Bureaux : la rivière sans retour
L'année 2025 marquera-t-elle la fin du télétravail ? Selon deux études, les retours au bureau seraient un indice de mauvaise santé des entreprises et la cause d'une "fuite des cerveaux".
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L’année 2025 devait être celle de la fin du télétravail et du retour au bureau. On pensait en avoir fini avec ce sujet. Plusieurs grandes entreprises, comme Amazon ou AT&T, ont donné le signal. D’autres ont suivi, et ces politiques de retour commencent à inquiéter les salariés.
Pourquoi mettre fin au travail hybride de manière si brutale, par un ultimatum : revenez au bureau ou quittez l’entreprise ? Apparemment, pour des raisons immobilières bien pragmatiques : l’illusion de rentabiliser les coûteux baux existants.
Mais je suis convaincu qu’il existe des motivations plus profondes et plus ou moins avouables : la culture du présentiel, bien ancrée dans le management français, et la volonté de pouvoir.
Eva Wiseman, éditorialiste au Guardian, se désole de l’occasion ratée, à l’occasion de la Covid, de changer les habitudes : “Le fait que ces grands esprits créatifs n'aient toujours pas eu de meilleures idées suggère que, plutôt que de faire du profit, ces politiques sont avant tout une question de pouvoir”.
Les explications données par les entreprises pour imposer le retour au bureau sont connues : retisser le lien social et améliorer productivité et créativité.
On sait aujourd’hui, grâce à deux études publiées en novembre et en décembre, que ces raisons ne sont pas fondées.
La première étude suggère que les décisions de retour au bureau entraînent une "fuite des cerveaux". Les entreprises perdent leurs meilleurs talents et ont du mal à les remplacer.
Les entreprises analysées dans l’étude ont connu une augmentation anormale du turn over des employés, avec une hausse moyenne de 14% du taux de roulement.
L'augmentation du roulement est plus prononcée pour :
les femmes
les salariés les plus expérimentés
les salariés les plus qualifiés.
Ces entreprises ont connu des difficultés supplémentaires :
le temps nécessaire pour pourvoir les postes vacants a augmenté d'environ 23%
le taux d'embauche a diminué de 17%.
La deuxième étude, publiée en décembre, observe que la probabilité de mise en place d’une politique de retour au bureau est plus élevée pour les entreprises ayant eu de mauvaises performances boursières. Les entreprises avec une forte propriété institutionnelle et des conseils d'administration indépendants sont moins susceptibles d'imposer des retours au bureau.
Petit détail qui confirme le soupçon de volonté de pouvoir : les PDG masculins et puissants sont plus susceptibles d'imposer des retours au bureau.
Ces résultats suggèrent que les retours au bureau imposés sont utilisés par les managers pour reprendre le contrôle sur les salariés et les rendre responsables des mauvaises performances, plutôt que pour augmenter la valeur de l'entreprise.
Et, comme on le subodorait, les salariés manifestent une baisse significative de leur satisfaction au travail après l'annonce d'une volonté de retour au bureau.
Dell vient de faire les frais de cette politique : près de la moitié de ses salariés ont refusé d’abandonner le télétravail ! Copie à revoir.
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Pour avoir de bonnes idées, Dalí faisait... des micro-siestes ! Car, comme l'explique la neurologue Isabelle Arnulf, l'étape entre l'éveil et le sommeil est "extrêmement propice aux découvertes et à la créativité".
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Ce retour au bureau est une absurdité. Il est évident qu'une entreprise, pour vivre, doit entretenir le lien social. Réduire ce lien social à la présence dans un même lieu 8 heures par jour, montre la mauvaise compréhension de la qualité des liens sociaux via le numérique. Bien-sûr il convient de conserver un équilibre et garder des moments d'échange direct. Mais certainement pas à temps plein...