La France et ses démons
La France est l'un des meilleurs pays d'accueil pour les entreprises étrangères, En même temps, elle est l'un des pires pour aider ses propres entreprises à se développer. Parfois même, elle les tue !
Bienvenue dans cette nouvelle Newsletter de Zevillage. Je suis Xavier de Mazenod. Je vous envoie chaque jeudi, dans votre boîte mail, des idées et des trouvailles pour comprendre ce que nous réserve le futur du travail et pour vous aider à travailler mieux et vivre mieux.
Merci à vous, lectrices et lecteurs, qui m’envoyez des informations. Je vous en prie, continuez 👏
Bonne nouvelle, l’opération Choose France devrait rapporter 40 Md€ d’investissements à la France. “Place à la France «attractive», où les entrepreneurs internationaux sont «welcome», tout comme les chercheurs américains de haut niveau que Paris rêve de débaucher de la Silicon Valley…” écrit le journaliste suisse Richard Werly.
Ça c’est le côté sympa de la France qui entreprend et qui va créer des milliers d’emplois.
Mais Werly pointe aussi l’autre aspect de la vie des entreprises françaises : ces patrons que l’on oblige à courir le marathon avec un boulet attaché au pied.
D’un côté, on encourage la création d’activité, on séduit les entreprises étrangères. De l’autre on rend la vie impossible aux entrepreneurs.
Une vie tellement impossible qu’elles en meurent parfois. En 2025, entre janvier et mars, 17 845 sociétés étaient en défaillances (procédures de sauvegarde, redressements et liquidations judiciaires), selon le premier bilan trimestriel d’Altares.
Surtout, le nombre de PME et ETI de plus de 100 salariés en défaillance a grimpé de 28 % par rapport à 2024. Du jamais vu depuis la crise de 2009 post-subprimes.
Or, ce sont les petites entreprises qui créent de l’emploi. La vie économique (et la loi) est faite pour les grandes entreprises qui sont… destructrices d’emplois. Bien-sûr, les grandes structures sont aussi donneuses d’ordre pour de nombreuses petites. Mais ce sont bien les petites entreprises qui contribuent le plus à l’emploi.
Les entreprises meurent pour beaucoup de raisons dont elles sont parfois responsables : mauvais positionnement, erreur de recrutements, mauvaise gestion et beaucoup d’autres écueils que connaissent bien les entrepreneurs.
Mais elles meurent aussi pour des causes indépendantes de leur volonté, comme par exemple, les lourdeurs administratives ou l’instabilité législative qu’elles subissent.
En fin d’année dernière, je vous ai parlé de Lormauto, une entreprise innovante qui recyclait et transformait des véhicules à moteur à essence en voitures citadines, ou en utilitaires, électriques.
Leur carnet de commande était plein, ils avaient conçu et homologué des véhicules, créé une plateforme complète d’électrification bon marché des véhicules existants. Ils étaient installés dans un écosystème de partenaires dans la mobilité électrique. Et ils avaient démontré que la souveraineté industrielle était possible, avec des déploiement régionaux.
Pourtant, hier, le tribunal de commerce de Caen a prononcé la liquidation judiciaire de Lormauto à la demande de ses dirigeants.
Pourquoi cet échec ? Pour des raisons de trésorerie causées par la “défaillance” du financeur public, Bpifrance, la Banque publique d’investissement. L’entreprise avait rassemblé des investisseurs privés et une subvention avait été notifiée. Mais “Bpifrance a retourné la situation lors de l'instruction du dossier. Pas de refus. Pas d’explication. Juste un silence organisé. Des critères mouvants, des délais absurdes… Et derrière ce mur : l’enterrement" explique l’ex-CEO Sébatien Rolo.
Le co-fondateur de Lormauto, Franck Lefevre, va même plus loin. Dans une petite note (PDF à télécharger), il détaille le fonctionnement opaque de Bpifrance et la manière dont Nicolas Dufourcq, son immuable directeur général depuis la création de la banque en 2012, a progressivement pris le monopole sur le financement de l’innovation en France.
Pour le sujet de Lormauto, l’industrie automobile, Franck avance une explication du revirement de la BPI. Le DG de la banque est également administrateur de… Stellantis, le groupe automobile français : “Nicolas Dufourcq a décidé que le gouvernement se trompait en voulant favoriser la production de petites voitures électriques en France. En tant qu’administrateur de Stellantis, il a donc œuvré pour que le prochain petit véhicule électrique que le constructeur « français » met à son catalogue (la Leapmotor T035) soit non seulement une voiture conçue et fabriquée en Chine, mais qu’elle soit en plus importée et « montée » en Pologne, dans « l'usine tournevis» de Tichy, selon le principe du SKD6, c'est-à-dire pré-assemblé en Chine de façon à ce que le dernier tour de vis soit fait en Europe pour conserver le bénéfice entier du bonus écologique, payé par les impôts des citoyens français”.
Rappelons que Bpifrance est le financeur public du plan de réindustrialisation. La banque l’explique sur son site web : “Pour impulser cette réindustrialisation, Bpifrance renforce son action sur l’intégralité des besoins des industriels pour faire émerger une industrie performante, innovante, décarbonée, et exportatrice, avec un plan Industrie de près de 40 Md€ entre 2025 et 2029”.
Vous avez saisi le problème ? ;-)
🤠 À propos de bureaucratie
Une délicieuse réponse du ministère de la Culture à une question d’un sénateur à propos du statut des correspondants de presse. Les correspondants sont des freelances et, à ce titre, ils ne sont pas des journalistes et n'ont donc droit à rien du tout, pas même le droit de signer leurs articles. Journalistes freelances, ils ne connaissent pas au ministère qui confond indépendant et esclave.
😎 Bureaucratie (bis)
France Travail a remplacé Pôle emploi. L’agence est maintenant dirigée par un jeune entrepreneur a la fibre sociale qui veut secouer la vieille maison. Mais certaines lourdeurs persistent.
👍 IA er RH
La 2e édition du MOOC IA et RH sera en ligne pour trois mois à partir du 2 juin : découvrez les secrets de l'IA générative pour transformer votre quotidien professionnel et celui de tous les collaborateurs de votre entreprise. Inscriptions (c'est toujours gratuit).
😱 Ça fait un petit peu peur
Vous vous souvenez de l’emballement mondial pour l’IA chinoise Deepseek ? Ce que le gouvernement chinois a testé avec cette annonce, c’est l’efficacité d’une de ses bombes médiatiques pour détruire n’importe quelle valeur occidentale. Ça pique.
🥶 C’est le progrès
La chaîne de magasins-entrepôts Sam's Club (Wallmart) abandonne le passage en caisse traditionnel. L'IA remplacera les caissières traditionnelles et les bornes de paiement en libre-service.
✊ Halte aux cadences infernales
Les salariés du cabinet de conseil EY & Associés ont demandé la réinstauration d’une limite du temps de travail à 48 heures par semaine. Une contestation menée majoritairement par les salariés de la génération Z. Apparemment, il ne s’agit pas d’un temps partiel.
😵💫 Rien que des dingues !
Une étude fait le point sur certains traits de personnalité propres aux patrons : certains de ces traits trahissent des personnalités psychopatiques qui séduisent les recruteurs ! Sachez les reconnaître.
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Vite dit
L’eau en bouteille, arnaque du siècle ? 🌀 IA : inversion de la charge de la preuve 🌀 58% des travailleurs britanniques refusent de revenir au bureau 5 j/semaine 🌀 BlackRock ordonne à ses DG de retourner au bureau 5 j/semaine.
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Vous pouvez aussi me retrouver sur Linkedin. J’y vais, parfois.
Merci, je lis chaque semaine avec intérêt votre news &, grâce à vous, je viens de découvrir Roland Gori ! :)
En revanche, je me permets ; j'ai un peu de mal avec l'emploi ultra fréquent (& parfois caricatural) du terme "schizophrène" qui, à mes yeux représente avant tout une maladie extrêmement lourde & encore très mal accompagnée ;)
Bravo encore pour cette dernière NL 👏. Je suis tellement déçu pour l’aventure de Lormauto.