Sommes-nous entrés dans un monde VUCA ?
Un monde incertain mais surtout un monde de ruptures
Bienvenue dans la newsletter de Zevillage. Comme chaque semaine, nous partageons une analyse à propos d’un thème d’actualité et une synthèse de notre veille sélectionnée pour aider à comprendre et à engager la transformation du travail.
Si vous arrivez directement par le Web et que vous n’êtes pas encore abonnés à la newsletter de Zevillage, c’est par là :
Ah, zut, je me suis fait disrupter
Vous connaissez sans doute l’acronyme VUCA pour Volatility, Uncertainty, Complexity, Ambiguity créé par le US Army War College dans les années 90, pour décrire la situation géopolitique du monde post-Guerre froide. Un monde volatile, incertain, complexe et ambigu. Progressivement, ce concept s’est étendu au management.
Il existe des partisans de cette analyse du monde sous l’angle VUCA et il y a aussi ceux qui sont contre, je vous laisse juger.
Ce qui nous intéresse dans cet acronyme c’est l’idée générale d’incertitude, d’inquiétude pour l’avenir qui caractérise assez bien la situation actuelle. Déconfiner, reconfiner, vaccin, pas vaccin, valse à deux temps qui fait tourner la tête. Et, au-delà de la pandémie, des ruptures profondes qui modifient le monde et les visions que nous en avions.
Amazon, Uber, AirBnb, nous avons l’habitude aujourd’hui des disruptions économiques et des modèles d’affaire modifiés par de nouveaux entrants. Avec la Covid-19, le phénomène est plus large et ce sont toutes nos certitudes qui risquent de s’envoler en quelques mois.
Prenons l’exemple du télétravail, assez bon symbole de la transformation accélérée qui se déroule en direct, sous nos yeux.
Il semble que le monde est instable par nature mais que les changements sont plus ou moins brutaux, plus ou moins rapides. Et que lorsque les changements sont lents nous avons une impression de stabilité. C’est ce qui s’est passé avec le télétravail.
Depuis plusieurs années, le travail à distance couvait sous la cendre. Le nombre de télétravailleurs était très sous-estimé. En réalité, il concernait probablement 20% de la population active. Le télétravail était plus ou moins autorisé, plus ou moins formalisé. Et il y a 10 ans, le télétravail était déjà le symptôme d’un changement de société.
Et demain avec tout ça ?
Le coronavirus a juste joué le rôle de révélateur. Il a changé notre perception du travail. Tout d’un coup, sous la contrainte du confinement, on s’aperçu que le télétravail était possible. Et, éventuellement, que c’était l’occasion de déménager pour vivre à l’endroit de son choix ou, même, de changer de vie.
McKinsey & Company vient de publier une étude (en anglais) très intéressante qui entre dans le détail de ces mutations liées au télétravail. Une analyse de 2 000 tâches, 800 emplois et neuf pays qui montre que le potentiel de télétravail est déterminé par les tâches et les activités, et non par les professions.
Prenez par exemple un fleuriste. Entre la moitié et le quart de son travail peut être effectué à distance. Il peut prendre des commandes par téléphone ou en ligne et passer des contrats de livraison via une application. Ce qui a pour conséquence de mettre en évidence des gisements de télétravail très importants.
Le rapport se penche aussi sur les impacts du télétravail sur les économies urbaines. On pourrait facilement y ajouter les impacts sur l’immobilier d’entreprise et le recul des “prises à bail” ou sur le management et les ressources humaines. Croyez-vous que vos salariés voudront continuer à travailler chez vous si vous leurs refusez le télétravail? Ou que votre “marque employeur” ne va pas en souffrir ? Croyez-vous que vous pourrez encore pratiquer un management vertical qui repose sur le présentéisme?
Et l’on ne parle pas de 2030. On parle de ce qui vous attend en 2021. Dans 3 semaines. Si ce n’est pas une rupture cela !
ZeQuote
« Les entreprises exploitent le temps et l'attention de leurs salariés comme s'il s'agissait de richesses inépuisables et qui ne coûtaient rien. Pourtant l'attention et le temps des salariés font partie des ressources les plus rares . »
Jason Fried et David Heinemeier-Hansson, cités pr Jérémy Clédat et Laetitia Vitaud
Vite dit
👉 VGE (1926-2020) aurait pu être le père de l’Internet. Au lieu de cela, en 1976, il donne la priorité au protocole de communication X25 du Minitel contre le protocole du précurseur de l’Internet, le réseau Cyclades de Louis Pouzin, un réseau ouvert et interconnecté. La direction générale des télécommunications, ancêtre de France Telecom/Orange, avait gagné. Internet ne serait pas français.
👉 « Saisissez la chance de vivre et de travailler au paradis ». Encore une destination qui surfe sur le télétravail : l’état américain de Hawaï vous offre le billet d’avion pour venir télétravailler, enfin si vous êtes américain.
👉 Ce patron quitte le bureau plus tôt que ses salariés et les encourage à faire de même. Ah bon, ils ne télétravaillent pas ?
👉 Le Monde publie un compteur de licenciements. Vous scrollez dans la page pour voir leur nombre augmenter. Il paraît que les licenciements augmentent mais vous ne les verrez pas tous, le Monde a un paywall.
👉 Les secteurs de la banque et de l’assurance sont les plus éligibles au télétravail mais parmi ceux qui le pratiquent le moins. Pourtant ils s’activent pour supprimer le bureau.
👉 Amis procrastinateurs, déculpabilisez-vous ! De nouvelles recherches prouveraient que la procrastination permettrait d’être plus créatifs.
Avant de partir
Et voilà, c’est fini pour cette semaine. Qui se reconnait dans cette photo ? Il y a encore un peu de boulot pour télétravailler depuis n’importe où.
Un dernier truc
Merci pour vos like et vos commentaire la semaine dernière. Je me demandais si cela vous intéresserait de pouvoir aller plus loin pour vous exprimer et pour échanger avec d’autres ? Dites-le ci-dessous.
Bravo pour ces informations pertinentes et impertinentes !
Si, un jour, vous envisagez un article sur la gamification, les jeux géolocalisés ou le lancement de nouveaux romans, n'hésitez pas à me consulter.
Très bonne journée