L'A69 roule-t-elle pour le travail ?
L'A69 roule-t-elle pour le travail ?
Le projet d'autoroute A69, Castres-Toulouse, cristallise deux positions et révèle des erreurs d'appréciation sur le développement économique. Il est temps de changer de vision et de méthodes.
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Quel est le lien entre le futur du travail et le chantier de l’autoroute A69 Toulouse-Castres ? Il est multiple.
Si vous ne suivez pas ce feuilleton, voilà un petit résumé de la situation. La ville de Castres, située à 77 km de Toulouse, est un territoire enclavé. Les pouvoirs publics ont donc décidé de remédier à la situation en améliorant la route existante (avec des tronçons en 2 x 2 voies) grâce à la construction d’une autoroute, l’A69.
Du côté des opposants, on fait valoir que la destruction de centaines d’arbres matures n’est pas du tout compensée par la plantation de jeunes arbres, même avec un taux de replantation de un pour cinq. Et que le projet va artificialiser 300 hectares de terres agricoles. Un collectif de 1500 scientifiques a publié une lettre ouverte pour faire valoir ces arguments. D’autres sont aussi avancés : les utilisateurs de l’autoroute rouleront à 130 km/h au lieu de 80 et 110 km/h actuellement. De quoi dégrader le bilan carbone des travailleurs pendulaires visés par le projet.
Vous commencez à voir le lien avec le travail ?
On peut ajouter des préoccupations économiques et sociales à ces inquiétudes écologiques. Le prix du péage devrait être de 17€ pour un aller-retour, ce qui fait de l’A69 la deuxième autoroute la plus chère de France. Et l’autoroute inclue dans son tracé payant les tronçons 2 x 2 voies actuellement gratuits. C’est un budget de 340€ par mois pour aller au bureau (et en revenir). Un peu cher, même si on peut espérer un tarif plus bas pour des abonnements.
Grâce à l’autoroute on fait valoir une économie de 15 à 25 minutes sur le trajet Castres-Toulouse.
Or, on sait qu’il n’y a pas de lien entre la création d’une autoroute et le développement local. Elle permet juste de traverser plus vite un territoire. Ce qui pourrait jouer un rôle d’aspirateur en défaveur de Castres, au profit de la métropole de Toulouse.
Une ZAD s’est installée sur le chantier et a été évacuée le week-end dernier. Mais les travaux sont très avancés et il se pourrait que les opposants mènent un combat d’arrière-garde.
Vivre et travailler au pays
Les deux points de vue pourraient se concilier. D’un côté on veut désenclaver un territoire, donner du travail à la population, et de l’autre on veut privilégier le respect de l’environnement.
La conception du développement économique et la méthode de prise de décision étaient obsolètes. Il aurait été plus judicieux d’engager une meilleure participation de la population et des experts très en amont du projet. Faute de ces démarches, on aboutit à une situation où chacun se retranche dans sa position clanique et tente le rapport de force.
Cela me rappelle le grand plan quinquennal de développement de la CCI près de chez moi, il y a une dizaine d’années : un aérodrome pour exporter les chevaux de course (sic) et une grande zone logistique. Beaucoup de bonnes terres agricoles perdues, beaucoup de pollution pour le fonctionnement et très peu d’emploi créé. Heureusement ni l’un ni l’autre de ces projets n’a vu le jour. Mais ils révélaient une grosse erreur de méthode d’appréciation.
Quelle en est la cause : paresse intellectuelle, manque d’imagination ou de vision, méconnaissance des sujets ? Qui sait.
Le cas de l’A69 le révèlen il faut penser différemment le développement local : comment développer Castres, la “Venise du Languedoc” ?
Privilégier les circuits courts (industriels aussi) et le développement endémique permet d’éviter d’avoir recours à des flux tendus depuis la Chine et de déroukler un tapis rouge à la route de la Soie.
Ce modèle local existe dans l’Allemagne rurale. Gaspard Koenig, dans son périple à cheval, a été surpris de découvrir cette réalité. Des villages et des petites villes ont su développer une forte vie économique et industrielle pour garder leur population et leurs emplois sur place.
“À l’heure de son clocher”, pas besoin de “penduler” deux heures par jour pour aller travailler.
C’est un choix de société.
🟥 En savoir plus
Cette erreur historique va les hanter, un résumé de l’affaire de l’A69 par Hugo Clément (de Hugo Décrypte)
C’est encore loin les communs ?, une réflexion d’Hubert Guillaud sur le manque de démocratie des pouvoirs publics. À méditer à propos du changement de méthodes de l’action publique.
Management par la confiance ?
Sans commentaire.
“Dans mon entreprise, pour limiter les abus des week-ends prolongés, ou des “journées garde d’enfants”, j’ai autorisé le télétravail uniquement le mardi ou le jeudi. Interdiction de prendre une journée de télétravail le lundi, mercredi ou vendredi.”
Bernard, chef d’entreprise
🤸♀️ Vous avez dit flexibilité ?
La flexibilité dans le travail n’est pas limitée à la possibilité de télétravailer. C’est aussi la semaine de 4 jours ou le slashing, le cumul d’emplois, dont Mazars France a par exemple autorisé l’exercice dans ses contrats de travail.
🚲 Fin du vélotaf urbain ?
Les interdictions du vélo en centre-ville se multiplient, afin “d’assurer la sécurité des piétons”. Pour mémoire, selon le dernier rapport de l’Observatoire de la sécurité routière, le vélo à tué un piéton en 2022, la trottinette deux personnes et la voiture… 485.
🥾 Le bureau ou la porte
Amazon insiste beaucoup pour faire revenir ses salariés au bureau, je vous en avais parlé. Il vient de passer au stade d’après : la menace de renvoi s’ils ne s’exécutent pas.
😎 Travailler au vert
Revoilà les tracances, en débat sur France Inter. Il ne s'agit pas de travailler en période de vacances, mais de télétravailler sur un lieu où vous avez normalement l'habitude d'être en vacances.
👩❤️💋👨 Ah d’accord, ça va être de ma faute en plus
Rosa, 31 ans, en est sûre : c'est le télétravail qui l'a poussée vers l'adultère. Elle a eu une aventure avec un de ses collègues de travail. Au bureau, c’est moins hot, mais c’est bien-sûr !
😰 Mourir, la belle affaire
Dans ses formations pour managers, Fred Kofman, ancien vice-président Leadership de LinkedIn et ancien vice-président de Google, propose sept interrogations sur la mort. Un moyen de sortir les participants de leurs préoccupations quotidiennes corporate. C’est ma contribution (sérieuse) au Jour des morts de la semaine prochaine.
👍 Anti idées reçues
” Le mode hybride, ça ne fonctionne pas ! ” Dans sa rubrique Maudite job du bimensuel québecois Les Affaires, Olivier Schmouker fait un point détaillé sur les idées reçues à propos du travail hybride.
Les prévisions 2024 de Forrester pour l’Europe
Forrester Research publie aujourd’hui ses prévisions pour l’Europe en 2024 : 40% des Européens travailleront régulièrement à domicile, contre 27 % des Américains. Seuls 11 % des chefs d'entreprise européens s'attendent à ce que leurs employés retournent au bureau à temps plein.
Non seulement l'Europe dépassera les États-Unis en matière de travail flexible en 2024, mais une législation plus souple entrera en vigueur au Royaume-Uni et dans l'Union européenne. Par conséquent, les entreprises européennes doivent investir dans un nouveau modèle de collaboration pour renforcer leur main-d'œuvre hybride.
Comment lutter contre les fake news managériales
C’est compliqué de répondre aux fake news. On est obligé d’argumente face à un slogan faux mais court. Cela prend plus de temps et vous place sur la défensive. Le linguiste George Lakoff propose une méthode dite du “Sandwich de la vérité” :
Commencez par une vérité. Le premier qui commence a l'avantage.
Pointez du doigt le mensonge (et éventuellement les mauvaises intentions de l’interlocuteur). Évitez si possible de donner trop de place au mensonge.
Revenez à la vérité. Répétez toujours les vérités plus que les mensonges.
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Vite dit
Mais qu’est-ce qui se passe avec le retour du loup 🌀 Trois sites pour suivre le trafic mondial de bateau, de train et d’avion 🌀 L’Atlas mondial du télétravail en 2023 : 1er, le Danemark, la France est en 15e position.
On peut aimer son travail, en être fier et vouloir améliorer ses conditions de travail.
L’ancien président Sarkozy pense le contraire : le télétravail c’est de la daube et la réduction du temps de travail, pas mieux. Ce qui compte c’est le goût du travail.
Il est resté scotché à ses positions de 2007. Il n’a pas vu le monde changer depuis 15 ans, il n’a pas compris que “travailler plus pour gagner plus” pouvait aussi se pratiquer en télétravail. Il invente, en quelque sorte, le Futur d’avant. C’est triste mais, au moins, cela fait rigoler son fan club.
Voir son interview complète au Forum des entrepreneurs (46’) ou le court extrait ci-dessous.
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À la semaine prochaine.