"La termitière future m'épouvante"
L'Intelligence artificielle est difficile à comprendre. Elle ouvre les portes à tous les phantasmes, pour ou contre. Normal. Mais pourquoi nous soûler avec ça ?
Bienvenue dans cette nouvelle Newsletter de Zevillage. Je suis Xavier de Mazenod. Je vous envoie chaque jeudi, dans votre boîte mail, des idées et des trouvailles pour comprendre ce que nous réserve le futur du travail et pour vous aider à travailler mieux et vivre mieux.
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Édito plus court
“Je hais leurs vertus de robots”
L’Intelligence artificielle, maintenant plus connue sous son petit nom majuscule d’IA, a l’air de d’indisposer beaucoup de monde. Petit indice parmi d’autres : votre taux de réponses au sondage de la semaine dernière, 23 votes, le plus mauvais score de tous les temps dans cette newsletter !
Le résultat de cette mini-consultation est intéressant et révélateur : environ moite-moite pour la confiance et la méfiance vis-à-vis des conséquences de l’IA sur le travail. Avec un part importante, 16% de répondants, qui n’y comprennent rien.
Non seulement on sature avec l’IA à toutes les sauces, partout, tout le temps, mais, de plus, on n’y comprends pas grand chose. Difficile dans tout ce bazar, donc de se prononcer sur ses impacts.
Ne vous méprenez pas, je ne suis pas hostile, à titre personnel, à l’IA. Elle est là, depuis plusieurs décennies en réalité : en douce, elle a déjà changé nos vie. La grande révolution, c’est l’irruption dans le grand public des LLM (Large Language Models), ces “grands modèles de langage” incarnés dans ChatGPT et ses concurrents.
L’excitation autour de l’IA est pesante et n’aide pas à comprendre ce qui nous arrive. Est-ce normal ? Oui.
Les innovations entraînent des réactions. Le groupe Gartner les a modélisées sous la forme d’un cycle du hype. Quand une technologie débarque, le monde qui l’accueille passe par une phase d’attentes exagérées (ah, c’est génial), puis par une phase de désillusions (bof, c’est nul), une phase d’illumination (ayé on a compris) et, enfin, par une phase de productivité (le business peut démarrer).
Philippe Silberzahn l’explique en s’appuyant sur l'innovation du tracteur à la fin du XIXe siècle : elle a mis un demi-siècle pour atteindre cette phase de productivité.
La phase de désillusion paraît arriver aussi vite que l’IA a jailli dans nos vies il y a moins de deux ans. On pourrait dire que la plupart des gens se fichent complètement de ChatGPT. C’est ce que montre une enquête réalisée par l’Université d’Oxford en mai dernier auprès de 12 000 personnes, dans six pays différents (France, Royaume-Uni, Danemark, Argentine, Japon, et États-Unis).
Je ne vous détaille pas les résultats de l’étude : vous retrouverez les détails dans l’article cité ci-dessus. Ils sont étonnants mais très compréhensibles. L’IA est un sujet très technique, qui évolue très vite, et il faut apprendre à la manier pour la comprendre.
Pas étonnant donc que l’ignorance amène à la confusion, à de grands enthousiasmes, à des grands peurs et à de la méfiance. Le ramdam quotidien à propos de l’intelligence artificielle encourage la lassitude.
Je comprends que l’on se réjouisse des progrès que nous laisse entrevoir l’IA. Je comprends aussi les inquiétudes. Nous avançons dans le noir et l’avenir est impossible à deviner. Certains se sont donné pour mission de nous éclairer, comme , ancien journaliste spécialiste des technologies, ou Thomas Deneux, avec ses robots qui enseignent l’IA.
Mais une chose est sûre : il faut savoir ce qu’on ne veut pas. Comme l’écrivait Saint-Exupéry dans sa dernière lettre, “la termitière future m'épouvante et je hais leurs vertus de robots, moi j'étais fait pour être jardinier".
Moi qui suis jardinier, j’attends de voir la floraison de l’IA.
2e info à ne pas rater
Le télétravail déstabilise-t-il les infrastructures ?
Il y a dix ans, je suis intervenu dans une formation à HEC pour la Fédération des EPL, les Entreprises publiques locales, le cœur battant de l’économie mixte. Ces aménageurs se posaient - déjà - la question des impacts du télétravail sur la ville.
En re-gardant ma présentation pour cette conférence, je me rends compte que tous les enjeux et les effets du télétravail sur nos vies étaient déjà bien visibles. Et en particulier, la difficulté pour des aménageurs, qui travaillent dans le temps long, de devoir gérer des incertitudes de comportements.
Faut-il construire plus d’autoroutes, de voies ferrées, de lignes de métro, alors que le télétravail réduit les déplacements ? On le sait, les comportements et les mobilités ont changé depuis la Covid, en France et à l’étranger. Faut-il continuer à favoriser la mobilité ou encourager les démobilités ?
En Suisse, la baisse des mobilités pour le travail serait compensée par des effets contraires, comme la hausse du trafic de loisirs ou l’allongement des trajets pour se rendre au travail.
En Île-de-France, le mass transit (transports publics en trains Transilien, RER, bus, métro et tramway) a certes connu une baisse, mais aussi l’apparition d’un phénomène de “jours de pointe”, ce qui oblige à ne pas diminuer les capacités de transports.
Du côté des infrastructures routières, difficile aussi de tirer des conclusions claires. Le traffic routier, contrairement au mass transit, a augmenté par rapport à la période pré-Covid.
Pour le dire autrement, nous n’en avons pas fini avec le métro ou auto-boulot-dodo !
👍 Calculez vos avantages à télétravailler
Grâce à ce calculateur en ligne, vous pouvez évaluer les bénéfices que vous tirez du télétravail, en heures de déplacement, en euros et en tonnes de CO₂.
🔨 Raplapla
La réduction des niveaux hiérarchiques est un nouveau levier de transformation pour les directions générales. Un défi qui va au-delà de la seule structure.
💃 Zéro bureaux
Rendez-vous le 14 juin pour la 3e édition de la journée Nationale sans Bureaux et participez aux initiatives de proposées partout en France ! Ici, les initiatives en Ile-de-France.
🏢 Quelle ville demain ?
Grâce à quatre MOOC sélectionnés avec soin et un peu d'imagination, embarquez pour une balade immersive au cœur d'une ville futuriste.
🔒 Je veux retourner au bureau
Au Québec, un homme qui s’était lancé dans le trafic de drogue pendant la pandémie “parce que le télétravail ne lui convenait pas” a été condamné à trois ans de pénitencier.
🚜 Tu me prêtes ton tracteur ?
L’Institut Terram et Chemins d’avenirs, avec l’Ifop publient une étude très intéressante intitulée Jeunesse et mobilité : la fracture rurale. Les jeunes ruraux sont pénalisés de plusieurs manières par les distances : 42 minutes de plus que les urbains en transports quotidiens ; pas de compensation avec des transports en commun ; plus grande dépendance à la voiture… Et cela dans tous les domaines de leur vie : pour se rendre en cours, pour s’engager dans une association, pour faire les courses, pour effectuer une démarche administrative, pour recevoir des soins…
☎️ Télétravail, SVP !
SVP, groupe de conseil aux PME et aux ETI créé en 1935, accompagne le virage vers une organisation du travail hybride au sein de ses propres équipes, ainsi que chez ses clients.
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Vite dit
X autorise maintenant les contenus X 🌀 Bientôt sur vos écrans, les publicités non désactivables 🌀 Les rues piétonnes, finalement bon pour le business 🌀 Aux Pays-Bas, tu votes, tu gagnes un glace 🌀 Pas de surveillance lors du télétravail, mais c’est en Suède.
En voilà une bonne idée de supermarché : grosses économies, engagement, produits locaux et lien social.
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C'était juste pour liker !
Mais pendant que j'y suis... je m'interroge beaucoup sur les sources de l'IA puisqu'elle n'invente rien et ne fait que reconfigurer en langage accessible.
En effet ce n'est pas équivalent que l'IA se se nourrisse à des sources comme tout l'historique du journal Le Monde, ou qu'elle puise dans les contenus FaceBook de Madame Michu (nb : je n'ai rein contre Madame Michu).
On sait que certaines entreprises ferment leurs portes à l'IA alors qu'elles détiennent des trésors de connaissances, qui plus est des secrets utiles, tandis que d'autres structures bavardent à souhait pour s'exhiber au mieux.
Que dans le domaine de la santé par exemple l'IA s'enrichissent de données en provenance de CHU serait plus rassurant que d'aller puiser sur le site de l'Amicale des Catastrophologues.
Voilà, à jeudi
JPhC
PS : merci