Le management à la française a la vie dure
Le management par objectifs s'est imposé mais pourtant le contrôle et la surveillance au travail augmentent. Cette régression pousse à revoir le "management à la française".
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Édito plus court
Contrôle ou participation, il faut choisir
Le management par objectifs fête ses soixante dix ans cette année. Même s’il marque un progrès dans l’autonomie des salariés, on s’aperçoit qu’il reste peu participatif.
Mais il y a pire. Dans la dernière livraison de sa newsletter, Hubert Guillaud analyse le développement de la surveillance du travail grâce aux technologies. Un véritable retour en arrière augmenté, le temps des contremaîtres 3.0, du pointage, du flicage.
Cette régression n’est pas anecdotique mais traduit un état d’esprit, une culture. Alors que les salariés rêvent d’un management plus participatif, de la fin des bullshits jobs, de sens donné à leur travail, de la fin de l’évaluation par le temps de présence, certains dirigeants et managers pensent toujours, au fond d‘eux-mêmes, que le contrôle est plus efficace que la confiance.
Le professeur Jorge Jacob pense lui que “pour redonner du pouvoir aux salariés, il faudra revoir le leadership « à la française »”.
Dans un récent article, il aborde la nécessité d’un changement de style de leadership au sein des entreprises françaises pour responsabiliser les employés et renforcer leur engagement.
Il cite des recherches qui indiquent que de nombreux salariés perçoivent leurs managers comme autoritaires. La moitié seulement ayant le sentiment de pouvoir influer sur les décisions importantes. Ils sont 85 % dans les pays scandinaves. De plus, seuls 17 % s’estiment consultés avant des changements organisationnels important. Cela met en évidence un manque important d’autonomie perçue parmi les travailleurs.
Cette situation, pense l’auteur, est aggravée par les héritages historiques, un système éducatif cloisonné et la financiarisation croissante de l’économie !
Cette culture d’entreprise, et ses pratiques de ressources humaines, a un coût exorbitant : près de la moitié des entreprises françaises a du mal à recruter des candidats qualifiés, en partie à cause de ce management.
Pour répondre à ces problèmes, l’article met en avant des styles de leadership plus éthiques et authentiques.
Les leaders éthiques modélisent des comportements appropriés, favorisent une communication ouverte et encouragent une culture de respect et d’équité.
Les leaders authentiques, quant à eux, se concentrent sur la réalité de la personne et l’intégrité morale. Une culture qui soutient le développement des employés.
Investir dans un leadership éthique et authentique est présenté comme une démarche stratégique pour les entreprises françaises. Cela transforme la dynamique organisationnelle, renforce l’engagement des employés et attire les meilleurs talents.
En créant un environnement qui valorise les salariés, les implique dans les décisions stratégiques, améliore la satisfaction globale au travail et l'engagement.
Que faire ?
En dehors des conseils de Jorge Jacob, vous pouvez vous pencher sur une méthode améliorée du management par objectifs : l’OKR (Objectives and Key Results, objectifs et résultats clés), développée dans les années 70 chez Intel et popularisée depuis dans les entreprises de la tech.
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Cyclistes du dimanche ou vélotafeurs, ce message est pour vous !
Il existe un dicton célèbre chez les adeptes de la bicyclette : “Plus il y a de vélos, plus il y a de vélos”. C’est une sorte de théorème cyclable, démontré dans toutes les villes où la pratique du vélo a explosé : c’est en voyant des gens sur des vélos que les autres s’y mettent aussi.
Comme tout développement sociétal, cela entraîne de nouvelles opportunités dans l’univers du travail. Les reconversions ou les transferts d’industrie (même métier, mais dans un secteur avec plus de sens) se multiplient.
Dans le secteur du vélo, c’est la plateforme d’emploi Le Job Vélo qui tire son épingle du jeu. En plus des offres d’emploi dans ce secteur, ils ont produit un guide pratique : Les 100 métiers du vélo, avec les rémunérations pour chaque poste.
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2e info à ne pas rater
Entreprises : small is beautiful ?
Au pays d’Astérix, le petit possède, à priori, un capital de sympathie face aux grands. C’est vrai aussi pour les entreprises, bien que les petites structures soient peu présentes dans le radar politique et institutionnel.
Le rapport Très petites entreprises : une force économique pour le développement des territoires publié il y a quelques jours par Nicolas Portier pour l’Institut Terram, devrait changer les choses. Il propose une analyse complète du rôle des très petites entreprises (TPE) dans le développement économique des territoires en France.
Pour une bonne compréhension de leur rôle économique, il convient de distinguer les TPE (employeurs de 1 à 9 personnes) invisibilisées et “diluées” dans les différents statuts d’indépendants. Les TPE représentent plus de 80 % des entreprises employeuses mais ne représentent qu’environ 20 % des emplois du secteur privé. Un décalage qui s’explique par leur changement de statut administratif quand elle deviennent des PME ou qu’elles sont rachetées. “ Elles disparaissent des statistiques mais leur énergie entrepreneuriale se perpétue à l’intérieur d’entités plus vastes. Elles alimentent ainsi la régénération constante du tissu productif” explique le rapport qui insiste sur la nécessité de regarder le “flux” d’emplois des TPE derrière le “stock” qui donne une fausse impression de leur poids réel.
La contribution économique des TPE est importante pour le développement économique local, en particulier dans les zones rurales et les petites villes où elles sont prédominantes dans des secteurs comme la construction, l’artisanat et l’hôtellerie. Elles se caractérisent également par une grande diversité de modèles économiques et de styles opérationnels. D’une manière générale, probablement en raison de leur taille, elles savent s’adapter rapidement aux conditions changeantes du marché.
En conclusion, le rapport de l’Institut Terram recommande un certain nombre de mesures pour soutenir les TPE. Très présentes dans le discours public, elles le sont nettement moins dans les faits. Elles souffrent d’un manque de reconnaissance et de représentativité : où sont les TPE dans les politiques publiques du Medef (tourné vers le CAC 40) ou des ministres, y compris démissionnaires, de l’Économie ?
Parmi les mesures proposées par le rapport, j’en retiendrai deux : favoriser l’accès des TPE aux marchés publics et confier les dispositifs d’aides de l’État et de l’Europe aux collectivité locales, plus proches des entreprises de leurs territoires. Et, en particulier, aux intercommunalités. Un sujet que l’auteur du rapport connaît bien puisqu’il a été pendant plusieurs années délégué général d’AdCF, Intercommunalités de France.
😇 Oh les menteurs
J’ai retrouvé cette info ancienne dans les archives du New-York Times : les Américains travaillent moins qu’ils ne le disent. Déni, illusion ou gros filous ?
👿 Oh les relous
Vous connaissez ces phrases, anodines en apparence, qui participent en réalité au mal-être des salariés ? Micro-agressions de manipulateurs sur lesquelles s’est penchée l’Ifop.
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Pourquoi certaines organisations en déclin réussissent à survivre malgré leur management inepte ? Grâce à des salariés qui continuent à essayer de faire leur travail du mieux qu’ils peuvent.
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😮 Wahou
”L’économie des créateurs” pourrait atteindre près de 500 milliards de dollars d’ici 2027. Ah, quand même.
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🤣 LoL
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