"J'aime la bagnole". Pour aller au travail ?
La voiture assure 75% des déplacements domicile-travail. Un non-sens écologique que le passage à l'électrique ne résoudra pas, contrairement aux apparences. Des solutions alternatives ?
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Le lien entre le travail et la voiture est toujours fusionnel : en moyenne, 75% des déplacements domicile-travail quotidiens sont réalisés en automobile. Et, entre 8 et 10h du matin, 82% des automobilistes sont seuls dans leur véhicule !
Un usage qui varie entre les types de territoires. Dans les agglomérations, les transports en commun, le vélo et la marche entament le monopole de la voiture. “ Dès que l’on sort des « aires d’attraction des villes », en raison des distances accrues et de l’offre moins dense de transports en commun, 90 % des actifs utilisent leur voiture pour se rendre au travail” précise un article du Monde du début 2023 (voir le lien ci-dessous).
Selon le ministère de l’Écologie, au 1er janvier 2022, 38,7 millions de voitures sont en circulation en France. La part des voitures diesel thermique, à 55,2 %, diminue mais reste cependant majoritaire. Les motorisations électriques, hybrides rechargeables, bicarburation essence-GLP et hydrogène représentent au total 2,3 % du parc.
Or, selon Statista, en 2019, la voiture se situait au 1er rang pour l’émission de CO2 en France. Loin devant l’avion et le chauffage au fuel ou au gaz.
Logiquement, pour s’adapter à la lutte contre les émissions de CO2, l’industrie automobile française passe massivement aux motorisations électriques et hybrides. Elle s’est réveillée tard mais se rattrape : pas un tunnel de pub à la télévision sans plusieurs annonces pour des modèles concurrents. Avec des arguments d’émotion et de sensation aussi démodés que pour vendre des modèles thermiques.
Électrique ou thermique, le problème c’est la voiture
Revenons à notre sujet travail et automobile. Est-ce que l’électrification à marche forcée va résoudre nos problèmes et ceux de la planète. Pas certain, pour au moins quatre raisons.
Thermique ou électrique, la voiture pollue beaucoup. Certes, un moteur électrique produit moins de CO2 qu’un thermique, mais sa fabrication (extraction de métaux rares pour les batteries) comporte un coût écologique très élevé. À taille de véhicule égale, son empreinte écologique est même plus élevée que pour le thermique. Ce handicap environnemental s’atténue avec le kilométrage de la voiture, sauf pour les gros véhicules avec de grosses batteries.
Passer au tout électrique signifie aussi produire plus d’électricité. Même nucléaire, la production d’énergie coûte sur le plan environnemental. Plutôt qu’un coup de bonneteau qui consiste à remplacer une consommation de masse d’énergies fossiles par une autre “plus verte”, ne vaudrait-il pas mieux réfléchir à une baisse de la consommation ? En quoi des bouchons de voitures électriques seraient-ils acceptables que des bouchons old fashion ? Ils pompent tout aussi bien votre temps et votre énergie.
Les véhicules électriques sont chers. Pense-t-on que tous les propriétaires de voitures vont s’offrir des modèles électriques dont le prix moyen est de 35 000€ (petits modèles urbains) ? Ne faut-il pas réfléchir à la pertinence de la possession de sa voiture ? Lormauto, dont nous avons déjà parlé ici, a choisi un autre modèle: recyclage et usage. Sachant que le coût écologique de la voiture réside massivement dans sa fabrication, ils reconditionnent et électrifient des petits modèles de voitures thermiques, pour l’instant des Clio. Ils les louent ensuite à petit prix accessibles à tous.
Se servir de l’existant est moins polluant… et moins cher.Hors des villes, point de salut électrique. Sachant que sur 80% du territoire il n’existe pas de transports en commun, l’usage de la voiture pour se rendre au travail est obligatoire. Yakafokon trouve des dispositifs alternatifs de “mobilité douce”. Mais, en attendant des solutions sérieuses “en campagne”, comme on dit, vous avez déjà roulé 20 km à vélo sur une départementale, frôlé par les voitures et les semi-remorques filant à 90 km/h ?
Il paraît que nous autres humains n’aimons pas trop le changement. Rester, ou revenir, dans le monde d’avant nous convient assez bien. La voiture électrique est cette solution d’avant. Pif, paf, je construis une nouvelle usine, je remplace le moteur et je ne me pose surtout pas de questions. Business as usual.
Mais ces questions restent sur le tapis : coût environnemental colossal, étalement urbain, temps perdu en déplacements, pour ne citer que les plus importantes.
🟥 Aller plus loin
Qui pourrait se passer de sa voiture ? Six graphiques pour analyser nos trajets du quotidien, Le Monde
La voiture reste majoritaire pour les déplacements domicile-travail, même pour de courtes distances, Insee
Trajets en voiture : 82 % des automobilistes roulent seuls le matin, Le Point
Voiture électrique : la fausse solution à un vrai problème ?, L’Automobile magazine
Pourquoi la voiture électrique n'est pas la solution miracle pour se déplacer sans polluer, France Info
Et si l’écologie, c’était plutôt de rouler avec nos vieilles voitures ?, The Conversation
Lormauto, la fin des voitures jetables.
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Les propositions de communication doivent être envoyées avant le 20 novembre 2023 à chaire.tmap@sciencespo-rennes.fr
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Vite dit
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On reste dans le sujet du jour sur la mobilité et la bagnole. La compagnie qui gère l’équivalent de nos TER dans la région de Sao Paulo, au Brésil, joue sur les codes des pubs automobiles (en l’occurrence Bentley) pour nous vendre le train.
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À la semaine prochaine.