Le grand malentendu du lieu de travail
Le design et l'agencement des espaces de travail ont peu évolué depuis quinze ans, alors que les attentes des salariés ont changé. Normal : on oublie juste de consulter les salariés.
Bienvenue dans cette nouvelle Newsletter de Zevillage. Je suis Xavier de Mazenod. Je vous envoie chaque jeudi, dans votre boîte mail, des idées et des trouvailles pour comprendre ce que nous réserve le futur du travail et pour vous aider à travailler mieux et vivre mieux.
C’est la rentrée pour votre newsletter. Un peu tardive car cet été j’ai écrit un livre. Je vous en dirai plus bientôt. En attendant, je vous souhaite une bonne année au boulot pleine de découvertes et de succès.

Après des décennies d'innovation et des milliards investis dans la rénovation des bureaux, malgré les politiques imaginatives de certaines entreprises, l'efficacité des espaces de travail n'a pas évolué du tout depuis 2008. C’est le sujet de la dernière livraison de la newsletter de Brian Elliott : La plupart des lieux de travail ne fonctionnent pas.
Dans le même temp, beaucoup d’entreprises lancent des politiques de retour forcé au bureau. Dans un contexte déjà hostile au travail hybride, le Washington Post (propriété de Jeff Bezos) annonce même une nouvelle vague de mesures en faveur du retour au bureau.
Janet Pogue McLaurin, de chez Gensler, citée dans l’article d’Elliott, l'affirme sans détour après avoir interrogé 16 809 employés dans 16 pays : "Un lieu de travail qui ne fonctionne pas, ce n'est plus un lieu de travail". Distractions, bruit, interruptions... les mêmes problèmes persistent. Comme si on rénovait sans cesse la carrosserie d'une voiture dont le moteur est cassé.
Le problème ? Trop d'organisations voient encore l'espace comme un coût plutôt que comme un levier de performance.
Pour Brian Elliott, il n'y a pas de "guerre des générations" au bureau. Que vous ayez 18 ou 60 ans, vous voulez la même chose : collaborer en présentiel, avoir des espaces pour vous concentrer, et bénéficier d'une variété d'environnements.
Les vraies différences entre salariés ? Elles sont géographiques et sectorielles. Un salarié chinois n'a pas les mêmes attentes qu'un Britannique ou un Français. Logique, mais combien d'entreprises appliquent encore le même modèle partout dans le monde ?
Il cite un chiffre qui mérite réflexion: seulement 21% des salariés se sentent vraiment impliqués dans la conception de leur espace de travail. Ceux à qui on offre de participer manifestent une satisfaction supérieur de vingt points aux autres.
C'est "l'effet IKEA" : quand on met la main à la pâte, on valorise davantage le résultat, même imparfait, qu'une solution parfaite imposée d'en haut. Un principe à méditer avant de décider du mobilier du plateau.
Les organisations qui réussissent ont fait un virage sémantique révélateur : elles ne "gèrent plus des bureaux" mais "des lieux". Nuance de taille ! Un lieu se pense en termes d'expérience, d'émotion, de “parcours utilisateur”.
Certaines utilisent même des techniques de storyboard pour cartographier le ressenti des employés : que ressent un salarié qui arrive pour la première fois dans les locaux ? Comment adoucir l'anxiété de naviguer dans un nouveau bâtiment ?
Comme le note Annie Dean, de CBRE (société de conseil en immobilier d’entreprise) : "Les bureaux doivent commencer à ressembler un peu plus à des hôtels, avec un service excellent, une technologie fluide et des espaces qui créent un véritable sentiment d'appartenance".
Les dirigeants sont-ils prêts à faire des lieux de travail l'outil stratégique qu'ils devraient être. Ou préfèrent-ils contraindre leurs équipes à revenir dans des espaces inadaptés à la productivité ?
Trois actions concrètes pour s'y mettre
Partez des employés, pas des cadres: utilisez des groupes de discussion plutôt que les intuitions du comex.
Pensez expérience, pas mètres carrés : cartographiez le “parcours émotionnel” dans vos espaces. Où vos équipes se sentent-elles énergisées ? Où traînent-elles des pieds ?
Testez avant de généraliser : pilotez vos concepts dans des espaces réduits avant de miser gros sur une refonte complète.
😱 Réseaux asociaux
Selon la direction générale du Trésor, les Français passent chaque jour entre 20 minutes et 2h30 sur leur smartphone à des usages non professionnels. Ce qui représente une perte de 15 Md d’euros par an (0,6 point de PIB). Mais aussi une dégradation de la santé mentale et… une détérioration des capacités cognitives.
😖 Je suis malaaaaaade !
Un quart des jeunes (25 %) souffrent de dépression selon le questionnaire standardisé PHQ-9, outil de référence pour dépister et mesurer la sévérité des symptômes dépressifs. Un chiffre largement supérieur aux 14 % qui s’auto-déclarent en mauvaise santé mentale.
🪑 Retour au bureau, assis ?
Notre travail est aussi productif assis que debout quand il ne dépasse pas dix minutes Entre dix et trente minutes, la performance est meilleure en situation debout. Entre trente et quatre vingt dix minutes, les performances dans les deux positions redeviennent équivalentes. Alors, alternez les positions ou allez faire un tour.
🧹 Télétravail et inégalités de genre
Malgré des avancées, le télétravail ne réduit pas les inégalités domestiques, notamment en termes de charge mentale. Vers une refonte des rôles au sein du foyer et un véritable droit à la déconnexion ?
🏃♂️ Quitter la technologie américaine ?
Paris Marx est canadien et geek. Il a décidé de se débarrasser des services technologiques américains. Et il nous fait le cadeau de publier un petit guide pratique pour nous aider à démarrer.
🚴♀️ Vade rétropédalage
Eux, au syndicat CFE-CGC d’Addeco, ils ne sont pas pour le rétropédalage des entreprises à propos du télétravail. Celles qui souhaitent “rassembler à nouveau leurs ouailles sous un même toit” disent-ils, feraient bien de réfléchir à la meilleure efficacité des travailleurs à distance.
🤣 C’est le management, idiot !
Selon une étude de Resume Now, 97 % des salariés se sont tournés vers ChatGPT pour obtenir des conseils plutôt que vers leur manager. Et 63 % le font régulièrement. La raison : 57 % affirment que c’est par crainte de se déprécier.
Vite dit
Ah, la tuile (en chocolat) ! 🌀 Boire, fumer ou travailler, il faut choisir ! 🌀 Vacances remboursées pour tous les salariés ? 🌀 Vous connaissez la Fédération française pour les liens sociaux ? 🌀 SVP, laissez vos salariés télétravailler prendant les grèves !
Une tirade de Bernard Blier en patron pas très social dans Un idiot à Paris, film de 1967.
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Merci Xavier pour ce nouveau numéro de rentrée. Je suis intrigué par cet histoire de temps passé sur le smartphone, chiffré à une perte de 15 Md d'euros par an. On parle du temps passé pendant le temps de travail, c'est bien ça ? En ne comptabilisant que le temps passé hors outils mobiles nécessaires à l'exécution des tâches confiées aux salariés ?