Travail, enfant : faut-il choisir ?
Travailler ou avoir un enfant ? C'est le dilemme de nombreuses femmes. Mais les inégalités de genre pénalisent les femmes de nombreuses autres manières, parfois méconnues.
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Mardi matin, l’Insee rendait public son Bilan démographique annuel : entre 2022 et 2023, la fécondité a chuté. L’année dernière, le pays a enregistré une baisse de 6,6% des naissances, le plus bas niveau depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Même si la natalité est meilleure en France que dans beaucoup d’autres pays européens, la situation est inquiétante. Sans toutefois atteindre le niveau de la Chine qui pourrait perdre la moitié de sa population d’ici la fin du siècle. Le géographe Jean-Christophe Victor, animateur de l’émission Le dessous des cartes sur Arte, résumait la condition des Chinois par cette formule : “En 2050, ils seront vieux avant d’être riches”.
Laurent Toulemon, démographe à l’Institut national d’études démographiques (INED), cité par le Monde, est très prudent sur les explications de cette baisse française. “Cela peut être un report du calendrier des naissances, ou une baisse liée à la conjoncture, marquée par l’inflation économique, qui pèse sur le budget des familles et peut les faire reporter un projet d’enfant, le contexte international avec la guerre aux portes de l’Europe, le développement de l’écoanxiété…”
Pourtant, de l’anxiété face aux drames du monde, l’humanité en a toujours connu, sans que cela ne la décourage de faire des enfants.
Une des causes des cette baisse des naissances, plus profonde et moins ponctuelle que celles évoquées ci-dessus, pourrait bien être la situation difficile des femmes entre vie familiale et carrière professionnelle.
Elles se sont libérées du statut de femme au foyer pour hériter d’une fausse liberté de choix : mère ou carriériste. Et si elles ne veulent pas choisir, elles subissent un cumul de deux vies avec, parfois, en prime, la culpabilité de mal s’occuper de leurs enfants.
Le rapport "The Women’s Forum Barometer on Gender Equity"/ Ipsos publié en novembre dernier, offre un aperçu des défis auxquels les femmes sont confrontées dans différents aspects de la vie.
Selon cette étude, les stéréotypes de genre persistent, encore plus marqués parmi les jeunes. Avec 60 % des hommes de 25 à 34 ans convaincus que “ l’on ne peut pas tout avoir, si l'on veut être une bonne mère, il faut accepter de sacrifier en partie sa carrière professionnelle “. Un point de vue à comparer avec les 52 % de l’ensemble des répondants.
Selon le rapport, 69 % des personnes perçoivent le succès professionnel d'une femme comme un labyrinthe, souvent au détriment de la vie familiale. Cette perception s’étend aux pays du G7, où un nombre croissant de femmes interrompent leur carrière. Cela met en évidence le besoin urgent de faire évoluer les politiques dans le monde du travail.
Il n’est donc pas étonnant que les femmes subissent des taux d'emploi plus faibles, des temps de travail prolongés et un écart persistant dans les salaires avec les hommes.
Le rapport soulève également les questions des inégalités structurelles au sujet de la sécurité financière, de l’éducation ou, plus méconnu, de la sous-représentation des femmes dans les essais cliniques. C’est un peu loin du sujet d’aujourd’hui mais vous pouvez retrouver tous ces thèmes dans la synthèse du rapport.
Que faire ?
Mardi soir, dans sa conférence de presse, le président Macron annonçait en réponse un “congé de naissance”, mieux payé que l’actuel “congé parental” et allongé à six mois.
On pourrait pousser cette logique plus loin, à l’image des politiques des pays scandinaves. La Norvège affiche la politique la plus favorable : 15 semaines de congé pour la mère, 15 semaines pour le père et 16 semaines à répartir dans le couple. Le tout est indemnisé à 100% du salaire, avec possibilité de prolonger le congé jusqu’à… 59 semaines à un taux d’indemnisation de 80% !
Le souci de la parentalité est une aussi une affaire des employeurs. La charte de la parentalité précise depuis 2008 les engagements de l’entreprise ou de l’administration signataire. Avec, en particulier, des actions pour aménager l’organisation du travail afin de permettre aux parents d’exercer leurs responsabilités familiales.
La charte prévoit également des actions pour améliorer les représentations parentales dans le monde professionnel. Mais là, cela risque d’être un peu plus long…
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🫤 Cela sent le fenec
Les télétravailleurs sont des gros cochons : 87,4 % des hommes portent des vêtements frais quand ils vont au bureau mais seulement 76% lorsqu’ils travaillent chez eux. Et je ne vous parle pas de la toilette et du brossage des dents !
😱 Au secours !
Boule au ventre, angoisses, maux de tête, problèmes de digestion, douleurs abdominales, transpiration excessive, vertiges, troubles du sommeil… Si le travail vous fait paniquer, vous souffrez probablement d’ergophobie.
😬 Loup y es-tu ?
Les supérieurs hiérarchiques contribuent, malgré eux, à l’essor du télétravail : 30% des salariés préfèrent ne pas aller au bureau quand le patron y est.
🤢 Télétravail, c’est parfois bof
Même la CGT le dit : le télétravail est plébiscité par celles et ceux qui le pratiquent. À l’exception des salariés en forfait-jours qui se retrouvent à travailler plus.
🪚 Conseils brico-déco
C’est petit chez vous et vous n’avez pas assez d’espace pour consacrer une pièce au télétravail ? Aménagez un bureau dans le salon, c’est facile avec ces quelques conseils.
😓 Vous télétravaillez ? Mauvaise pioche
Et s’il vous pénalisait dans votre évolution professionnelle ? C’est ce que révèle une étude réalisée auprès de 2 millions de cols blancs aux États-Unis. Pas de panique, il s’agit de télétravail à 100%.
👍 Vis ma vie de télétravailleuse
Pimpant est une petite entreprise normande très cool et innovante dans l’organisation du travail. Son patron Baptiste, le raconte très bien dans une newsletter hebdo. Cette semaine, la vie de Margaux, télétravailleuse heureuse.
Ralentir ?
Vous appelez cela comme vous voulez, l’idée est toujours la même : décroissance, ralentissement ou bifurcation. Le concept dépasse aujourd’hui largement le cercle caricatural de quelques urbains passés de la pub au maraîchage, évidemment en permaculture.
Le phénomène touche les entreprises, enfin celles qui se posent des questions pour sortir d’un modèle de croissance “volumique”. Et pour celles qui ne se posent pas de questions, elles feraient bien de se pencher sur le sujet : leurs salariés sont nombreux à s’en poser et à regarder ailleurs.
Vite dit
C’est le 95e anniversaire de Tintin et il y a un magazine à gagner 🌀 Le scénario de la CIA pour les 200 prochaines années ! 🌀 Un tiers-lab des transitions dans Marseille 🌀 Comment choisir le bon freelance pour votre projet ? 🌀 Pas facile la vie de marketeur responsable !
La philosophe Julia de Funès, sur France Info, se dit surprise des affirmations sur le retour en arrière à propos du télétravail. “Toutes les entreprises ou presque ont des problèmes d’attractivité. 70% des salariés plébiscitent le télétravail. C’est étonnant pour les entreprises, elles se rendent moins désirables", analyse-t-elle .
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