Le travail flexible plie mais ne rompt pas
Le "Retour au bureau" aurait tué le travail flexible entend-on depuis un an. Et bien non. Aux États-Unis, seules les grandes entreprises, minoritaires, imposent cette régression. À leurs dépens.
Bienvenue dans cette nouvelle Newsletter de Zevillage. Je suis Xavier de Mazenod. Je vous envoie chaque jeudi, dans votre boîte mail, des idées et des trouvailles pour comprendre ce que nous réserve le futur du travail et pour vous aider à travailler mieux et vivre mieux.

Non, le travail hybride n’est pas mort : il se porte même très bien. Au moins aux États-Unis, souvent précurseurs de nos changements en Europe.
Depuis un an, nous avons vu passer les gros titres sur le Return to Office obligatoire. Les déclarations fracassantes des patrons qui rappellent leurs troupes au bureau cinq jours sur cinq. On pouvait croire à la fin d’une époque.
Or les chiffres publiés dans le Flex Index de septembre racontent une autre histoire.
Aux États-Unis, deux entreprises sur trois maintiennent une forme de flexibilité. Seulement 34 % d’entre elles imposent le plein-temps au bureau. Cette hausse est surtout le fait des administrations publiques, pas vraiment réputées pour leur agilité organisationnelle.
Le modèle véritablement dominant en 2025 ? “L’hybride structuré”, adopté par 42 % des organisations. Largement devant “le tout bureau”, donc. La norme nationale s’établit à 2,87 jours de présence au bureau par semaine, contre 2,57 jours au début de 2024. Une hausse de 12 % : on est loin du demi-tour complet.
Voilà où ça devient intéressant : les jours exigés au bureau augmentent certes de 12%, mais la présence réelle n’augmente que de 1 à 3 % selon les sources. Traduction en français courant : même quand le marché de l’emploi se calme, on ne licencie pas un bon profil pour une histoire de badge.
Regardez du côté du classement Fortune 100. Le ton se durcit dans les communications officielles, d’accord. Mais dans les faits, 71 % de ces géants offrent toujours de la flexibilité. La moyenne, c’est trois jours au bureau (environ un tiers des politiques d’entreprises), et seulement 29 % sont en full office.
Le vrai changement ? L’émergence de l’hybride dit “lourd” : 45 % des salariés de ces mastodontes sont maintenant à quatre ou cinq jours au bureau. À noter que la politique du quatre jours ne concerne que 3 % des entreprises, toutes tailles confondues.
À l’autre bout du spectre, les petites structures font la course en tête : 67 % des entreprises de moins de 500 salariés sont totalement flexibles. Détail qui compte : elles emploient la moitié des Américains. Et ce sont elles qui créent l’emploi net en 2025.
Le message est limpide : la flexibilité n’est pas un gadget RH, c’est un avantage concurrentiel sur le marché du travail.
Une étude menée avec le BCG apporte des données qui dérangent les adeptes du tout-bureau : entre 2019 et 2024, les entreprises totalement flexibles ont vu leur chiffre d’affaires croître 1,7 fois plus vite que celles qui imposent un retour au bureau. Même après ajustement par secteur et par taille, la vitesse de croissance du CA est de 1,3 plus importante.
Flexibilité ne rime pas avec laxisme. C’est un levier de performance : agilité, accès aux meilleurs talents, time-to-market accéléré.
L’écosystème des lieux de travail se stabilise : 61 % des organisations combinent accès à des bureaux et flexibilité. Le bureau n’est plus cette obligation quotidienne, ce pèlerinage de 9h à 18h. Il devient pour l’équipe une ressource à activer au bon moment. Souvent du mardi au jeudi, d’ailleurs.
Ce qu’il faut retenir (et faire dès maintenant)
Remplacer le badge par le résultat : mesurer les objectifs et les KPI, pas la “chaise chaude” ou le temps de présence.
Négocier “trois jours intelligents” : mardi au jeudi plutôt que des vendredis forcés qui frustrent tout le monde.
S’aligner sur le marché réel de l’emploi : les petites boîtes flexibles sont des concurrents directs pour vos meilleurs talents. Et elles gagnent du terrain.
L’année 2025 ne signe donc pas le “retour au bureau” tant annoncé. Elle marque plutôt la maturation de la flexibilité. Les organisations qui transforment la contrainte du travail hybride en véritable stratégie prennent une longueur d’avance sur leurs concurrentes.
Celles qui s’accrochent au fantasme du tout bureau risquent de se réveiller avec une fuite des talents et une perte de compétitivité.
🤔 Comment identifier les bons managers ?
Depuis le début de l’année, on parle beaucoup du conscious unbossing, le refus de devenir manager. Bonne nouvelle car, d’après cette étude, les personnes qui veulent se promouvoir comme managers font moins bien que des managers tirés au sort. Conclusion : discerner les managers sur des compétences plutôt que sur le désir de diriger.
👍 Les nouveaux emplois
Il n’y a pas que les cols-bleus et les cols blancs dans la vie. Il existe aussi les new collars ou nouveaux emplois.
😎 La revanche des petits
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👋 Au revoir président !
Vous vous souvenez du loud quitting qui consistait à démissionner en le faisant savoir bruyamment sur les réseaux sociaux ? La tendance s’accélère avec le quittoking sur Tik-Tok.
😰 Ne perdez plus votre temps
Vous avez tout essayé, y compris la technique Pomodoro, pour ne plus perdre votre temps au travail ? Vous trouverez peut-être votre bonheur parmi ces sept applications gratuites.
👮♀️ Vos papiers s’il vous plaît
Le contrat de travail donne à l’employeur un pouvoir de direction, incluant le contrôle des tâches effectuées en contrepartie d’une rémunération. Mais peut-on vraiment surveiller les télétravailleurs à leur insu ?
💥 Plip ou boum ?
La bulle de l’IA va-t-elle éclater ou l’IA générative est-elle là pour durer ? Le secteur de l’intelligence artificielle connaît une euphorie financière sans précédent. Pourtant, la situation demeure très confuse. Les investissements dans l’IA atteignent des sommets vertigineux. Malgré cela, certains commentateurs se montrent très critiques.
Vite dit
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Un vrai petit film de Galansire sur l’entretien de recrutement façon guerre du Vietnam, sur fond sonore qui mélange Fortunate Son et bruits d’hélicoptère, comme dans Forrest Gump.
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