Mais quel bazar ce travail hybride !
Le désir de télétravail et les difficultés d'organiser le travail hybride perturbent les employeurs, effrayent les villes et transforment la géographie du travail. Que faire ?
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[Avertissement] Cette lettre contient une dose importante, mais non toxique, de termes anglo-saxons imposés par les affaires. Pour contrebalancer, nous avons également utilisé un peu de latin. 🤓
Vous vous souvenez certainement du premier déconfinement au printemps 2020. Les travailleurs pendulaires avaient du mal à revenir au bureau et les grandes villes restaient très vides. Avec les effets en cascade engendrés par ces hémorragies de population, comme à New-York ou à Londres : effondrements de chiffre d’affaires ou faillites des entreprises qui vivaient de la présence de ces travailleurs.
Deux ans plus tard, le coronavirus semble prendre ses distances mais la situation n’est pas revenue à l’état d’origine. Derek Thompson, journaliste à The Atlantic, observe qu’aux États-Unis, la banalisation du travail hybride combinée à des refus de retour au bureau, engendre trois types d’effets.
Le premier effet est la disparition de la semaine classique de cinq jours de travail au profit d’un travail hybride aux frontières floues, surtout pour les “travailleurs du savoir”, très mobiles. Certes, remarque Thompson, la majorité des travailleurs américains ne télétravaille pas. Mais il est convaincu que la “révolution du travail à distance est un phénomène aigu dont les ondulations peuvent atteindre tous les recoins du travail”.
Comme la productivité de ces nouveaux travailleurs hybrides ne s’effondre pas, si ce flou persiste il pourrait, formellement, se traduire par des semaines de quatre, voire trois, jours de travail. Avec des répercussions sur toute la société. Par exemple : comment les parents vont-ils s’organiser si les enfants n’ont plus école que 4 jours par semaine ?
Le deuxième effet est la “belle pagaille” engendrée par le travail hybride. Les entreprises auront beau “yachtifier” (embellir comme un yacht) leurs locaux pour enrichir “l’expérience du bureau”, cela ne devrait pas suffire à inciter les réticents à revenir plus souvent dans l’entreprise. Effet inverse : le travail à distance pose un gros problème de solidité du collectif de travail, surtout aux jeunes salariés qui aspirent à s’intégrer. Les entreprises doivent donc concilier les deux extrêmes. Pas simple.
Le troisième effet est lié à la géographie du travail. “Si l'occupation des bureaux ne se rétablit jamais, explique Thompson, les centres-villes connaîtront une période glaciaire prolongée”. Moins de salariés en ville, cela se traduit par moins de repas au restaurant, moins de lèche-vitrine, moins de services aux entreprises, moins de trajets en transport en commun, et donc moins de recettes fiscales. Les centres-villes pourraient décliner alors que les cités-dortoirs, repeuplées de télétravailleurs, pourraient s’animer en semaine.
Que faire ?
Ce qui est vrai aux États-Unis sera vrai en France, avec le décalage habituel dû à nos différences de société. Nous sommes plus rigides, moins mobiles, mais on observe chez nous les mêmes tendances sociétales.
La bonne réaction est de prendre acte du changement, d’admettre qu’il est parti pour durer. Et donc de s’organiser pour mettre en œuvre ce vieux slogan devenu réalité : le travail c’est “anytime, anywhere, any device”. On peut travailler n’importe quand, de n’importe où, avec n’importe quel terminal.
Fini donc le temps des accords télétravail pour “donner un os à ronger aux syndicats”. Prenez le problème à bras le corps et soignez l’organisation de votre travail hybride et de votre flex office.
On continue cette réflexion la semaine prochaine avec un sujet connexe : quelles formes peuvent prendre les nouvelles organisations du travail ?
Pour aller plus loin
The Five-Day Workweek Is Dying, par Derek Thompson dans The Atlantic
Les conseils pour mettre en place le flex-office dans son entreprise par les spécialistes de M-Work
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