À la recherche du temps perdu

Nous avons le regard pointé sur les horaires de travail. Mais les maîtres du travail ne sont pas les horloges. Si la productivité se libère du lieu, elle doit aussi se libérer du temps.

Photo de Mick Haupt

J’ai lu dans la presse cette information : “Depuis son retour à la Maison-Blanche, Trump a passé près d’un tiers de son temps à jouer au golf” ! Il serait le président américain qui travaille le moins depuis Roosevelt.

Comme je préparais cet édito sur le temps de travail, j’ai creusé le sujet. Comment l’un des hommes les plus puissants de la planète pouvait-il concilier sa charge présidentielle avec un temps de travail (6h/jour) de nature à faire rêver un vieil obsédé des 35 h ?

Donald Trump traîne cette réputation depuis son premier mandat. Selon une information du site Axios, le président passait déjà, à l’époque, 60% de son temps à ce qu’il appelait l’Executive Time : “Il regarde la télévision, lit les journaux ou surfe sur Twitter”.

Cela confirme une interview de l’ancien ambassadeur de France à Washington, Gérard Araud, que j’avais vue : “Donald Trump ne s’intéresse à rien et ne travaille pas ses dossiers. Il se fie à son instinct”.

Je ne sais pas si Donald Trump est un gros feignant ou un manager super bien organisé. Ou un mélange des deux. En tout cas, il a réussi à entrer deux fois à la Maison Blanche.

Plus l’entreprise est grande, moins le dirigeant a besoin de travailler. Entendez : moins il a besoin de rester devant son bureau penché sur des dossiers. Il existe différents types de managers et diverses formes d’organisation.

En réalité ce qui compte, c’est l’adéquation du travail avec la fonction. La mission du dirigeant est de veiller au respect des procédures, de réfléchir à la stratégie et de rencontrer des gens, pour différentes raisons. La pratique du golf n’est pas antinomique avec ce travail : on peut profiter d’un parcours pour discuter au calme, ou pour réfléchir.

Ce n’est pas la quantité de temps de travail qui compte, c’est sa densité.

Cela peut nous paraître étrange tant nous sommes focalisés sur la durée de travail. C’est d’autant plus saugrenu, que les patrons de TPE ou les indépendants, dépassent très largement les 35h par semaine. Un ancien sondage d’American Express Small Business pointait déjà cette charge de travail : “Ils travaillent en effet 9h40 par jour en moyenne et plus d'un quart d'entre eux dépassent les dix heures quotidiennes. Près de la moitié d'entre eux (42%), consacre six jours sur sept à son activité et ils sont 20% à ne faire aucun break durant la semaine”.

Bien sûr, l’idéal, dans les petites structures, serait de pouvoir s’organiser pour prendre, comme dans les grandes, de la distance par rapport à l’opérationnel. Sortir “le nez du guidon”. La recette est de déléguer, ce qui n’est pas toujours possible, par manque de personnel ou par manque de savoir-faire.

On l’observe dans tous les types d’activités : il existe autant de tempéraments et de modes d’organisation que de dirigeants et de managers. C’est vrai également pour les salariés qui ne sont pas des robots aux comportements, et aux rendements identiques dans le travail.

Pourquoi alors imposer des temps de travail standardisés, les mêmes pour tous ? C’est une question importante. Peut-être avez-vous des réponses ?

Il faut s’en rendre compte : ce qui est important pour chacun de nous, c’est notre temps. C’est notre richesse personnelle. Il est limité. Et quand il est perdu, c’est pour toujours.

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Vite dit

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defend.intelligence

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