Travail : l'inversion des symboles de réussite
Travail : l'inversion des symboles de réussite
Romain et Clément Meyer, nos invités, ont observé le management dans huit pays. Pour eux, la valorisation du temps passé au travail, posséder "son" bureau et l'envie de manager sont has been.
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Les invités de la semaine
Cette semaine, dans notre rubrique “invité”, je reçois Romain et Clément Meyer qui ont réalisé en 2022 un tour du monde pour observer les pratiques de management.
Comme tous les invités de cette série, les deux frères Clément et Romain (23 et 25 ans) répondent à notre question: "Quel est, selon vous, le changement le plus important en cours dans le monde du travail, celui qui a le plus de conséquences?"
Nous pensons que le changement le plus important en cours dans le monde du travail est l’inversion des symboles de réussite traditionnelle. Surtout chez la nouvelle génération dont nous faisons partie.
Sur trois points :
1. Premier symbole, la disparition progressive de la valorisation du “temps passé” au travail. Nous avons souvent perçu une certaine fierté chez certains de nos amis en cabinet de conseil ou en banque d’affaire qui se vantent de terminer à 2 h du matin, d’avoir un Uber et des sushis gratuits car ils ferment le bureau. Dans les cinq prochaines années cela ne fera plus rêver personne. Les jeunes mais aussi les anciennes générations souhaitent renouveler la matrice temps X argent. La dernière enquête Ifop est d’ailleurs très claire à ce sujet : 61% des salariés français préfèrent désormais gagner moins d’argent, mais avoir plus de temps libre.
Le symbole de réussite traditionnel de '“se tuer à la tâche” va progressivement laisser place à un nouveau symbole, l’équilibre de vie, à celui ou celle qui réussira à s’occuper de lui ou elle, de sa famille, partir en pleine semaine à la campagne, en plein milieu de la journée de bureau, tout en fournissant ses livrables.
2. Second symbole, la disparition progressive de la fierté de posséder “son” bureau à soi, au dernier étage, qui surplombe les autres salariés. Nous avons eu la chance de le voir au Brésil (qui est plus avancé que nous sur les cultures 100% remote au travail), le bureau dans les prochaines années sera un lieu de socialisation, de retrouvailles et de création d’intelligence collective ponctuelle. Le télétravail sera roi, les coworkings et lieux tiers sur-sollicités.
Le symbole de réussite traditionnel d’avoir le bureau aux vitres propres dans le corner de l’étage va laisser place à une nouvelle réalité, celle de pouvoir télétravailler dans des endroits inspirants, avec des personnes d’entreprises différentes. D’avoir la possibilité d’aller rencontrer ses salariés dans des coworkings à Nantes, Lille, Marseille, Lyon, Paris pour voir comment ils vont !
3. Dernier symbole de réussite traditionnelle qui disparaît peu à peu, la volonté de manager. D’être haut-placé hiérarchiquement. La casquette de supervision prend trop de place vis-à-vis de la casquette coaching. Sept salariés sur dix ne souhaitent plus devenir manager, poste devenu trop complexe.
Le symbole de réussite traditionnel d’être hiérarchiquement au-dessus va laisser place à l’influence. À la possibilité d’être choisi comme leader par ses pairs et non pas imposé. De pouvoir conseiller, accompagner, inspirer sans devoir superviser.
Vive les nouveaux symboles de réussite, et profitons-en, dans dix ans ils auront changé.
🟥 Pour suivre Romain et Clément Meyer : Le meilleur d’ailleurs, leur newsletter, le profil de Romain sur Linkedin et celui de Clément.
Comment la pandémie a changé les organisations de travail en Europe
Le télétravail semble s’ancrer dans les habitudes des salariés de bureau, mais un modèle européen unique d’organisation du travail est-il pour autant en train d’émerger? Dans quelle mesure les attentes des salariés européens sont-elles semblables ? Pour le savoir, une enquête quantitative menée dans six pays de l’Union européenne – la France, l’Allemagne, la Suède, la Finlande, l’Espagne et la Pologne –, est lancée en partenariat avec la Fondation Friedrich-Ebert et Selkis.
🟥 Feuilleter l’étude toute fraîche
🚴♀️ Vélotaf rural (suite)
Le semaine dernière je vous parlais de l’expérience du Département de la Somme pour développer l’usage du vélo à la campagne. Dans le Gard, Étienne Demur pédale 40 km chaque jour. Avec un but : montrer que la bicyclette est une alternative à la voiture.
🏢 Qu’on-t-ils fait de mon bureau ?
Avec plus de 4,4 millions de mètres carrés de bureaux vides en Ile-de-France, la vacance explose. Qu'en faire? Des logements, pardi ! Les besoins en région parisienne sont énormes. Mais les freins le sont aussi. Le point sur la transformation de bureaux en logements, une tendance encore trop peu répandue, mais qui se développe...
🚧 Elon Musk, patron social ?
Après le phalanstère de Fourier et le familistère de Godin, Elon Musk construit Snailbrook, une ville pour ses employés. Petite précision : si on se fait virer on doit quitter la vile, ce qui semble normal. Prévoir un déménagement dans la journée ?
👍 En principe, les entreprises ne devraient pas disparaître
A la suite de la brève de la semaine dernière sur les micro-entrepreneurs qui ne seraient pas des entrepreneurs, Patrick nous a signalé cet article : les micro-entrepreneurs seraient bien des entrepreneurs ;-)
🧀 Vive la France!
En Normandie, un commerçant a installé un distributeur automatique de fromages. Service bien pratique ou symptôme d’une déshumanisation des campagnes ? En tout cas, très malin, un boulanger a placé à côté un distributeur de baguettes. À l’heure actuelle, il n’existe aucune informations sur le prochain aménagement d’un distributeur de côtes du Rhône dans la commune.
🚜 Désertification rurale, concept dépassé
Entretien avec Claire Delfosse, géographe spécialiste de la ruralité. Elle observe l’émergence de nouvelles dynamiques de peuplement dans les territoires ruraux et des mutations de l’emploi.
😱 Faites gaffe quand même !
De nombreux employés dévoilent des infos confidentielles sur leur entreprise et leurs missions à ChatGPT et aux chatbot des IA. Ces discussions sont stockées et peuvent ressortir dans d’autres échanges à l’avenir.
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C’est bon, vous suivez ?
Je récapitule. Ces deux dernières années, je vous ai parlé du Big Quit (la grande démission) puis du Quite Quitting (la démission silencieuse), du Concious Quitting (la démission pour désaccord avec les valeurs de l’entreprise) et, la semaine dernière, du Ressenteeism (ceux qui n’ont pas démissionné mais ronchonnent).
Dernier avatar de la transformation du travail (ou dernière mode) voilà le Loud Quitting. Il consiste à exprimer haut et fort son mécontentement au travail. Plus encore, il s’agit de menacer de démissionner pour convaincre votre employeur de répondre à vos exigences.
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Vite dit
Les pires comportements en télétravail. Bien vu et très drôle. Ou pas 🌀 Sortir des énergies fossiles : Demain quelles énergies ? Débat Jancovici/Marignac 🌀 Condition première d'un travail non servile, par Simone Weil 🌀 Quatre scénarios prospectifs de l’Ademe pour atteindre la neutralité carbone en France en 2050 🌀 Aimer les bières, c’est aussi pour les filles.
Vous connaissez Lydia et Claude Bourguignon, les microbiologistes qui plaident depuis 40 ans pour la sauvegarde des sols ? Vous avez peut-être déjà regardé leurs vidéos techniques et pédagogiques dans lesquels ils montrent en plein champ les dégâts causés sur l’humus par de mauvaises pratiques culturales ?
Même si vous n’êtes pas passionnés par le sujet, prenez le temps de regarder cette longue interview. Ne serait-ce que pour comprendre en quoi ce sujet de la sauvegarde des sols, à priori technique et rébarbatif, concerne aussi la santé de chacun de nous.
Et voilà, c’est fini pour cette semaine, vous pouvez retourner travailler dans votre coworking préféré pour terminer votre semaine de quatre jours.
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Merci pour ce gentimentaire 😉
C'est amusant d'observer le télétravail "distant" ou "présentiel" sous l'angle des écouteurs. Un beau symbole.
Vous mettez le doigt sur un des grands problèmes actuels de la transformation du travail : quel rôle donner au bureau ? Pas y venir pour faire des réunions en visio en tout cas 😉 Ni des réunions tout court peut-être...
Merci pour ces supers newsletters !! Un régal chaque semaine :)
Petite réflexion relative au présentiel à l’heure du télétravail que je vis chaque semaine : passer sa journée à chercher des salles de réunions car tous mes collègues sont en télétravail (“t’es dispo 5 minutes ?”, “oui….. je cherche une salle….”) Chaque salle de 3 à 15 personnes étant systématiquement prise par 1 personne (elle aussi en call avec ses collègues en télétravail). Ça donne envie de rester chez soit puisque dans les deux cas je passe mes journées avec mes écouteurs (mais sans les transports et avec la “chambre” de réunion disponible) !