Bienvenue dans cette édition de la newsletter de Zevillage 🙏. Comme chaque jeudi, je partage avec vous une analyse à propos de l’évolution du travail et une sélection de notre veille pour vous donner envie et vous aider à vous engager dans la transformation du travail.
Xavier de Mazenod
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Ni-Ni-NEET
Vous avez sans doute lu ou vu ces reportages sur les galères des étudiants confrontés à la pandémie. Ainsi que les initiatives d’entraide en leur faveur. Mais, ce que vous n’avez peut-être pas vu ce sont les difficultés des jeunes qui ne sont ni à l’école/étudiants, ni en emploi ni en formation.
Une population que l’on catégorise comme NEET, acronyme de Neither in Employment, Education or Training, soit, en français, “ni en emploi, ni en étude, ni en formation”.
Une population qui représentait en France 1,8 millions de jeunes de 15-29 ans en 2015. Soit 16,6% de leur tranche d’âge, environ un jeune sur 6 ! Pire encore : chez les décrocheurs scolaires, le nombre de NEET est trois fois plus élevé. Et ils sont également sur-représentés chez les jeunes issus de l’immigration, d’un territoire rural ou d’un milieu social défavorisé.
C’est le constat qui nous avait motivés, en 2014-2015, pour lancer la 1ère formation rurale de développeurs informatiques à destination de demandeurs d’emploi ruraux éloignés de ces formations.
Pour le Carif-Oref qui vient de publier cette semaine une étude sur les NEET dans la région Occitanie, la proportion de ces jeunes est supérieure à la moyenne nationale avec 17,7% de la tranche d’âge des 15-29 ans. Les jeunes hommes sont majoritaires dans les NEET à cause d’un niveau de formation moins élevé, mais à 25 ans, les femmes deviennent majoritaires, notamment à cause des choix familiaux de garde d’enfants.
En finir avec un gâchis humain
Un problème qui s’aggrave avec la crise sanitaire et qui est devenu une catastrophe nationale ronronnante. Cette situation bien installée voue ces jeunes “à l'exclusion ou à la délinquance tout en constituant un gâchis inouï pour la nation. La solution ne réside pas dans un revenu universel, mais dans la généralisation de la formation et dans la pleine activité”. note l’économiste Nicolas Baverez dans un long article ( 🔐 ) sur les pistes pour enrayer le déclin français.
Les raisons de ce gâchis sont comlexes. A commencer par l’échec reconnu du système scolaire. En 2011, les “sortants précoces” (sans diplôme, ou uniquement avec le brevet des collèges, et pas en formation) représentaient 11,99% des jeunes de 18 à 24 ans. A noter aussi les 19% de bacheliers qui sortent de l’université sans diplôme.
Ensuite, la culture du monde du travail n’est pas très favorables aux jeunes. Cela aggrave les choses selon Joaquim Timoteo, chef de mission à l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (INJEP) : “C’est une spécificité de notre pays où le poids du diplôme est très fort et où les jeunes n’ont pas le droit à l’erreur. Dans les pays du nord de l’Europe, on donne une seconde chance aux jeunes et le retour en formation est plus facile”.
Certes, des dispositifs d’aide existent comme les écoles de la 2e chance ou les Epide (Etablissement pour l’insertion dans l’emploi). Ou des initiatives privés de cursus de formation accessibles à des non diplômés. Ils sont malheureusement loins de pouvoir résorber le phénomène. Tout se passe comme si nous nous étions habitués à cette situation. Comme pour notre taux de chômage élevé d’ailleurs.
Quel pays peut prétendre préparer l’avenir et accepter cette situation qui enferme une grande partie des jeunes dans une précarité, une fragilité institutionnalisées ? La première des choses pour tenter de résoudre le problème c’est de pouvoir l’admettre, de sortir du déni. La deuxième c’est de changer la culture du monde du travail (et de la société) à l’égard des jeunes pour pouvoir leur faire confiance.
La troisième c’est de transformer la formation initiale, à l’école et à l’université et la formation continue. Mais je ne suis pas très optimiste sur la rapidité des ces changements. Il n’y a qu’à voir comment le système jacobin de l’école se dépatouille avec la formation à distance, un an après le début de la pandémie.
📕 Pour en savoir plus : chiffres et comparaisons dans ce dossier Les « NEET », des ressources et des conditions de vie hétérogènes par l'Institut de la jeunesse et de l'éducation populaire (INJEP)
Flower power
Il ne vous a pas échappé que l’immobilier d’entreprise connaissait quelques difficultés conséquentes de la Covid-19. Pour résister à cette crise, la société de conseil en immobilier JLL publie une sorte de manifeste Comment construire une société juste, inclusive et résiliente ? Ce texte me laisse perplexe : pourquoi cet afflux de propositions fort sympathiques maintenant ? Illumination subite ou social washing opportuniste ? Et vous, vous en pensez quoi ?
Potentiel inexploité
Boostrs, société spécialisée dans la cartographie de compétences, a réalisé en mai 2020 une étude qui montre que 62% des métiers seraient télétravaillables. Et pas 30% comme l’avait évalué le ministère du Travail.
Vite dit
🕺🏻 Rien que ça !
Le cabinet Boston Consulting Group a mené une étude internationale pour Zoom, la solution de visioconférence, sur l’impact économique du télétravail pendant la pandémie de la Covid-19. Le travail à distance aurait permis de sauver 250 000 emplois en France.
🇨🇳 Esclavagisme et opinion publique
Soutenir, de fait, le travail forcé en Chine ou défendre les valeurs de ses clients occidentaux ? Les marques ne peuvent plus satisfaire à la fois la Chine et l'Occident. Elles vont devoir choisir un camp (en anglais), et elles subiront des retombées quel que soit leur choix. H&M, Nike, Adidas et Visa peuvent se faire du souci.
👩💻 Révolution manquée
Où en est l’impression 3D ? Dossier en 6 parties dont la 1ère se pose la question : Pourquoi la révolution de l’impression 3D n’a toujours pas eu lieu ? L’impression 3D présente des qualités très recherchées par l’industrie mais beaucoup moins par les particuliers. Il semblerait aussi que l’impression 3D n’ait pas de réel intérêt hors de certains domaines très précis.
🎂 Team building
Mieux que le saut à l’élastique : Save Eat propose des ateliers RSE de cuisine anti-gaspi en visio ! Tous les ingrédients sont donc réunis pour cuisiner entre collègues, à distance, “mais pas sans ambiance” précisent les fondatrices. Mieux que le baby-foot.
🌻 Quitter la ville (suite)
L'Ariège, futur eldorado des télétravailleurs toulousains ? L'agence d'attractivité de l'Ariège a lancé un programme, bien relayé dans les medias, pour attirer les urbains désireux de changer de vie.
📈 Ce management qui tue les organisations
Encore un bon cru Silberzahn qui dénonce le cercle vicieux par lequel l’absence de confiance entraîne une formalisation qui déresponsabilise. Et qui, à son tour, entraîne une baisse de confiance. Un cercle difficile à briser. Et pourtant, la confiance c’est la clé, conclut-il.
🕰 Semaine des 4 jeudis
Microsoft a expérimenté la semaine de quatre jours au Japon et la productivité aurait augmenté de 40 % (En). On ne sait pas si avec une semaine de 3 jours elle gagnerait 80%.
Avant de partir
C’est fini pour cette semaine. La prochaine fois que vous jetterez le blister de votre sandwich ou le gobelet de la machine à café à la poubelle, pensez à ce court-métrage. Enjoy.
Un dernier truc
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Un dernier truc : si vous ne comprenez rien au coworking, regardez cette vidéo de Karim Duval. Oui, encore, je sais. Je vais finir par créer un fan club.