
Pour Noël, un peu de créativité, de beauté et de paix par les réalisateurs du conte du gentil loup d’Intermarché.
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