Inégalités femmes-hommes au travail : on en a encore pour un siècle?
En finir avec les inégalités de salaires femmes-hommes : une affaire de politiques d'entreprise, de société et de famille.
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“ Aujourd’hui, lundi 6 novembre, à partir de 11h25 les femmes commencent à travailler gratuitement jusqu’à la fin de l’année ”. Vous avez probablement entendu parler de ce calcul réalisé par la newsletter féministe les Glorieuses pour la huitième année. Elle a l’avantage d’attirer l’attention sur la persistance des inégalités femmes-hommes au travail.
Les femmes islandaises ont aussi attiré l’attention sur ce sujet par une grève, y compris la première ministre, Katrín Jakobsdóttir.
Et oui, la parité homme-femme est toujours loin d’être atteinte. En 2019, le Forum économique mondial estimait que la réalisation de cet objectif prendrait au moins un siècle !
Cette inégalité de traitement n’est pas anecdotique. L’Insee la chiffre précisément : dans le privé, le salaire des femmes est inférieur en moyenne de 24,4 % à celui des hommes (18 630 euros annuels pour les premières contre 24 640 euros pour les seconds).
Cette moyenne cache une autre réalité : les femmes sont quatre fois plus nombreuses que les hommes à travailler à temps partiel, choisi ou subi. En “salaire net à équivalent temps plein”, la différence est moins importante : les salaires des femmes restent 15 % inférieurs à ceux des hommes. L’Observatoire des inégalités inverse ce chiffre pour le présenter du point de vue des femmes : “Les hommes touchent 17 % de plus que les femmes”.
À poste comparable et à temps de travail égal, l'écart salarial se réduit encore pour atteindre 4,3 %.
D’autres inégalités sont plus sournoises, moins visibles, plus profondes. Comme elles ont souvent le plus petit salaire dans un couple, les femmes sont 96% à arrêter de travailler (ou prennent un emploi à temps partiel) pour s’occuper d’un enfant.
Selon une étude de France Stratégie, cinq ans après l’arrivée du premier enfant, le revenu d’activité des femmes est inférieur de 20% à celui qu’elles percevraient si elles n’avaient pas eu d’enfant. D’après une étude réalisée au Danemark, citée par France Stratégie, 80 % des écarts de revenus d’activité entre les hommes et femmes seraient attribuables à la naissance des enfants.
Claudia Goldin, professeure d'économie à Harvard, et récente récipendiaire du Prix Nobel d’économie, a justement travaillé toute sa vie sur la place des femmes dans la vie économique, et, plus précisément, sur les inégalités salariales femmes/hommes aux États-Unis.
Pour elle, c’est la structure même de l’emploi qu’il faut réformer pour changer la situation en profondeur. Pour y arriver, elle préconise d’introduire de la flexibilité dans le travail des femmes et des politiques d’entreprises plus favorables à la famille. Parmi les nombreuses mesures concrètes à mettre en oeuvre, dont certaines préconisées par Les Glorieuses, on peut en citer :
lutter contre le travail partiel contraint
conditionner au respect de l’égalité salariale l’accès des entreprises aux subventions publiques, aux incitations fiscales et aux marchés publics
créer un congé parental post-accouchement obligatoire et équivalent pour les parents
revaloriser les minima salariaux des métiers dits “féminisés”, ceux où les femmes sont les plus nombreuses.
On évitera ainsi de mettre un siècle pour créer un environnement de travail plus équitable pour les femmes, et par conséquence, plus juste pour leur salaire.
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🟥 Que sait-on du travail ? Ouvrage collectif, Presses de Sciences Po, Octobre 2023, 608 p., 22 €
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C’est la journée de mugs : nos amis de m-work, qui ont développé une application pour gérer le travail hybride, se sont créé le leur. Si vous êtes très gentils, ils vous expliqueront ce qu’ils font et vous pourrez même tester gratuitement leur outil (contact sur leur site). Je ne peux toutefois pas m’engager à leur place : peut-être leur reste-t-il des mugs ?
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