Ils quittent leur boulot, parfois en loucedé
On en sait un peu plus sur la Grande Démission et sa variante à la mode, le Quiet Quitting ou démission par inertie. Tendances de fond ou simple réajustement tectonique post-Covid. Là est la question.
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Cet été vous vous êtes reposés, je l’espère. Si c’est le cas, vous avez peut-être gardé un oeil sur l’actualité. Et vous n’aurez alors pas échappé à l’un des mots-chouchou de la presse (avec les “tracances”, à voir dans la vidéo à la fin de la newsletter) : le Quiet Quitting ou “démission tranquille“, action de quitter son boulot sans démissionner. Il serait le cousin invisible du Big Quit, la Grande Démission.
Longtemps, on a pensé que ce phénomène de démissions était réservé aux Etats-Unis. La preuve : sur les réseaux sociaux TikTok ou Reddit, les témoignages, parfois violents, étaient majoritairement américains. C’est d’ailleurs sur TikTok que l’expression Quiet Quitting est apparue en juillet dernier. Un “concept fumeux” pour certains, la “révolte des égoïstes“ qui peuvent se permettre de flemmarder, protégés par leur statut. Et, en plus, un concept qui a au moins deux siècles.
Puis on a appris que les personnels hospitaliers ou de la restauration quittaient leurs boulots en masse chez nous aussi.
Depuis, on en sait plus grâce à une étude de la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) : 523 000 personnes ont démissionné au premier trimestre 2022, dont 469 000 en CDI.
Une situation qui s’expliquerait par la bonne santé du marché de l’emploi. En effet, selon la note de la Dares, l’explosion de démissions n’aurait pas fait croître le chômage et 80% des démissionnaires en CDI au 2e trimestre 2021 ont retrouvé du travail en six mois.
Avant de se faire peur, il faut souligner deux points relevé par la Dares :
le taux de démission est élevé mais pas inédit. “Avec 2,1 %, il est inférieur à celui observé au début des années 2000 (2,3 % au 1er trimestre 2001) ”.
le haut niveau du taux de démission est à mettre en regard avec les difficultés de recrutement. Comme il est difficile de recruter, les salariés démissionnent plus facilement car ils pensent trouver facilement un poste avec un meilleur salaire. Une situation favorable aux salariés qui pourrait mener à une augmentation des salaires.
Que penser de la Grande Démission ?
Le Big Quit, symptôme d’une entreprise qui maltraite ses salariés, qui ne leur offre que des bullshit jobs vides de sens dans lesquels ils s’ennuient ? Non et oui.
Non, parce que la première motivation du départ serait… le salaire, pour 91% des démissionnaires. S’ennuyer est moins grave avec un salaire plus élevé.
Oui, parce que la Covid a ouvert les yeux de nombreux salariés. Les changements de vie, les déménagements, les reconversions, l’infidélité des jeunes à leur employeur, l’autonomisation des salariés grâce l’entrepreneuriat ne sont plus marginaux.
Ce serait donc une erreur de croire que les salariés rentreront dans le rang à la première tension du marché de l’emploi. Les employeurs, publics et privés, doivent accepter les demandes sociétales révélés par la Covid. Ils doivent comprendre qu’un mauvais management (et un mauvais salaire) ou un cadre de travail toxique pousseront toujours leurs salariés au désengagement.
PS : et le Quiet Firing, vous connaissez ?
🟥 Creuser le sujet
La France vit-elle une Grande Démission, Dares, 18 août 2022 (PDF)
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Je vous parlais plus haut de “tracances”, un des buzz word de l’été. Un petit reportage de France 2 vous l’expliquera un peu mieux. En gros, ce sont des salariés qui travaillent comme des freelances. Comme disait Marx (Karl, pas Groucho), “À bas le salariat” ;-)
Et voilà, c’est fini pour cette semaine.
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