Socialisation, oui, mais au bureau, vraiment ?
Si l'on creusait un peu ce qui se cache derrière l'injonction de retourner au bureau pour se socialiser ? Lobbying immobilier ou réalité d'un besoin de "vivre ensemble" ?
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Vous les avez certainement déjà croisés au bureau, Sylvie du marketing ou Robert de la compta. Pour eux, l’année dernière a été pénible avec ses confinements et le télétravail à la maison. Plus de papotages à la machine à café, plus de repas partagés à la cantine, plus de pots le vendredi soir. Plus d’échanges avec les collègues (sur Zoom ce n’est pas pareil), plus de vie sociale au bureau. Et ils sont nombreux comme Sylvie et Robert à avoir besoin de vrais contacts dans la vraie vie de bureau.
A part quelques indécrottables misanthropes, nous sommes des “animaux sociaux”. Et les temps sont durs dans l’entreprise et même dans la société toute entière : plus beaucoup de certitudes, plus de stabilité, accélération générale, perte de sens, de respect, de considération dans son travail. Le lien, les relations avec les autres sont des pansements sur ces maux.
Beaucoup d’entre nous sont nostalgiques d’un temps où l’on jouait collectif. D’un temps où le travail contribuait à l’épanouissement, avant ces bullshit jobs qui abrutissent.
Un temps qui a laissé la place à l’invisibilité et à l’inutilité sociale, à l’absence d’estime, de considération. Ce qui, par ailleurs, est dangereux pour l’entreprise : “Les gens ignorés feront des choses que l’on ne pourra ignorer”.
Ce besoin primaire d’échanges explique l’explosion des réseaux sociaux qui ont largement failli depuis dans leur mission “sociale”. Ce besoin de vivre ensemble, de partager, d’échanger est tel que la simple réinstallation de bancs publics à Nancy fait un tabac. Un mobilier urbain qui permet une resocialisation, c’est dire de ce besoin !
Nous savons tous aussi que créer et conserver une culture d’entreprise, un collectif de travail est indispensable pour faire tourner une entreprise. Et que cela nécessite de la présence ensemble car on ne sait pas faire autrement. Au moins jusqu’à l’arrivée de Covid-19 parce que la question ne se posait pas alors.
Et après ?
Ceci précisé, il faudrait également dire un mot sur la convivialité artificielle et survendue de l’entreprise. Vous attendez vraiment d’aller au bureau pour avoir une vie sociale ? Ou de sauter à l’élastique avec vos collègues pour “faire équipe” ?
Vous voyez probablement ce que je veux dire. Pas la peine d’insister sur les burn out, ni sur le harcèlement pour comprendre que le bureau n’est pas par nature le paradis du vivre ensemble.
Mais qui a dit que le bureau était indispensable tout le temps ? N’est-ce pas plutôt que nous ne savons pas faire autrement ? Le cadre de la vie de bureau, comme dans le théâtre classique, était constitué d’une unité de temps (la sirène), de lieu (l'usine) et d'action (la chaine). Et ce cadre était indispensable quand il n’existait pas d’autre solution. Mais aujourd’hui ?
La meilleure démonstration du besoin de vivre ensemble qui s’affranchit de la présence permanente au bureau se trouve dans les tiers-lieux. Là, on y trouve des collectifs de travail choisis et non plus subis. Vous m’objecterez que ces espaces sont faits pour les freelances qui n’ont pas de bureau. Mais, depuis plusieurs années, le travail dans les tiers-lieux s’est ouvert aux salariés, individuellement ou à des équipes projets qui y trouvent la souplesse, la convivialité et le brassage de profils qu’elles ne trouvent pas forcément au bureau.
Le travail c’est dans quel sens ?
🛎 La revue Etudes publie ce mois-ci un long article intitulé Du sens au travail : une quête existentielle qui se penche en profondeur sur le sens au travail.
Cette quête de sens au travail est devenue une préoccupation centrale des travailleurs. Mais les réponses apportées par les experts en management ou les coachs professionnels ne sont, la plupart du temps, pas adaptées à ce qui relève d’un questionnement existentiel. Au fond, au travail comme ailleurs, le sens ne saurait être donné de l’extérieur : il est contenu dans son expérience et suppose, pour être révélé, qu’elle soit adéquate et complète.
A lire aussi : Une petite histoire de notre rapport au travail
Vite dit
🦨 Ça fouette un peu !
Selon une enquête de Censuswide réalisée au Royaume-Uni, en Allemagne et en France pour l'entreprise Poly, 39% des télétravailleurs reconnaissent qu'ils se lavent moins souvent, 50% reconnaissent qu'ils utilisent moins de déodorant et 34% se brossent les dents moins souvent. Cocorico, les Français sont un peu au-dessus de la moyenne de nos voisins.
🚉 Revenir au bureau, c’est pas simple
Le Point donne la parole à des actifs qui racontent leur vie au travail. Pour Michel “rien ne sera plus comme avant”, “revenir au bureau c’est difficile”, “voir les gens en chair et en os, quel plaisir !” et “des injonctions contradictoires qui viennent de la hiérarchie”. Rien n’est simple.
🌷 Dur, dur pour la marque employeur
Près d’un cadre sur deux envisage de déménager à la campagne depuis la généralisation du télétravail, selon la dernière enquête de Robert Walters. Le cabinet constate ainsi que depuis le début de la crise de la Covid-19, de nouvelles tendances, telles que le “nomadisme numérique” et la “migration professionnelle”, se sont renforcées.
⏱ Arrêtez de mesurer la productivité des travailleurs du savoir
Mesurer la productivité c’est bon pour les robots. Car les mesures de productivité sont une façon dépassée et contre-productive de mesurer l'impact humain dans un monde où les humains se concentrent sur la production d'idées.
⚖️ Amazon détruit-il des emplois ?
Vous adorez détester Amazon mais vous passez quand même commande chez eux. Participez-vous à la destruction d’emplois ? Ce n’est pas si simple comme le montre cette enquête assez fouillée.
🚜 Changer de vie, oui mais avec méthode
Vous rêvez de changer de métier mais vous ne savez pas trop par où commencer ? Ne manquez pas ces 8 étapes de bon sens pour réussir votre reconversion professionnelle. D’autant que les désillusions peuvent vous guetter.
🤷🏼♀️ Parité femmes-hommes radicale
Le PDG de Ola, le géant indien du covoiturage, a annoncé que l'usine Ola Future Factory où seront fabriqués ses très attendus scooters électriques sera 100% féminine, plus de 10 000 femmes en vitesse de croisière ! Ce sera la plus grande usine entièrement féminine du monde même si ce n'est pas la première en Inde.
Avant de partir
Youpi on a trouvé la solution de travailler en pyjama tout en étant décent pour participer à des visios. La recette : une tenue mixte, chic en haut et cool en bas. Il suffisait d’y penser. (via Tech Trash)
Les 5 erreurs à ne pas commettre en télétravail
Erreur n° 1 : traîner au lit ou dans son canapé
Erreur n° 2 : ne pas faire d’efforts vestimentaires
Erreur n° 3 : travailler n’importe quand
Erreur n° 4 : s’isoler professionnellement
Erreur n° 5 : travailler non-stop.
Pour avoir plus de détails, c’est par là.
Un dernier truc
Le management en télétravail ce sont des nouveaux usages mais aussi des morceaux de l’ancien monde.
Bonne semaine
Maintenant c’est fini, vous pouvez y aller, on se retrouve jeudi prochain. Et si vous aimez cette newsletter pensez à nous laisser un like en cliquant sur le petit ❤️. Et même à la partager avec des amis.