Le syndicalisme est-il encore utile ?
Le "syndicalisme est mortel". C'est ennuyeux car il est essentiel au progrès des entreprises. Il peut trouver un second souffle à condition d'en finir avec la politique et le corporatisme.
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“Le syndicalisme est mortel” affirmait Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, il y a quelques années. Parce que les syndicats ont trahi leur mission (comme l’a fait l’entreprise, on en parlait ici il y a quinze jours).
La première mission historique des syndicats a été de défendre la santé et la sécurité des salariés au travail. On ne peut pas dire qu’ils aient brillé pendant la pandémie de coronavirus.
Leurs autres missions de défense des salariés ont été dévoyées : le syndicalisme est mortel, expliquait Laurent Berger, “quand il confond son combat avec un combat politique".
On retrouve dans cette critique la ligne de partage syndicale, entre les réformistes qui croient au changement par la négociation, et les révolutionnaires qui veulent le changement de la société, préalable à l’amélioration de la condition du salarié.
La société a changé. La réponse, la promesse comme on dit en marketing, des syndicats ne correspond plus aux attentes des salariés. Résultat : l’action syndicale se cantonne dans une activité corporatiste ou dans la surenchère activiste. Il n’est plus certain que les grèves surprise dans les transports les jours de départ en vacances de Noël fassent du bien à l’image et à l’efficacité de la CGT…
Sans compter que les modes d’action syndicaux se renouvellent peu. A part “chauffer la pavé” entre République et Nation à Paris, casser un petit McDo de temps en temps et lancer une grève “préventive”, on ne peut pas dire que les partenaires sociaux innovent beaucoup.
Ce désamour pour les syndicats se mesure aux chiffres d’adhésion extrêmement faibles. La Dares, la direction des statistiques du ministère du Travail, avance le chiffre de 10% des salariés syndiqués, majoritairement dans le secteur public. Evaluation apparemment surestimée (voir dans les sources ci-dessous).
Faut-il se réjouir de cette baisse d’audience, comme d’une petite vengeance pour les kilomètres à pied des jours de grève ? (“Je ne dis pas que ce n’est pas injuste, je dis que cela soulage”). Ou faut-il s’inquiéter de la disparition de ces corps intermédiaires qui amortissaient les conflits ou permettaient de les éviter par la négociation ?
Le dialogue social, expression toute faite du jargon syndical et RH, serait-il ringard ? C’est en partie vrai. Il est bureaucratisé dans les grandes entreprises voire complètement absent de la très grande majorité des entreprises sans partenaires sociaux.
Ce serait une erreur de se réjouir de la baisse d’audience des syndicats et de la diminution du dialogue social. Il n’est qu’à observer ce que produit cette absence d’organisation et de médiation chez les freelances pendant la pandémie. Le “néo-syndicat des travailleurs indépendants”, independants.co, cherche à y remédier par d’alignement de la protection des indépendants sur celle des salariés.
Peut-être les syndicats devraient-ils prendre leur part de responsabilité dans cette crise plutôt que d’en rejeter la cause sur “les patrons” uniquement. Une petite dose d’introspection serait une bonne base pour changer.
Car, n’oublions pas que le syndicalisme, comme les civilisations, est mortel.
Sources
Pour Laurent Berger “le syndicalisme est mortel” mais pas la CFDT
Les syndiqués en France (1990-2006), rapport de la Dares (PDF)
Combien de syndiqués en France, par l’Institut supérieur du travail. Un décompte des adhérents des syndicats et une, explication des erreurs de calcul de la Dares.
indépendants.co, "le néo-syndicat des travailleurs indépendants"
💣 O bella ciao, bella ciao, bella ciao, ciao caio
Vous connaissez probablement ce chant de partisans italiens remis au goût du jour par la série Casa de papel. Il semblerait qu’à l’origine ce soit un chant féministe entonné par les “mondines” travaillant dans les rizières de la vallée du Pô. Il semblerait car, en réalité, ce serait plutôt un chant français du XVIe siècle. Ou peut-être un chant yiddish du début du XIXe siècle.
🌷 Stop, on arrête de déménager à la campagne
Lui, il m’a mis le moral dans les chaussettes avec son thread. La campagne c'est juste bon pour les retraités et de toute façon il n'y aura bientôt plus de campagne. Foi d'urbain ?
🤫 Et maintenant, la question qui tue
Ce que la pandémie de Covid-19 a changé : travailler pour vivre ou vivre pour travailler ? Allier vie et travail n’a jamais été aussi important en cette période où le recours au télétravail est généralisé.
👍 Les sept jobs board du télétravail
Sept plateformes qui recensent des centaines de milliers de jobs – salariés ou freelances – que l’on peut exercer depuis son salon, le café du coin ou un espace de coworking du bout du monde.
😻 L’autre question qui tue
Mais pourquoi votre chat vient-il toujours sur votre ordinateur quand vous télétravaillez ? Promis, ce n’est pas du putaclic.
😺 Soyez gentils !
La bienveillance est une vertu relationnelle qui améliore les conditions de travail, surtout en situation de télétravail subi. D’autant qu’il est prouvé que les égoïstes, les combatifs et les manipulateurs ne sont pas avantagés dans la conquête du pouvoir au boulot.
🏭 Management industriel innovant
En 2018, Martin technologies, dans le Maine-et-Loire, a décidé d’abandonner son organisation classique et de passer en mini-usines favorisant l'autonomie et la responsabilité.
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Un point sur le hikikomori ou syndrome d'isolement 🔹 Freelancing, portage, temps partagé : quand les travailleurs s'affranchissent des entreprises 🔹 Google investit des milliards de dollars dans des bureaux à New-York et Londres 🔹 Il faut dignifier les métiers 🔹 Carlos Tavares, patron de Stellantis, n'aime pas du tout du tout la voiture électrique 🔹 L'IA c'est utile pour surveiller le travail, surtout celui des députés 🔹 Les navires autonomes vont ruiner l’industrie 🔹 Une journée chez Angèle, un tiers-lieu breton.
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