Le travail est-il de droite ?
La valeur du travail a refait irruption dans le débat politique. Ce n'est pas notre sujet ici. Mais c'est une occasion de clarifier cette notion qui relève plus de la croyance que de l'économie.
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Le responsable du pavé dans la mare, c’est Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, qui, le 9 septembre, déclarait : “La gauche doit défendre le travail et le salaire et ne pas être la gauche des allocations, minima sociaux et revenus de substitution.”
Il s’attirait rapidement les foudres de la députée EELV Sandrine Rousseau : “La valeur travail" est "quand même une valeur de droite". Je vous passe les détails et les émois de toute la gauche, ici ou encore là ainsi que la “convocation” dans le débat des luttes historiques, de Karl Marx ou de son gendre, Paul Lafargue, et de son Droit à la paresse.
Ces échanges ne vous passionnent peut-être pas et, de toute façon, ce n’est pas le sujet ici. En revanche, ce buzz me donne l’occasion de nous intéresser à cette fameuse “valeur travail”.
Existe-t-elle ou est-ce un mythe fédérateur et mobilisateur ?
Pour les économistes, la valeur du travail c'est le moyen de fixer les prix. Et il y a débat : pour Marx "la valeur c'est du travail accumulé" et pour les néo-classiques "la valeur est fixée par le marché".
Pour les politiques, l’acception est quasi-religieuse : “Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front” est toujours présent dans l’inconscient collectif. Le travail aliène ou émancipe, c’est selon, mais il est adoré.
L'idée neuve du XXe siècle, c'est la valorisation du non-travail. Auparavant, dans la société agraire, on ne se posait pas la question. L'idée de travail par opposition au non travail n'existait pas et n'avait aucun sens. Les vacances, la retraite, n’existaient pas. On ne travaillait pas le dimanche ni lors des fêtes carillonnées. Mais le reste de l’année, on bossait et jusqu’au moment où l’on n’en pouvait plus. C’était comme cela et on n’avait pas le choix.
L’organisation du travail s’est progressivement industrialisée et on a fait venir les ouvriers vers l’usine et ses moyens de production. A partir de là, la vie est rythmée par le son de la sirène : embauche, déjeuner, débauche. C’était comme cela et on n’avait pas le choix.
Puis les avancées sociales apportèrent la retraite et les congés. Le temps s’organisa en travail et non travail. Avec toujours le travail comme référence.
Il est intéressant de noter que les aspirations - en particulier celles des plus jeunes et des indépendants - marquent un retour du travail choisi avec un effacement de la frontière entre le travail et la vie privée. Et en cela, la Covid et ses confinements, ainsi que le télétravail, ont ouvert les yeux a beaucoup de salariés.
Alors, qu'est-ce qui compte ? Déifier le travail comme un but, un moyen de réalisation et d’émancipation ? Quitte à oublier les effets pervers du travail sur l’environnement ? Je reviendrai sur ce sujet.
Ce qui me semble important, c’est l'utilité sociale du travail et l'autonomie. Et la prise de conscience de son autonomie par le travailleur. Certains y trouvent un moyen de produire ou de créer grâce à lui, comme les artisans ou les artistes. Entre l’idole et le tabou ne pourrait-on pas trouver la place de l’humain ?
Alors, rangez dans un tiroir la sirène, la pointeuse et le métro-boulot-dodo qui va avec. De moins en moins de monde aspire à cette “valeur travail”. Ah si : quelques politiques et, peut-être, quelques syndicalistes.
🟥 Creuser le sujet
Pour en finir avec la valeur travail, Usbek & Rica, 2017.
La vie est mon métier, témoignage l’Ulysse Lubin, 28 ans, “professionnel de la vie heureuse”
⛑ C’est grave docteur ?
Des dizaines de cabinets de prévention des risques au travail alertent sur les dangers insidieux du télétravail. On s’en fiche, chacun sait qu’on ne bosse pas en télétravail. Aucun risque donc.
🍔 A taaaaaable !
Recherche de plus de convivialité au bureau - notamment au moment de la pause déjeuner - et demande de menus plus qualitatifs et variés : telle est la nouvelle donne post-Covid qui bouscule l'offre des prestataires de restauration d’entreprise. Encore faut-il revenir au bureau.
🌋 Ça va chauffer
Alors que les factures d'énergie s'envolent et que les entreprises se préparent à une récession, les salariés pourraient être tentés par un retour au bureau. Ou par demander une indemnité de chauffage à domicile ?
💾 Vieux clous
Vieux ordis, Wi-Fi défaillant... La majorité des salariés en télétravail se plaignent de leur matériel informatique. Avec la pénurie de composants, un tiers des entreprises aurait des difficultés pour équiper leurs salariés.
🏦 Flex bureau
Le groupe BPCE a inauguré cette semaine à Paris les tours Duo : 90 000 m2 pour regrouper et loger 9000 salariés… avec 6 000 postes en flex office. Merci le télétravail pour les économies.
Bonne idée
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En ces temps d’énergie chère (et majoritairement polluante), l’idée n’est pas idiote. En Normandie, Antoine et son père Serge construisent, seuls, une micro-centrale hydroélectrique capable d'alimenter 500 foyers en électricité.
Et voilà, c’est fini pour cette semaine.
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